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Jeunes et emploi

jeudi 27 janvier 2011

Le Chômage des jeunes : « Peut-on parler de « génération sacrifiée » ? Par Emmanuel Sulzer du Cereq

« Les études du Céreq offrent une vision complète du processus d’insertion des sortants du système éducatif. Elles s’appuient en effet sur des enquêtes réalisées auprès de 30 000 jeunes sur les 700 000 dans ce cas une année donnée. Ce regard porté sur les conditions d’insertion d’une génération complète de jeunes montre qu’il n’y a pas un problème, mais des problèmes d’insertion des jeunes qui appellent des réponses spécifiques. La qualité de l’insertion varie notamment selon le niveau d’étude, la région et le lieu de résidence, le genre, ou encore le réseau social d’appartenance. Les « sans diplômes » restent les vrais sacrifiés face à l’emploi et à la conjoncture

Si l’on prend en compte tous les sortants en 2007 du système scolaire interrogés, soit trois ans après leur sortie :

  1. 60 % environ connaissent un parcours d’accès rapide et durable à l’emploi ;
  2. 16 % se stabiliseront dans un emploi, mais plus tardivement ;
  3. en revanche, un quart des jeunes va connaître un parcours d’insertion plus difficile, marqué par une inactivité prolongée, le retour en formation ou le chômage, qui peut survenir même à l’issue d’une première expérience d’emploi.

Il s’agit d’une population particulière, celles des jeunes sans diplôme. Sortir sans qualification (échec au CAP ou au bac par exemple) demeure, encore et toujours, le facteur le plus déterminant des difficultés d’accès à l’emploi. Cette population connaît des difficultés durables. Elles sont souvent aggravées par d’autres facteurs : être une femme, être issu d’une formation tertiaire, ou issu de l’immigration ou encore d’un quartier classé en ZUS (Zone urbaine sensible) … Pour les jeunes diplômés du supérieur, ces difficultés existent. Mais elles restent temporaires dans la grande majorité des cas.

En analysant le processus d’insertion des jeunes sur trois ans, les enquêtes permettent de relativiser le constat abrupt d’une dégradation irrémédiable des conditions d’insertion.

D’abord, l’emploi des jeunes sur-réagit à la conjoncture. Il n’est donc pas surprenant que la crise touche en priorité cette population. Ensuite, les premiers mois de la vie active ne permettent pas d’anticiper la suite du parcours d’insertion. Depuis trente ans, la France applique une flexibilité générationnelle en faisant des jeunes (et des seniors) les variables d’ajustement de l’emploi en entreprise. Il n’est donc pas étonnant qu’en période de crise économique, les jeunes entrants sur le marché du travail restent en dehors de l’emploi.

Enfin, les premiers emplois occupés par les jeunes sont très massivement des CDD (sept cas sur dix). Mais cette entrée sur le marché du travail avec un statut précaire permet néanmoins une insertion plus rapide. Le premier emploi est en général trouvé en deux mois. Ensuite, le taux de CDI augmente très régulièrement avec le temps. Deux tiers des jeunes sont concernés après trois ans de vie active.

L’insertion des jeunes reste donc difficile, mais peut-être pas autant que l’on s’accorde à le penser, ou du moins pas pour tous. »

Précision
Le taux de chômage des jeunes doit être interprété avec précaution. Il correspond en effet à la proportion de chômeurs parmi les jeunes actifs, c’est-à-dire disposant d’un emploi ou en recherchant un. La proportion de chômeurs parmi la classe d’âge allant de 15 à 24 ans est de 8,4%, non de 23%.