1. Accueil
  2. > Europe, Monde
  3. > #Réalités sociales
  4. > 255 millions d’emplois perdus par la crise en 2020

255 millions d’emplois perdus par la crise en 2020

mercredi 17 février 2021

C’est l’estimation par l’Organisation internationale du Travail (OIT) de l’impact de la pandémie de covid-19 sur les heures de travail effectuées en 2020 dans le monde. En 2020, 8,8 % des heures travaillées ont été perdues, équivalant à 255 millions d’emplois (à 48h/semaine) ; c’est 4 fois plus que lors de la crise financière de 2009 ! Pour arriver à ce chiffre, l’OIT a pris en compte le fait que 93 % des travailleurs exercent dans des pays où des fermetures des lieux de travail ont été imposées, sous quelque forme que ce soit.

Caractéristiques des pertes de 2020

La chute de 8,8 % des heures travaillées dans le monde se compose de pertes d’emplois et de la baisse des heures travaillées par les salariés en emploi :

  • Pertes d’emplois : 50 % environ des pertes totales, soit 114 millions d’emplois,
  • Perte d’heures travaillées : 50 % des pertes totales.
    Ces pertes d’heures de travail se sont accompagnées de baisses de revenus du travail de 8,3 %.

Les pertes d’emploi ont été les plus fortes parmi les jeunes (-8,7 %) et les femmes (-5 %) que pour les hommes (-3,9 %). D’autre part, les emplois perdus ont plus fait monter l’inactivité, qui a augmenté de 81 millions, que le chômage (+33 millions), ce qui a fait baisser la population active mondiale (-2,2 points à 58,7 %) et a retardé l’entrée de nombreux jeunes sur le marché de l’emploi. Les zones les plus touchées ont été les Amériques, dont beaucoup l’Amérique latine et les Caraïbes, alors que les mesures protectrices prises en Europe et Asie centrale ont permis le maintien dans l’emploi malgré la perte d’heures travaillées.

Des secteurs tels l’hôtellerie-restauration, les spectacles, le commerce et la construction ont été particulièrement touchés en 2020 alors que les secteurs de l’information-communication et des finances et assurances ont gardé une croissance positive.

À quoi s’attendre en 2021 ?

Pour l’OIT, le niveau d’incertitude reste fort, même si on peut s’attendre à – ou au moins espérer – une reprise dynamique au 2ème semestre 2021. Mais la reprise restera modeste, cela ne suffira pas, à son avis, à retrouver le niveau d’heures de travail et d’emplois d’avant-crise. Pour le Fonds monétaire international (FMI) et l’OIT l’année 2021 devrait se solder, selon ce scénario central, par un déficit de 3 % d’heures de travail par rapport à 2019, soit l’équivalent de 90 millions d’emplois. Et l’OIT s’attend à ce que les pertes d’heures se traduisent cette année plus par des pertes d’emplois que par des réductions d’heures travaillées.

De plus, on craint que la reprise soit très inégalement répartie, entre les secteurs les plus touchés et les secteurs restés dynamiques, et que, selon leur poids dans les pays, l’inégalité se renforce. Au niveau géographique, l’OIT s’attend à des pertes les plus fortes d’heures de travail dans les Amériques, l’Europe et l’Asie centrale.

Soutenir une reprise centrée sur l’humain

Tel est le vœu de l’OIT, face à de telles perspectives, qui conseille d’associer en 2021 vaccination, mesures sanitaires et mesures de soutien à la reprise de l’économie et du marché du travail : des mesures « ciblées sur l’emploi, le revenu, le droit du travail et le dialogue social, soit une reprise centrée sur l’humain ». Ainsi qu’une action au niveau international pour soutenir les pays à revenu faible ou « intermédiaire » pour éviter que le fossé s’agrandisse encore par rapport aux pays développés.


Source