1. Accueil
  2. > Environnement économique
  3. > Economie
  4. > Les paradoxes de la croissance de l’économie en 2022

Les paradoxes de la croissance de l’économie en 2022

mercredi 1er mars 2023

Malgré les crises de 2022 : la guerre en Ukraine, le retour de l’inflation, la pandémie en Chine, l’économie tourne toujours. L’Europe échappe à la récession promise par les prévisionnistes et affiche pour 2022 un taux de 3,5 %. Pour la France l’INSEE donne des chiffres de croissance positifs en 2022. Même si l’activité économique a ralenti en fin d’année, les chiffres de CDI signés sont restés bons, le chômage continue de baisser- la tendance est confirmée en ce début 2023 - et les prévisions d’embauche des entrepreneurs restent bonnes. Quelques explications.

La croissance en France

Pour l’INSEE, au total, la croissance a été de 2,6 % en 2022 malgré un petit chiffre au quatrième trimestre, à +0,1 %. Mais il s’agit d’un niveau supérieur à celui attendu. Malgré une chute de la consommation, la croissance française a résisté et c’est un signal positif pour les économistes.

Des chiffres étonnants

Malgré le ralentissement de l’activité, fin 2022, le chômage a continué à baisser en France y compris au quatrième trimestre (0,1 point). Le nombre de chômeurs de catégorie A (inscrits à Pôle emploi sans activité, hors Mayotte) a chuté de 9,3 % en 2022 (312 000 chômeurs en moins). Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est à 3,05 millions et retrouve son plus faible niveau depuis le troisième trimestre 2011. Le taux de chômage est à 7,2 % de la population active.

Pour ce qui est de l’emploi, plus de 5 millions de contrats à durée indéterminée (CDI) ont été signés en 2022, soit une augmentation de près de 5 % sur un an.

Autre bonne nouvelle, la situation financière des entreprises est, globalement, meilleure qu’avant le Covid, d’après le bilan national 2022 des greffiers des tribunaux de commerce. Les entreprises envisagent toujours d’investir en cette année 2023 et déclarent maintenir leurs prévisions d’embauches. Enfin, celles qui traversent une mauvaise passe n’ont pas l’intention de licencier.

Et l’Europe !

Dans un entretien au Monde, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Paolo Gentiloni, se félicite qu’en 2022 « la croissance en Europe ait été plus forte qu’aux États-Unis et en Chine ». Il faut noter cependant que certains pays, souvent très dépendants historiquement du gaz russe, comme l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie, ont vu leur PIB diminuer sur les trois derniers mois de 2022. Finalement la croissance est à 3,5 % au sein de l’Union européenne (UE) comme dans la zone euro.

Pourquoi ces chiffres ?

Il n’y a pas une seule explication mais bien évidemment une multiplication de raisons. D’abord la conjoncture qui est meilleure que prévue. Les prix de l’énergie sont finalement repartis à la baisse en particulier grâce à la réactivité européenne pour constituer des stocks et varier les approvisionnements. Cela n‘empêche pas, on le voit tous les jours, que les prix de l’énergie restent toujours très élevés et pèsent sur des entreprises, des professions et sur les ménages.

D’autres raisons pour les économistes ont à voir avec des mutations plus profondes du tissu économique. La volonté des entreprises de conserver les compétences en leur sein à cause des problèmes de pénurie de main-d’œuvre. Elles ne licencient pas même en cas de difficulté. Autre point selon l’économiste Patrick Artus l’économie est marquée par les traces de crises plus anciennes. « Les entreprises bénéficient d’une bonne situation financière actuellement parce qu’elles ont accumulé des réserves de cash et ont été échaudées par la crise des subprimes de 2008, les patrons ont, par prudence, largement sous-investi ». Pour Patrick Artus ils rattrapent le temps perdu.

Il faut aussi évoquer une réorganisation de la mondialisation, même si tous les économistes ne partagent pas la même analyse sur cette réalité. Il est malgré tout notoire que nombre d’entreprises ont diversifié leurs fournisseurs, restent davantage dans leur territoire voire ont relocalisé leurs productions. Sans compter les efforts des gouvernements européens pour relocaliser des productions sensibles.

Enfin, les aides publiques massives pour la pandémie de Covid et celles données pour amortir la flambée des prix de l’énergie et l’inflation en général sont toujours présentes dans le circuit économique. Pour les économistes le circuit mettra longtemps à les « digérer ».

Quelles prévisions pour 2023 ?

Les économistes sont prudents car l’incertitude et la volatilité sont très présents. Quelques mots les résument : climat, énergie, géopolitique, inflation, faut-il y rajouter en France la mobilisation contre la réforme des retraites ?
D’après les économistes l’inflation devrait continuer à grimper pendant quelques mois en 2023, après un léger rebond en janvier. Et pour Christopher Dembik, de Saxo Bank « le principal aléa sera l’ampleur du redémarrage chinois ». Pourra jouer aussi la hausse des taux d’intérêt avec des conséquences visibles sur le recours au crédit. Mais pour les économistes le véritable enjeu, c’est 2024.

Conclusion

Beaucoup de journaux ont titré sur cette période curieuse que nous vivons et sur l’accumulation de paradoxes toujours présents en ce début d’année dans le domaine de l’économie et de l’emploi. Quoiqu’il en soit, on assiste à l’étrange disparition d’une récession annoncée. Pour la croissance mondiale le FMI se montre moins pessimiste pour 2023. Le rendez-vous est pris !


Sources