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Les clés du social : Peu d'évolution du travail de nuit et du dimanche sur 10 ans

Peu d’évolution du travail de nuit et du dimanche sur 10 ans

Publié le 6 août 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

Depuis 2013, le travail de nuit a peu évolué chez les salariés et concerne un peu plus de 10 % des travailleurs. C’est aussi le cas du travail du dimanche qui a concerné un peu plus d’un salarié sur 5 alors qu’il a nettement diminué chez les indépendants. C’est en résumé ce que l’on peut retenir de deux publications de la DARES (service statistique du ministère du Travail). Cet article revient un peu plus en détail sur ces évolutions et sur les personnes concernées.

Contraintes statistiques

Les séries statistiques du ministère du Travail remontent en fait à 1993 mais font l’objet de ruptures plus ou moins importantes en fonction des enquêtes utilisées par la DARES et avec des questions qui ont évolué dans le temps rendant plus difficiles les interprétations. C’est pourquoi nous n’avons retenu que la période 2013-2024 qui semble assez cohérente pour les comparaisons. Celles-ci ne retiennent pour évaluer le travail de nuit et du dimanche que les données de l’année.

Le travail de nuit

En 2024, La DARES a donc recensé 3 114 745 actifs qui travaillent de nuit soit 10,9 % des travailleurs (salariés et indépendants). C’est un peu moins qu’en 2023 (11,1 %), un peu plus que durant la période COVID (2020-2022) et un peu moins que la période avant COVID. Mais sur cette période de 11 ans, les taux n’ont varié que de 10,9 à 11,9 par an. Donc, finalement le nombre de personnes concernées par le travail de nuit est resté assez stable.

En 2024, comme les autres années de la période, un gros tiers des travailleurs de nuit le sont habituellement.

Le travail de nuit concerne plus les indépendants que les salariés (12,2 % contre 10,6 %), et plus de deux fois plus les hommes que les femmes (14,5 % contre 7,0 %). Le nombre de travailleurs concernés augmente suivant l’âge jusqu’à 50 ans et diminue ensuite. Ainsi les 40-49 ans sont 11,9 % à travailler de nuit contre 9,5 % des 50 ans et plus.

C’est d’abord chez les agriculteurs que l’on travaille le plus la nuit (22,0 %). Viennent ensuite les ouvriers (15,1 %) et les artisans-commerçants-chefs d’entreprise (11,2 %). Les autres catégories sont en dessous de 10 %. Chez les salariés, ce sont les intérimaires qui travaillent le plus de nuit (17,3 %).

Par secteur, en cohérence avec les chiffres ci-dessus, c’est donc dans l’agriculture (16 %) et l’industrie (16 %) que l’on travaille le plus la nuit. Certains secteurs et professions sont aussi particulièrement concernés : la sécurité des personnes et des biens (40,1 %) ; la permanence des services médicaux et médico-sociaux (16,3 %) ; les services de continuité sociale (12 %). On travaille évidemment beaucoup de nuit (25,5 %) dans les hôpitaux.

Le travail du dimanche

24,2 % des actifs ont travaillé au moins un dimanche sur une période de 4 semaines consécutives en 2024. Cela représente un peu plus de 7 millions de personnes, dont un peu plus des deux tiers le font habituellement. Le pourcentage de travailleurs concernés progresse de 1 point par rapport à 2023 et de 1,4 par rapport à 2020. Mais il est inférieur à la période précédant le COVID (entre 24,9 et 25,2 % entre 2014 et 2019).

Les indépendants sont plus nombreux à travailler le dimanche (39,8 %) que les salariés (12,3 %). Toutefois sur la période de 2013 à 2024, si la proportion de salariés concernés a peu évolué, celle des indépendants a nettement diminué (-8 pts par rapport à 2014).

Peu de différences entre les femmes et les hommes avec respectivement 24,2 % et 24,1 % mais les femmes travaillent plus souvent au moins deux dimanches par mois que les hommes (15,8 % contre 15,1 %). Ce sont les jeunes (15-29 ans) qui travaillent plus souvent le dimanche (25,1 %), un gros point de plus que les autres tranches d’âge.

Les agriculteurs sont plus des trois quarts à travailler le dimanche dont, parmi ceux-ci, près de 9 sur 10 habituellement. Viennent ensuite les artisans, commerçants, chefs d’entreprise (34,3 %) et les employés (29,7 %). Dans le privé et les collectivités locales on travaille moins le dimanche (18,4 % ; 16,8 %) que dans la fonction publique d’État (36,7 %) et les hôpitaux publics (56,2 %).

Comme pour le travail de nuit ce sont dans les secteurs de sécurité des personnes et des biens que l’on travaille le plus le dimanche (56,6 %), dans l’hôtellerie-restauration (54,6 %) de même que dans la permanence des services de santé et médico-sociaux (46,1 %) ou encore dans la continuité de la vie sociale (32,4 %). Notons que près de la moitié des enseignants (49,2 %) travaillent le dimanche.



On le voit, le travail de nuit et du dimanche concerne de nombreux salariés, parfois les mêmes. Ce sont des contraintes professionnelles qui ne sont pas sans conséquences à la fois sur la santé des travailleurs et souvent leur vie sociale. On notera que ce sont aussi souvent des travailleurs qui se sont situés en première ou deuxième ligne durant la crise du covid et qui, pour un certain nombre de salariés de deuxième ligne, attendent toujours une reconnaissance à la hauteur de leur engagement.


Sources