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Où en est la Grèce ?

samedi 14 février 2015

Quelques données essentielles sur la Grèce.

Au moment où les choix politiques de la Grèce font l’actualité, il est utile de connaître un minimum ce pays et sa situation depuis la crise.

Population
2008 11,2 millions d’habitants
2012 11,1 millions d’habitants
taux de fécondité 1,34 enfant par femme

La population grecque se trouve ainsi au niveau de la Tchéquie ou de la Tunisie, un peu plus peuplée que la Suède ou la Hongrie.

À noter le taux très bas de fécondité, qui manifeste un manque de confiance dans la situation du pays, la faiblesse des prestations familiales (99 € d’allocations par an en 2013) et la moindre acceptation de la monoparentalité et des naissances hors mariage.


Emploi et chômage

Taux d’emploi de la population d’âge actif, 3ème trimestre 2014
Grèce 49,7 %
Moyenne OCDE 65,7 %


On voit que le taux d’activité est bas, de même que le taux d’emploi féminin (40 %), ne serait-ce que parce que la politique de prestations familiales est très limitée. Et, depuis la crise, l’explosion du taux de chômage dissuade de rechercher un emploi…

Taux de chômage
2008 : 7,75 %
2013 : 27,5 %
Taux de chômage de longue durée
Grèce 2008 : 47,5 %
Grèce 2013 : 67,5 %
OCDE 2013 : 35,3 %
Taux de chômage des jeunes
2008 : 21 %
2013 : 59,4 %
2014 : 50,6 % (en juillet)


En effet, le taux de chômage est le plus lourd des pays européens, et a presque quadruplé pendant la crise. Être chômeur veut dire, pour 2 personnes sur 3, devenir un chômeur de longue ou très longue durée. C’est le problème le plus grave de la population grecque.

De plus, cela touche les jeunes de façon encore plus profonde : près de 3 jeunes sur 5 sont au chômage. Un jeune sur trois de 15 à 24 ans n’est ni scolarisé, ni en formation professionnelle, ni en emploi. Une jeunesse désabusée et sans espoir. Aussi, nombreux sont ceux qui s’expatrient.

Jeunes déscolarisés et sans emploi
2008 17 %
2013 33 %


Niveau de vie des Grecs

Évolution du revenu disponible des ménages (**)
2007 : + 7,35 %
2012 : - 10,22 %
Dettes des ménages 2012
Grèce : 110 % du PIB
OCDE : de 38 % en Lituanie à 311 % aux Pays-Bas en 2012, selon les pays
Santé
« On estime à 40% le nombre de Grecs qui n’a plus de couverture maladie » (George Vichas, cardiologue, fondateur du centre médical et social gratuit d’Ellinikon)


Alors que la Grèce connaissait une évolution positive du revenu des ménages dans les premières années 2000, la situation s’est inversée dès 2008 et la chute est devenue très forte depuis 2010 avec – 10 % par an sur ces trois années.

Salaires et pensions ont été baissés, de 7 à 55 % pour les fonctionnaires par la création d’une grille unique de rémunérations et par une disparition des 13ème et 14ème mois et de nombreuses primes, de même que le salaire minimum dans le privé abaissé de 751,39 € en 2009 à 586,08 € en 2012 et 489,38 € pour les jeunes de moins de 25 ans. Les retraites ont perdu en moyenne 40 % depuis 2010. Les indemnités des chômeurs sont tombées à 350 € en moyenne.

De plus, comme l’assurance maladie est en Grèce liée à l’emploi, de nombreux Grecs se retrouvent sans couverture maladie. Le budget alloué à la santé est tombé de 10,03 % du PIB en 2009 à 9,16 % d’un PIB en chute libre en 2012. On a fermé des hôpitaux et près de 10 000 lits d’hôpital. Aussi, des centres de soins gratuits ont dû être créés par des volontaires et des ONG pour assurer un minimum à la population pauvre.

La pauvreté a explosé, concernant 23,7 % de la population l’an dernier, en augmentation d’1/3 depuis la crise, de même que le surendettement.

Niveau de formation

Niveau de formation des adultes (*)
2008 : 23,4 %
2013 : 27,4 %
Moyenne OCDE 2013 : 33,2 %
Diplômés de l’enseignement supérieur
2008 : 28 %
2013 : 37 %


D’après l’enquête Pisa 2012 de l’OCDE, les résultats des enfants grecs sont plutôt faibles tant à l’écrit qu’en mathématiques ou qu’en sciences. Pourtant, Les dépenses de l’éducation ont diminué de 28 % entre 2008 et 2013 et on a fermé des départements entiers de l’enseignement technique.

