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L’inflation pèse sur les salaires dans le monde

mercredi 4 janvier 2023

Le rapport mondial sur les salaires 2022-23 de l’OIT (Organisation internationale du travail) étudie l’impact de l’inflation et du Covid-19 sur les salaires et le pouvoir d’achat des salariés. Une baisse moyenne de -0,9 % avec de grandes variations régionales et un impact plus important pour les bas revenus. Cette dernière édition rejette les théories de certains économistes et représentants des banques centrales, selon lesquels les salaires entraînent une hausse de l’inflation et doivent dès lors être réduits.

Trois années de difficultés

Depuis trois ans, l’humanité s’est retrouvée confrontée à des crises simultanées : la pandémie liée au Covid-19, le déclenchement de la guerre en Ukraine au mois de février 2022, ainsi que la hausse du coût de la vie qui a débuté en 2021 et s’est nettement accentuée au cours de l’année dans les différents pays et régions. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que le Fonds monétaire international (FMI) ait été amené à revoir à la baisse sa projection de la croissance mondiale en 2022.

Les salaires des ménages et leur pouvoir d’achat ont été fortement amputés au cours de ces trois dernières années. En cause la pandémie liée au Covid-19 mais aussi la hausse de l’inflation dans le monde alors que l’économie mondiale commençait à redémarrer. Les données disponibles pour l’année 2022 montrent que la hausse de l’inflation se traduit par une baisse des salaires réels dans de nombreux pays, réduisant ainsi le pouvoir d’achat de la classe moyenne et frappant plus durement les populations à faible revenu, celles-là mêmes les plus touchées par le Covid.

Une hausse rapide des taux d’inflation dans le monde entier

Aujourd’hui la hausse rapide des taux d’inflation est une réalité dans le monde entier. Elle se traduit par des tensions sur les prix au cours des deux derniers trimestres de l’année 2022 qui s’avèrent tenaces malgré la mise en place de politiques monétaires restrictives depuis la mi-2022. Les projections des experts suggèrent que l’inflation pourrait continuer à progresser pour atteindre 8,8 % au niveau mondial à la fin cette année 2022, et ensuite retomber à 6,5 % en 2023 et 4,1 % en 2024. Mais partout où règne l’absence d’indexation des salaires et autres types de revenu du travail en fonction de l’inflation le niveau de vie de nombreux travailleurs et de leur famille se détériore et pourrait continuer de l’être.

En conséquence une baisse des salaires réels

Les experts de l’OIT estiment que les données disponibles pour le premier semestre 2022 témoignent d’une baisse brutale des salaires mensuels réels. Les estimations réalisées révèlent une baisse des salaires mensuels de 0,9 % en termes réels, à l’échelle mondiale, ce qui représente la première chute enregistrée en la matière depuis la première édition du Rapport mondial de l’OIT sur les salaires en 2008. Lorsque la Chine, où la croissance des salaires est plus élevée que dans la plupart des autres pays, est exclue de ces calculs, la baisse des salaires réels est alors de 1,4 %.
Parmi les pays du G20, dont la France, qui concentrent environ 60 % des salariés dans le monde, la diminution des salaires réels au cours du premier semestre 2022 est estimée à 2,2 % dans les économies avancées. Cela indique clairement que, dans de nombreux pays, les salaires nominaux n’ont pas été ajustés de manière adéquate pour pouvoir compenser la hausse du coût de la vie.

Plus de problèmes pour les familles à faible revenus

Le rapport montre l’incidence accrue de l’inflation sur le pouvoir d’achat des bas salaires en particulier ceux dont les membres sont au salaire minimum. En effet, ces ménages dépensent la majeure partie de leur revenu disponible en biens et services essentiels qui enregistrent généralement des augmentations de prix plus importantes que les autres biens et services. L’exemple du Mexique est très parlant. Les ménages se situant dans le décile le plus bas (les 10 % les plus bas) de la répartition des revenus dépensent 42 % de leur revenu dans l’alimentation, tandis que ceux situés dans le décile le plus haut n’y consacrent que 14 %. Une comparaison pour 100 pays issus des différentes régions du monde révèle que les coûts liés à l’alimentation, au logement et aux transports ont tous augmenté plus rapidement que l’IPC général (Indice des prix à la consommation). Il ressort que l’augmentation du coût de la vie des ménages à faible revenu peut être de 1 à 4 points de pourcentage supérieure à celle des ménages à revenu élevé.

Une alerte sur la nécessité de réponses politiques adéquates

Le rapport alerte sur la nécessité de réponses politiques adéquates pour lutter contre la forte baisse du revenu réel des travailleurs et l’augmentation des inégalités qui pourrait fragiliser la reprise économique et qui risque d’accroître les tensions sociales. Est citée en particulier la nécessité d’ajuster régulièrement les salaires minima dans le cadre d’un dialogue social fondé sur des données factuelles et pertinentes. D’autres politiques susceptibles d’atténuer l’impact sur les ménages de la crise liée au coût de la vie sont citées. L’adoption de mesures ciblant des groupes spécifiques, par exemple, sous la forme de bons d’achats attribués sous condition de ressources aux ménages à faible revenu afin de leur permettre d’acheter des biens essentiels. De même des mesures visant à réduire le coût de la vie pour l’ensemble des ménages, telles que la réduction (souvent temporaire) de la fiscalité indirecte sur les biens et les services (aides énergétiques, réductions de la taxe sur la valeur ajoutée…) mais aussi des taxes exceptionnelles sur les sociétés pétrolières et gazières afin d’aider à financer ces mesures.

Enfin, le rapport indique qu’en 2022, la croissance de la productivité du travail est supérieure de 12,6 % à celle des salaires à l’échelle mondiale. Alors même que certaines banques centrales dans de nombreux pays et des économistes réclament la suppression des augmentations salariales malgré l’augmentation de la pauvreté. Le rapport rejette fermement ces théories.


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