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Le dialogue social pendant la crise : plus d’échanges mais qualité inchangée

samedi 26 juin 2021

L’étude que vient de faire paraître l’ANACT sur l’impact de la crise sanitaire sur le dialogue social et les relations sociales [1] montre qu’au fond malgré des échanges plus intenses entre élus du personnel et directions d’entreprise, la qualité du dialogue social n’a pas réellement évolué ou s’est même dégradée durant la crise. Seule une minorité de répondants que l’on trouve chez les employeurs ou chez les élus des structures importantes (+ de 250 salariés) estime qu’elle s’est améliorée. Rendez-vous manqué ou appréciation hâtive, l’avenir nous le dira. Les réponses à l’enquête suggèrent quelques pistes…

Des échanges plutôt plus intenses…

Alors que pour une grande majorité des entreprises et administrations l’activité ne s’est pas arrêtée, la gestion de la crise a provoqué une activité plus soutenue des réunions entre employeurs et représentants des salariés pour 44 % des répondants à l’enquête. Elle s’est maintenue au même rythme qu’avant la crise pour 36 % d’entre eux et a diminué pour 18 %. Les réunions se sont globalement déroulées en visioconférence (66 %) ou en audioconférence (29%). Certaines se sont tenues en « présentiel » (pour 38 % des répondants).

84 % des répondants estiment avoir contribué à la résolution des problèmes rencontrés et 69 % à la mise en œuvre des mesures nécessaires. C’est plus particulièrement le cas dans les grandes entreprises ou administrations.

Les représentants du personnel se sont particulièrement investis (avis de 67 % des répondants), plus que les directions (49 % des répondants) et beaucoup plus que les managers ou l’encadrement (37 % seulement).

Les temps d’échanges entre directions et élus du personnel ont augmenté pour 39 % des répondants alors qu’ils sont restés inchangés pour 35 % et ont diminué pour 16 %. Cependant, fort logiquement, ils ont plutôt diminué entre élus et personnel et entre direction et personnel. Entre élus ils ont soit augmenté (40 %) ou resté stables (32 %) témoignant d’un engagement fort des élus du personnel pour tenter de résoudre les problèmes.

…mais pas de changement dans la perception du dialogue social

Les répondants à l’enquête de l’ANACT avaient une appréciation différenciée du dialogue social avant la crise. Souvent qualifié de réglementaire (42 %), il était considéré comme constructif pour 37 % mais aussi souvent tendu (36%). Pour certains stérile (23 %) mais d’autres le trouvaient de qualité (22 %) et efficace (14 %). Les employeurs semblaient avoir une vision plus positive que les élus du personnel.

Après la crise, pour la majorité des répondants (56 %), les relations sociales sont restées stables, identiques à ce qu’elles étaient avant.

Et alors même qu’ils devaient collaborer davantage pour résoudre les difficultés, plus d’un tiers des répondants considèrent qu’elles se sont dégradées. On trouve ces mécontents plutôt dans le public, les structures plus importantes et plus souvent chez les représentants du personnel que chez les employeurs. La dégradation a été particulièrement ressentie, là où les réunions se sont faites plus rares, où les heures de délégation n’ont pas été assouplies, ou encore les moyens techniques mis à disposition étaient insuffisants. Cette dégradation s’est surtout constatée là où les directions ou les managers se sont moins investis dans le dialogue social mais aussi les représentants du personnel. Les répondants expliquent la dégradation par l’isolement et le distanciel, le renforcement des lignes hiérarchiques, ou encore le manque d’information communication, d’écoute, de dialogue.
Seulement 9 % des répondants estiment que les relations sociales se sont améliorées, en général pour les raisons inverses. Les intéressés expliquent l’amélioration par une volonté d’aller à l’essentiel avec plus d’écoute et de dialogue.

Les enseignements de la crise pour les relations sociales

Les répondants ont exprimé quelques pistes d’amélioration pour faciliter le dialogue social. Ils ont ainsi identifié de nouveaux outils ou besoins techniques pour fonctionner (76 % des répondants). De nouveaux sujets de dialogue social ont été repérés pour 69 % d’entre eux ainsi que des besoins de « montée en compétence » pour les acteurs du dialogue social de leur structure (67 %).

Les trois principaux sujets qu’ils devront traiter impérativement au sortir de la crise sont : l’organisation et les conditions de travail (cités par 66 % des répondants), le télétravail (53 %) et la reconnaissance des métiers et des compétences (38 %).

Il est peut-être encore un peu tôt pour tirer toutes les conclusions sur l’évolution du dialogue social depuis la crise. Les réponses à l’enquête de l’ANACT montrent tout de même qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour aboutir à un dialogue social de qualité dans une grande majorité des entreprises. L’enquête ouvre toutefois quelques pistes importantes qui passent par l’écoute, le dialogue, la confiance et la volonté des acteurs.


Source


Notes :

[1Cette enquête organisée a été proposée, en libre accès sur le site de l’ANACT, à l’ensemble des acteurs du dialogue social du 12 janvier au 26 février 2021. 1 415 acteurs du dialogue social ont complété le questionnaire. 81 % sont représentants du personnel et 15 % représentants de l’employeur, 4 % autres. 270 sont du secteur public, les autres du privé. Toutes les tailles de structures sont représentées et réparties sur l’ensemble du territoire.