Depuis la crise, un plus grand nombre de jeunes va vers l’enseignement supérieur et y obtient un diplôme : volonté de progression, recherche d’un atout pour l’emploi, manière de repousser l’âge de recherche du premier emploi…

Dépenses sociales

Dépenses sociales 2011
Grèce : 23,7 % du PIB
OCDE : 21,75 %
France : 31,3 %
Dépenses publiques de chômage 2011
Grèce : 1,1 % du PIB (0,5 % en 2008)
France : 1,6 %
OCDE : 1 %
Dépenses de retraite 2009
Grèce : 13 % du PIB
OCDE : 7,8 %
France : 13,7 %


La part des dépenses sociales dans le budget grec est importante, au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE, mais en-dessous de la France. C’est le cas notamment des dépenses de chômage qui, même pour de faibles allocations, a doublé par la multiplication du nombre de chômeurs. L’arrivée de nouveaux retraités a monté le poids des retraites dans le PIB jusqu’en 2009, stabilisé depuis malgré la baisse du PIB.

Croissance du PIB et crise

2007 +4,20
2008 +3,70
2009 -2,00
2010 -4,50
2011 -7,10
2012 -7,00
2013 -3,90
2014 +0,60
prévision 2015 +2,90


(cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Ces statistiques sont claires pour montrer l’importance de la chute du PIB et donc la récession depuis les années de crise. L’appareil économique était déjà en situation de retard face à l’évolution des techniques, des activités de production et des marchés. Or la productivité a baissé de près de 9 % en 10 ans. L’économie est exsangue.

L’importance de la dette, les mesures imposées pour assainir le pays, la multiplication du chômage, la baisse des salaires et des retraites, au final la chute du niveau de vie et la baisse de la consommation, tout a concouru à entraîner une forte baisse du PIB, qui ne retrouve un peu de croissance qu’en 2014.

PIB par habitant
2008 27 350 € (30 872 $)
2013 22 670 € (25 586 $)


(cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Source : Natixis
Cette chute se retrouve bien sûr dans l’appauvrissement du PIB par habitant.

Évolution de la donne financière
Dette publique : 2012
Grèce : 164 % du PIB et 177 % en 2014
OCDE : de 13 à 250 % du PIB en 2012
Impôt sur le revenu 2012
Grèce 2008 : 4,7 % du PIB
Grèce 2012 : 6,95 % du PIB
OCDE 2012 : 8,55 %
France 2013 : 8,35 %


Un des problèmes de la Grèce avant la crise était celui de la vérité des comptes publics. Au moment où la crise s’est déclenchée, la réalité est apparue : une forte dette, des déficits cachés, une organisation administrative d’un autre âge, par exemple l’absence de cadastre, une corruption importante, la facilité à échapper à l’impôt…

Autre exemple : jusqu’à présent, la Grèce ne touchait même pas la moitié des subsides européens qui lui étaient destinés, faute de préparer les dossiers, de les renvoyer dans les temps... Aujourd’hui, elle en récupère 70%. De même, la collecte de l’impôt s’améliore un peu (+4,8 % en 2013), les contrôles ont doublé. La législation grecque a été changée pour tenter de lutter contre le blanchiment d’argent et la fuite des capitaux. On a diminué le nombre de fonctionnaires en ne remplaçant qu’un départ à la retraite sur cinq. Etc. Et 240 milliards € de prêts ont été apportés par l’Europe à la Grèce pour éviter sa faillite.

Ces efforts commencent à porter leurs fruits : le budget public est équilibré hors le poids de la dette (ce qu’on appelle un « excédent primaire », de 1,5 milliard € en 2013). C’est ce poids qui, de l’avis de nombreux spécialistes est insoutenable, au dessus de 120 % (elle était justement à 127 % en 2009, avant les aides internationales, UE, BCE, FMI). C’est cela ce qui va se discuter de façon intense entre l’UE et la Grèce ces prochains mois.

Conclusion

2014 a été une année de fragile redémarrage du pays : le plus fort taux de croissance de la zone euro au 3ème trimestre, un taux de chômage légèrement abaissé à 25,5 %, un excédent primaire prévu à 2,6 milliards, et les exportations et le tourisme qui se reconstruisent.

Mais l’autre versant de la réalité c’est le poids de la dette, le fait que la rentrée des impôts doit encore beaucoup s’améliorer, que la restructuration et la modernisation administrative est loin d’être terminée, de même que celle de l’économie, que la corruption est loin d’être jugulée, une situation sociale catastrophique pour de nombreux Grecs.

Toutes ces réalités font partie du bagage qui constitue l’arrière-fonds de la politique du nouveau gouvernement grec et de la négociation politique à l’échelle européenne qui a déjà commencé Le compromis sur l’allégement de la dette dans des délais extrêmement réduits est loin d’être évident. Tout reste possible, mais aussi un défaut de la Grèce, voire sa sortie de la zone euro.


Source principale :
http://data.oecd.org/fr/grece.htm


(*) « mesure du capital humain et du niveau de compétences d’un individu – en d’autres termes, des compétences disponibles dans la population et la population active » (OCDE).

(**) somme des dépenses de consommation et de l’épargne des ménages.


 

 

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