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Moins d’enfants pauvres aux États-Unis

mercredi 2 novembre 2022

Le taux de pauvreté des enfants américains après transferts sociaux-fiscaux a chuté de 46 % en 2021. Il est désormais de 5,2 %. Ainsi, 2,9 millions d’enfants sont sortis de la pauvreté cette année-là, selon le Bureau américain du recensement. C’est le résultat du « Welfare state » (l’État-providence à l’américaine), des nombreuses aides mises en place malgré les oppositions des Républicains et aussi d’une amélioration du marché du travail.

Qu’est-ce que le « Welfare state » ?

La protection sociale est une notion relativement récente aux États-Unis. Elle est née dans les années 1930, lorsque le président Roosevelt voulut contrer les effets de la grande crise économique. Elle a été étendue ou freinée en fonction des couleurs politiques des présidents américains. Elle n’a jamais cessé d’avoir des ennemis qui reprochent au gouvernement fédéral de se transformer en Welfare State, en État-providence, qui prive les citoyens de leur liberté d’initiative et qui incite les pauvres à la paresse. Des arguments parfois utilisés dans notre pays ! Le combat a fait rage quand le président Obama a tenté d’imposer une réforme de l’assurance-maladie, démolie en partie par le président Trump et restituée par le président Biden. Historiquement la protection sociale des salariés américains s’est construite dans le cadre des entreprises mais celles-ci ont, dans les années 1980, renoncé progressivement à cette mission.

Les aides aux familles

Les aides sociales désignées par le terme « welfare » sont distribuées aux familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. Ce taux est publié tous les ans par le département de la santé et de l’aide publique. Ainsi les aides de l’État sont allouées aux familles dont le revenu se situe, pour 2021, entre 100 et 400 % du seuil de pauvreté (soit 12 760 et 51 040 dollars annuels pour une personne et 26 200 et 104 800 dollars pour une famille de 4 personnes).

Dans la moitié des États américains, les personnes doivent travailler pour la collectivité (en entretenant par exemple les lieux publics) pour avoir droit à leurs allocations. Les aides sont administrées et financées par les États qui reçoivent les aides fédérales. Ces aides concernent plusieurs types de publics. Mais elles ont toutes contribué à la baisse du taux de pauvreté des enfants : aides versés aux mères au foyer, aux mères célibataires, aides aux repas gratuits dans les cantines scolaires, aides particulières aux enfants de moins de 5 ans, aides aux dépenses d’énergie…

Une chute de 46 %

Le taux de pauvreté des enfants américains après transferts sociaux fiscaux a donc chuté de 46 % en 2021. Il est de 5,2 %. Ce taux est plus faible que celui des adultes en âge de travailler (7,9 %). C’est un mouvement historique amorcé depuis 30 ans. Sur les 2,9 millions d’enfants concernés, 1,2 million sont hispanophones et 716 000 afro-américains. Le taux de pauvreté des enfants noirs a baissé de 6 points à 8,1 % (2,7 % pour les blancs non hispanophones).

Si l’on regarde la période la plus contemporaine, pendant la pandémie, les moins de 18 ans ont été les premiers bénéficiaires des aides exceptionnelles pour lutter contre la pauvreté. Les mesures précédentes ont été amplifiées en mars 2021 par la loi « American Rescue Plan ». Elle a permis de verser aux familles des chèques de 1 400 dollars par membre du foyer. Par ailleurs, le programme fédéral d’aide alimentaire a été étendu, en levant les restrictions d’accès pour les chômeurs.

Dans le domaine fiscal, la réduction d’impôts pour enfant (CTC) a été transformée en vrai crédit d’impôt bénéficiant aux foyers non imposables. Elle a aussi été dopée, passant de 2 000 à 3 000, voire 3 600 dollars, selon l’âge.

Dans le domaine de la Sécurité sociale des mesures ont aussi joué un rôle positif. Le Congrès a voté en 2021 une extension de la prise en charge de la couverture santé (Obamacare).

En conclusion, les chercheurs mettent en avant un certain nombre d’autres points pour expliquer la réduction de la pauvreté infantile : la baisse du taux de chômage, l’augmentation du taux d’activité des mères célibataires et la revalorisation des salaires minimaux. L’État-providence a quant à lui amplifié le mouvement. Enfin, les USA doivent poursuivre leurs actions de protection de l’enfance. Rappelons que le pays n’a signé que deux des huit conventions fondamentales de l’OIT (Organisation internationale du travail), sur les droits des enfants, mais pas celle sur la protection des enfants ni celle sur le travail forcé des enfants.


Sources


 

 

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