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Baisse du nombre de salariés détachés depuis le covid

samedi 12 novembre 2022

La liberté de circulation à l’intérieur de l’Union européenne s’applique aussi, on le sait, aux travailleurs. Ainsi, depuis 25 ans, les travailleurs détachés ont vu le jour et se sont multipliés. Face aux risques de dumping social, l’Union européenne a adopté des directives, dont la dernière en 2018, et la France les a transposées : la dernière transposition s’applique depuis le 30 juillet 2020. Mais 2020 est l’année de la pandémie et a touché les déplacements de travailleurs. Comment cela a-t-il évolué ensuite ? C’est ce que permet de voir une étude de la Dares récemment parue.

57 500 emplois en 2021

Il y a eu en 2021 200 000 travailleurs détachés qui sont venus travailler quelques temps en France, en 615 000 détachements (hors transports routiers), représentant l’équivalent de 57 500 emplois.

Ce sont essentiellement des hommes (95 %), 56 % ont entre 35 et 54 ans, et ils passent, en un ou plusieurs séjours, une moyenne de 100 jours dans notre pays. Les ¾ sont de l’UE (73 %), avec en priorité des Portugais (14 %), des Roumains (10 %) et des Polonais (10 %).

Que font-ils comme travail en France ?

Secteurs % des travailleurs détachés Évolution 2021/2019 Part de l’emploi du secteur
Construction 45 % +34 % 1,5 %
Industrie 28 % -35 % 0,5 %
Services marchands 19 % -26 % 0,1 %
Agriculture 8 % -32 % 1,5 %



La construction est leur plus grand secteur d’emplois, soit 25 900, en forte augmentation (+11 points entre 2019 et 2021). Ils exécutent surtout des travaux spécialisés, des travaux spéciaux, de beaucoup de corps d’état. Ce sont eux qui passent le plus grand nombre de jours de détachement, 125 jours en moyenne.

Vient ensuite l’industrie avec 16 250 emplois, mais en forte baisse sur 2 ans, notamment parce que la crise du covid a entrainé une baisse dans la fabrication de matériel de transport, en particulier dans les chantiers navals de Loire atlantique. Les détachés industriels ne passent, eux, en moyenne que 85 jours en France.

La part des services marchands a aussi baissé à partir du covid, à 10 800, parce que certains secteurs ont été touchés, comme l’hébergement et la restauration. Ces détachés du tertiaire sont en moyenne présents 74 jours dans l’année.

Enfin, dans l’agriculture, le nombre de travailleurs détachés est plus modeste, avec 4 500 emplois, même s’ils représentent une part d’emplois du secteur équivalente à celle dans la construction (1,5 %), et elle a beaucoup baissé, tout en ayant connu un pic au 3ème trimestre 2021 pour les vendanges et la récolte des fruits, surtout en PACA.

Une nette baisse en 2 ans

AnnéesNombre de détachements Nombre de personnes Nombre d’emplois
2021 615 000 200 100 57 500
2020 625 700 195 900 58 000
2019 699 500 249 300 72 600



On voit ainsi que la baisse a commencé avec le début de la pandémie, faisant passer le taux des emplois des travailleurs détachés de 0,4 à 0,3 % des emplois non détachés, mais aussi que, malgré la forte reprise économique de 2021, le nombre de travailleurs détachés n’a pas réaugmenté.

Donc, si le covid est bien une explication de la chute, et même si certains secteurs n’ont pas encore retrouvé leur niveau antérieur en 2021, cela seul n’explique pas tout. Les nouvelles réglementations européenne et française, exigeant des déclarations claires et l’égalité de traitement entre travailleurs du pays et travailleurs détachés, jouent certainement un rôle non négligeable. De même qu’une lutte renforcée contre la fraude par l’administration française. Là où reste l’intérêt de travailler avec des travailleurs détachés c’est quand on a besoin de compétences qu’on ne trouve pas ou pas en assez grand nombre en France.


Source

Déjà paru dans Clés du social