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Les clés du social : Métiers en tension : ce que dit l'arrêté

Métiers en tension : ce que dit l’arrêté

Publié le 19 juillet 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

L’arrêté fixant la liste des métiers et zones géographiques qui connaissent des difficultés de recrutement, dite « liste des métiers en tension » a été publié le 22 mai 2025. Cette liste permettra aux entreprises rencontrant des difficultés de recrutement d’engager des travailleurs étrangers hors de l’Union européenne. Pour les étrangers en situation irrégulière mais qui travaillent déjà, l’arrêté leur permettra de demander une régularisation en préfecture sans l’accord de leur employeur.

L’élaboration de la liste

Une première liste des métiers en tension avait été établie en 2021 et actualisée en mars 2024. Et, tout comme en 2021 et 2024, la liste est établie par région. La méthodologie est, elle, légèrement différente par rapport à celle de 2021. Elle s’appuie bien sûr sur le critère de tension de recrutement, mais aussi sur un critère de présence significative des travailleurs étrangers non communautaires par rapport à la moyenne nationale.

Les partenaires sociaux ont été consultés dans le cadre de consultations régionales suivies d’une consultation nationale des organisations représentatives interprofessionnelles des salariés et des employeurs. Enfin, comme les besoins évoluent au fil du temps, les ministres concernées ont indiqué que la liste a vocation à être révisée annuellement.

Les deux objectifs de l’arrêté

  • Pour les métiers de cette liste, les entreprises pourront recruter des travailleurs étrangers hors UE sur des métiers en tension sans avoir l’obligation de déposer préalablement une offre d’emploi, ce qui permettra d’accélérer significativement la procédure de recrutement. Comme chaque région possède un certain nombre de métiers qui rencontrent des difficultés de recrutement et qu’elles sont différentes, les listes sont régionales.
  • Le deuxième objectif est issu de la loi « Immigration » du 26 janvier 2024. Cette liste devient également un outil d’application du nouveau motif d’admission exceptionnelle au séjour (AES). Il permet la délivrance préfectorale d’un titre de séjour temporaire pour les personnes en situation irrégulière. Les salariés concernés pourront désormais demander une régularisation à titre personnel sans l’accord de leur employeur.
    Cette admission est soumise à des conditions de durée de résidence et d’activité et à l’exercice d’un métier en tension. Le salarié devra justifier d’au moins 12 mois d’expérience professionnelle dans ce métier, consécutifs ou non, au cours des 24 derniers mois avant de faire une demande de régularisation. Pour toute demande réalisée depuis le 22 mai 2025, ce métier doit figurer sur la liste de 2025. Le préfet dispose d’un pouvoir discrétionnaire sur la délivrance du titre.

Les évolutions par rapport à 2024

Si l’on compare les deux arrêtés par secteur, des différences apparaissent. La liste des métiers en tension a été largement modifiée et ce sont surtout les métiers plus qualifiés qui ont été supprimés, au profit de métiers moins qualifiés. Plusieurs secteurs ont été ajoutés, tels que la restauration, l’hôtellerie, l’aide à domicile et le ménage, l’artisanat, l’agro-alimentaire et les métiers non qualifiés du bâtiment et travaux publics (BTP) et de l’industrie. D’autres secteurs ont été très réduits, notamment les banques et assurances, l’automobile, les télécommunications, la mécanique et certains métiers plus qualifiés du BTP et de l’industrie. Le secteur des soins a été réduit aux aides-soignants et infirmiers.

Des différences régionales

Le nombre et la nature des métiers sont variables selon les régions, à titre d’exemple : Auvergne-Rhône-Alpes (37 métiers), Bourgogne-Franche-Comté (30), Bretagne (23), Centre-Val de Loire (32) …
Si l’on regarde plus précisément, il n’y a pas ou peu de métiers de la restauration en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, peu de métiers non qualifiés dans le BTP en Ile-de-France et aucun métier du soin en Bretagne, en Centre-Val de Loire ou en Corse. Les métiers industriels n’ont pas été intégrés en Corse et dans le Grand Est.

Conclusion

La CGT a dénoncé vigoureusement les listes régionales des métiers en tension définies par l’arrêté et où elle voit la main du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. La CFDT n’est pas satisfaite des modalités de reconnaissance des travailleurs sans papiers. Enfin, sans surprise, la ministre chargée du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, estime que cette liste « prend en compte les besoins et les difficultés de recrutement que rencontrent les entreprises. Dans une approche équilibrée, elle articule les exigences du marché du travail, les réalités humaines et les priorités économiques du pays ».


Source

  • Arrêté du 21 mai 2025 fixant la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés de recrutement en application de l’article L. 414-13 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile :
     https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000051643488