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La classe moyenne : c’est mieux en France qu’aux États-Unis, mais…

mercredi 11 mai 2016

Une étude de France Stratégie montre que la classe moyenne française n’a pas suivi la pente de la classe moyenne américaine, qui s’est rétrécie et appauvrie durant la crise. L’étude s’intéresse aux évolutions entre 1996 et 2012 dans les 2 pays. Pour résumer, un Américain sur deux et deux Français sur trois appartiennent à la classe moyenne. Il faut malgré tout être attentif à certains signaux de tassement des performances françaises.

Les Français expriment souvent une critique de la société dans laquelle ils vivent et se montrent, dans les sondages, insatisfaits de leur situation. Il est donc toujours intéressant de se comparer à d’autres pays semblables pour atténuer ou changer certaines perceptions. C’est le grand intérêt de la note d’analyse de France stratégie.

Question de définition

Les auteurs de l’étude définissent la classe moyenne à partir des revenus perçus par les ménages : c’est-à-dire entre 66 % et 200 % du revenu médian. Dans ce cadre, elle représentait 67,4 % de la population française, contre 68,9 % en 1996. Un léger tassement, accompagné d’un léger renforcement du poids des revenus les plus bas, dont la part passe, dans la même période, de 21 % à 22 %.

Aux États-Unis, un pays plus inégalitaire, seuls 50,6 % de la population relevaient de la classe moyenne, en 2012, contre 54,2 % en 1996, une perte plus significative mais, là, plutôt en faveur des hauts revenus dont la part s’est, dans le même temps, accrue de 18,1 % à 20,3 %.

Aux États-Unis, davantage de pauvres… et de riches

« L’importance de la classe moyenne française provient essentiellement d’inégalités économiques moins fortes », note France Stratégie. Les États-Unis, eux, se singularisent à l’inverse par une plus forte proportion de « bas revenus » (presque 30 % en 2012 contre seulement 22 % en France) mais aussi par une part plus élevée de ménages à « hauts revenus ».

Ainsi, ceux qui gagnent au moins deux fois le revenu médian étaient tout juste 10 % en France mais le double aux États-Unis en 2012. Un écart qui s’est creusé depuis 1996 puisque la proportion de ces hauts revenus est restée presque stable en France quand elle a augmenté significativement outre Atlantique, de 18 à plus de 20 %.

Le revenu médian en hausse en France

Entre 1996 et 2012, les classes moyennes se sont donc maintenues en France mais réduites aux États-Unis. De même, le revenu médian au sein des classes moyennes a évolué très différemment. En France, il s’est tassé depuis la crise de 2008 mais demeure largement positif, en progression « d’environ 20 % sur l’ensemble de la période ».

À l’inverse, le revenu médian aux États-Unis est resté stable sur la même période. Cela s’explique « par la captation de la croissance par les très hauts revenus » américains. Même si l’économie américaine a été sur la période bien plus porteuse qu’en France, la distribution de ce surcroît de richesse a surtout profité aux populations les plus aisées. Ainsi, rappelle l’étude, « entre 2002 et 2007, les deux tiers de la croissance des revenus ont été captés par le 1 % » des plus riches.

Ceci entraine un mal-être des classes moyennes américaines très perceptible à travers la campagne présidentielle actuelle. On y débat beaucoup de son déclin.

De fortes inégalités de revenus au profit des plus riches, dans les deux pays

Les inégalités de revenus augmentent, elles, dans les deux pays et par le haut. Les riches le sont de plus en plus : en 2012, les 10 % de Français les plus aisés accaparaient 28,5 % de la richesse nationale française (contre 24,6 % en 1996) et les 20 % des ménages américains avec les plus gros patrimoines possédaient 47,3 % de la richesse nationale (contre 42,3 % en 1996).

Des incertitudes pour l’avenir

Si les classes moyennes françaises semblent avoir mieux résisté sur une longue période, certains indices pourraient indiquer un possible retournement. « L’évolution sur la période la plus récente, 2009-2012 apparaît moins favorable : érosion de la classe moyenne, baisse de son revenu médian, augmentation des inégalités », relève l’étude.

Ces signaux, analyse France Stratégie, pourraient n’être « qu’un phénomène temporaire, lié aux effets de la crise économique de 2008 » et à l’augmentation du chômage. Mais il pourrait aussi indiquer le début d’une « rupture durable et l’amorce d’une longue période de déclin de la classe moyenne française, à l’image de ce que connaissent les États-Unis ».

En 1996, déjà, dans La Société en sablier. Le partage du travail contre la déchirure sociale, Alain Lipietz retenait l’hypothèse de la disparition des classes moyennes, une partie d’entre elles accédant aux classes supérieures et leur majorité étant reclassée vers les couches populaires. Cette hypothèse n’est pas confirmée pour l’instant mais il faut être attentif à certains décrochages.


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