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Les clés du social : Niveau record des défaillances d'entreprises en 2024

Niveau record des défaillances d’entreprises en 2024

Publié le 16 avril 2025 / Temps de lecture estimé : 3 mn

D’après la Banque de France, 65 764 défaillances d’entreprises cumulées en décembre 2024 ont été enregistrées en 2024 (données provisoires). C’est 10,8 % de plus que sur la moyenne des années précédant la crise du COVID. D’après la Direction générale des entreprises (DGE), cela fait plus de 230 000 emplois fragilisés en 2024. Les défaillances d’entreprises concernent principalement les microentreprises, notamment les auto-entrepreneurs des secteurs de la livraison à domicile et les VTC.

65 764 défaillances d’entreprises en 2024

On entend par « défaillance d’une entreprise » l’ouverture d’une procédure collective donnant lieu au dépôt d’une déclaration de cessation de paiement. Il s’agit donc des redressements et liquidations judiciaires.

Sur les 65 764 entreprises concernées, 60 355 concernent des micro-entreprises (pour beaucoup des autoentrepreneurs) ou des entreprises de taille indéterminée. Une étude la DGE « Théma de la DGE » publiée en février 2025, sur ces 66 000 entreprises, 32 000 entreprises avaient au moins un salarié.

Le niveau des défaillances d’entreprise en 2024 est supérieur de 10,4 % à la moyenne des années 2010-2019. Mis à part l’industrie et dans une moindre mesure l’agriculture, la construction et le commerce, cette augmentation touche tous les autres secteurs d’activité de façon importante. L’étude de la DGE met particulièrement l’accent sur les activités immobilières où elles ont triplé, les activités informatiques (multiplié par deux) de même que les services d’information.

Pour la DGE, environ un peu plus de 230 000 salariés ont vu leur emploi fragilisé en 2024 du fait des difficultés de leur entreprise dont 70 % devraient tout de même conserver leur travail. Cela fait tout de même près de 70 000 emplois supprimés. Chiffre auquel se rajoutent les nombreux autoentrepreneurs qui ont dû déclarer forfait en 2024. Un énorme plan de sauvegarde de l’emploi qui, dans la plupart des cas, passe sous le radar des médias.

Quelles sont les raisons des défaillances d’entreprise ?

Il y a d’abord les autoentrepreneurs des plateformes notamment de livraison de repas qui doivent faire face à une dégradation de leur indemnisation des courses dont la distance augmente ainsi que les temps d’attente. Pour certains, ils ne peuvent plus faire face financièrement et abandonnent. Dans ce type d’entreprise, il y a beaucoup de turn-over.

Pour les entreprises plus classiques, la DGE, dont l’étude porte essentiellement sur les entreprises d’au moins un salarié, l’augmentation très forte des défaillances s’explique pour deux raisons principales.

Tout d’abord, un rattrapage post-covid qui fait que certaines entreprises déjà défaillantes et moins performantes avant la pandémie ont pu maintenir leur activité grâce aux dispositifs de soutien aux entreprises. Le retour à la normale et le remboursement des aides obtenues les ont mises de nouveau en difficulté à partir de 2023 et ont dû en conséquence se déclarer défaillantes en 2023 et 2024.

Ensuite, la hausse des prix de l’énergie et de l’inflation à cause de la reprise mondiale (été 2021), des effets de la guerre en Ukraine et à la suite l’augmentation du coût des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne pour contenir l’inflation (été 2022), ont mis en difficulté des entreprises jusque-là performantes notamment les plus énergivores ou en besoin de liquidités.

La création d’entreprises reste dynamique en 2024

L’étude de la DGE relativise cette hausse importante des défaillances d’entreprise en constatant que « les créations d’entreprises se poursuivent à un rythme plus rapide que les radiations d’entreprises ». L’INSEE (INSEE Première n° 2037) précise que les créations d’entreprises ont atteint le chiffre record de plus de 1,1 million en 2024. Tous les secteurs et types d’entreprises sont concernés. L’augmentation concerne notamment les auto-entrepreneurs des plateformes, liée à la demande croissante des activités de VTC, livraisons rapides et les services de mobilité. Notons que seules 3 % des nouvelles entreprises classiques (hors autoentrepreneurs donc) ont au moins un salarié au moment de la création.



Au final, l’année 2024 semble avoir fini de « solder » l’héritage de la crise du Covid au moment où la conjoncture économique se retourne et de nombreuses incertitudes se font jour pour 2025. À la fragilité intrinsèque de l’économie française compte-tenu de l’instabilité politique et les risques liés au conflit avec la Russie, vient se rajouter les décisions de l’exécutif américain qui pourraient provoquer une récession mondiale. Un climat général qui n’est pas favorable à l’activité économique et donc à l’emploi.


Sources