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Conditions de travail : les différences hommes-femmes face aux risques professionnels

mercredi 8 mars 2023

Une étude récente de la DARES, le service statistique du ministère du Travail, met en exergue les différences entre les hommes et les femmes en matière de conditions de travail suivant les métiers. Pour résumer sommairement : les hommes sont plus souvent soumis à des contraintes physiques tandis que les femmes subissent plus souvent des contraintes psychosociales.

Une répartition entre métiers féminins, masculins et mixtes

L’étude a classé les salariés en cinq groupes métiers pour analyser les différences de conditions de travail de chacun :

  • Les métiers féminisés de service dans lesquels on trouve les métiers de soins, l’enseignement, le commerce, le nettoyage, etc. Ces métiers représentent 25 % des salariés. La proportion de femmes est de 77 %.
  • Les métiers féminisés de bureau. Ce sont les professions intermédiaires et employés de bureau (techniciens des services administratifs, comptables et financiers, catégories B et C de la fonction publique, secrétaires, etc.), mais aussi des employés des services aux particuliers (assistants maternels et employés de maison), des ouvriers qualifiés du textile et du cuir… Ils représentent 16 % des salariés et la proportion de femmes est en moyenne de 81 %.
  • Les métiers masculinisés ouvriers que l’on trouve dans l’industrie en général. Ils représentent 18 % des salariés et sont peu féminisés (14 % de femmes).
  • Les métiers masculinisés non ouvriers regroupent les cadres, les employés, les professions intermédiaires et ingénieurs de l’informatique et de l’industrie, les techniciens, agents de maîtrise de la maintenance et les agents de gardiennage. Ils représentent près de 20 % des salariés et la proportion de femmes est de 20 %.
  • Les métiers mixtes qui regroupent 21 % des salariés et dont la répartition est pratiquement égale entre les hommes et les femmes (50/50). Cette classe contient les cadres des services administratifs, comptables et financiers, les attachés commerciaux, les représentants et les catégories A de la fonction publique. 70 % de ces salariés sont cadres ou font partie des professions intermédiaires.

À quels risques sont exposés les différents groupes de métiers ?

Les métiers féminisés de services subissent de multiples contraintes en matière de conditions de travail : des organisations du travail contraignantes, peu de souplesse dans les horaires de travail ou peu de possibilité de s’absenter en cas d’imprévu, peu d’autonomie, un travail pénible physiquement avec dans certains métiers le port de charges lourdes, des conflits de valeurs, un manque de formations, du temps insuffisant pour accomplir leur travail, un travail mal ou très mal rémunéré avec peu de perspectives d’évolution de carrière. Ces salariés ou plutôt ces salariées subissent dans certains métiers des contraintes émotionnelles qui peuvent être fortes.

Au contraire les métiers féminisés de bureau ont moins de contraintes. Les salariés et donc plutôt les salariées de ces secteurs rencontrent une faible exposition aux contraintes d’organisation du travail avec peu de changements, des horaires prévisibles et peu d’horaires atypiques, qui s’harmonisent mieux avec les contraintes familiales. Le temps de travail y est aussi plus court. Les salariés disposent d’une relative autonomie. Ils rencontrent moins de conflits de valeurs, ont globalement moins de charge émotionnelle et de conflits de valeurs.

Les métiers masculinisés ouvriers sont eux confrontés à des fortes expositions aux risques physiques. Ces métiers nécessitent des mouvements douloureux et fatigants, obligent au port de charges lourdes et au contact avec des matières dangereuses, des fumées ou des poussières. Le travail est souvent intense réclamant de la minutie et de la concentration. Les salariés ne bénéficient que de peu d’autonomie (rythme et horaires contraints, consignes strictes). Ces métiers n’exigent que peu de contraintes émotionnelles et les salariés ne sont que peu confrontés à des conflits de valeurs.

Les salariés des métiers masculinisés non ouvriers ne rencontrent que peu de contraintes physiques et bénéficient d’une forte autonomie dans leur travail. Toutefois, le travail est plus intense avec des changements fréquents et rapides de tâches. Les salariés sont soumis à des objectifs à tenir pas toujours réalisables.

Enfin, les salariés des métiers mixtes sont peu exposés aux contraintes physiques et au manque de reconnaissance et de soutien. Ils sont moyennement confrontés aux conflits de valeurs et à l’instabilité de leur poste. Globalement, leur profil est proche du groupe précédent même s’ils sont plus souvent, dans certains métiers, confrontés aux exigences émotionnelles. S’ils ont peu de contraintes d’organisation du travail, ils connaissent toutefois de longues semaines de travail avec des heures supplémentaires et, parfois, travaillent les week-end.

Une répartition sexuée des risques

On le voit, il existe donc une répartition très sexuée des risques entre les différents groupes de métiers mais aussi parfois à l’intérieur des groupes de métiers et des métiers eux-mêmes.

Les hommes sont les plus confrontés aux risques physiques. Ils doivent faire face plus que les femmes aux contraintes organisationnelles : temps de travail élevé, disponibilité hors du temps de travail, horaires décalés et un travail plus intense avec des contraintes de rythme.

Hommes et femmes partagent les mêmes risques face aux produits dangereux et aux accidents de trajet.

Mais les femmes cumulent les contraintes professionnelles. Elles manquent d’autonomie. Elles doivent faire face plus souvent à des conflits de valeur. Elles rencontrent le plus souvent des exigences émotionnelles dans l’exercice de leur mission. Elles manquent de soutien et de reconnaissance. Elles travaillent plus souvent le week-end et connaissent des horaires rigides. Elles sont plus fragiles face à l’instabilité de l’emploi.

En règle générale, les femmes sont plus exposées aux risques psychosociaux par leur présence plus importante dans les métiers exposés à ces risques mais aussi dans les métiers masculinisés ouvriers et mixtes. En revanche, dans les métiers féminisés de bureau, ce sont plus les hommes qui y sont plus confrontés.

Ce tour d’horizon des risques professionnels en fonction du sexe montre encore un peu plus les inégalités qui existent entre les hommes et les femmes. Chacun ses risques, mais les femmes semblent plus cumuler les handicaps que les hommes. Cette étude utile est une pierre de plus amenée à la nécessaire réflexion d’ensemble qui doit s’engager dans la société sur la question essentielle du travail.


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