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Les personnes qui exercent un métier pénible rejettent la réforme des retraites

samedi 8 février 2020

La pénibilité physique du métier exercé influe fortement sur le refus de la future réforme des retraites, confirme une note de l’institut d’études opinions et marketing (Ifop), pour la fondation Jean Jaurès.

L’institut retient comme métiers pénibles : l’accomplissement de tâches ou de gestes répétitifs, le port de charges lourdes, les horaires décalés ou de nuit, le travail en position debout ou l’exposition au bruit ou aux intempéries, les situations d’amplitudes horaires importantes, les rythmes soutenus, les contextes de sous-effectif qui augmentent la charge de travail, mais aussi les cas de stress liés aux pressions à la fois internes (poids du management, pression du résultat) et externes (exigences voire violences des usagers/clients) mis en avant par les salariés des professions intermédiaires mais aussi par des cadres supérieurs et les professions libérales.

L’arbitrage entre différentes options concernant la réforme des retraites en fonction de
la pénibilité physique ressentie au travail

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(cliquer sur la vignette pour agrandir l’image)
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Plus la pénibilité est importante et plus les actifs se montrent hostiles à une réforme des retraites, la retraite s’apparentant pour eux à un « havre de paix » :

  • Plus la pénibilité physique est ressentie et moins on s’imagine capable de la subir encore de longues années.
  • L’acceptation d’un allongement de la durée de cotisation des actifs est statistiquement très corrélée au degré de pénibilité physique généré par l’emploi occupé.
    *50 % des actifs qui n’éprouvent aucune pénibilité physique seraient prêts à cotiser plus longtemps, contre 34 % des plutôt exposés et seulement 18 % des « tout à fait » exposés.
  • Les plus exposés à la pénibilité, souvent peu payés, seraient plus disposés à voir les cotisations des actifs augmenter (31 % évoquent cette option). Cette option fait moins recette (19 %) parmi ceux qui sont totalement préservés de la pénibilité physique ; ces derniers préfèrent un allongement de la durée d’activité plutôt qu’une ponction sur leur salaire.

Pour les métiers pénibles, l’idée d’un allongement de la durée du travail relève de l’impensable : paramètre fondamental du refus des réformes antérieures (2010, 2013, âge pivot aujourd’hui…). Par contre 71 % des professions intellectuelles et des cadres supérieurs considèrent comme acceptable l’allongement de la durée du travail, de même 48 % des professions intermédiaires, et seulement 33 % des employés et des ouvriers.

L’idée d’une retraite par points ajustés en fonction des impératifs économiques ou budgétaires futurs crée un flou « profondément anxiogène et déstabilisant », contraire à l’idée d’une retraite avec un niveau de pension stable. Le statu quo devient préférable à un changement incertain.

La concertation sur la prise en compte de la pénibilité se poursuit entre le gouvernement et les organisations syndicales (voir Clés du social : http://www.clesdusocial.com/concertation-sur-les-fins-de-carriere).

Dans l’attente de la réunion multilatérale de synthèse globale sous l’égide du premier ministre en février 2020, dont les conclusions viendront alimenter le débat parlementaire, la prise en compte de la pénibilité, avec un quart des salariés concernés, devient un point majeur pour comprendre le conflit en cours, car elle structure l’opinion publique.


Références