L’accord
Datant du 16 juillet de cette année, il a été signé par 4 organisations, sauf la CGT, qui y voit des aspects problématiques ou sans garde-fous, alors que pour les autres syndicats l’accord est considéré comme important, avec des avancées. Signé pour 4 ans, il est entré en vigueur le 1er septembre. Il regroupe et actualise des accords anciens, avec le double objectif de développer « une culture forte et durable de santé, sécurité et conditions de travail », avec une démarche de prévention primaire et de « privilégier le travailler ensemble » tenant compte des besoins opérationnels et des évolutions sociétales (télétravail, conciliation des vies et attentes de responsabilisation).
Cinq grands thèmes
- Le premier, « les organisations du travail et l’organisation des activités »
Il traite d’abord du travail hybride. Différent de l’accord télétravail de 2018, il ouvre, assouplit les possibilités de télétravail, tout en le régulant pour avoir un équilibre avec le temps sur place. Pour les CDI travaillant 80 % ou plus du temps plein, le droit au télétravail régulier est toujours de 2 jours en moyenne par semaine, réduit selon le temps de travail (90 %, 80 %), avec un calcul au mois et non plus à la semaine, ou le télétravail occasionnel, monté à 30 jours par an. Il ouvre aux CDD, intérimaires et alternants le télétravail occasionnel. Cependant les syndicats regrettent qu’Airbus n’ait pas voulu participer aux frais engendrés.
Il insiste sur la nécessité pour les managers de traiter la durée et les plages du temps de connexion, le temps et les heures raisonnables de réunion, et l’évaluation, l’ajustement et l’anticipation-planification de la charge de travail. Également il demande que les visioconférences ne soient pas systématiques en raison de la fatigue visuelle ou auditive qu’elles procurent et qu’on privilégie les réunions physiques, le téléphone…
L’accord insiste sur la recherche de bonnes méthodes d’organisation des séquences de travail, en y associant les salariés, en organisant l’alternance des tâches pour limiter les fatigues physiques, articulaires, visuelles ou mentales. Pour cela il faudra intégrer la QVCT dans la méthodologie de projet, avec les ergonomes, analyser par anticipation l’impact des changements à faire et préserver la santé au travail dans les évolutions de l’organisation du travail et ses évolutions.
- Les conditions de travail
Il affirme comme objectif d’améliorer les environnements de travail et des postes de travail, qu’ils soient tertiaires, ou industriels. Cela passe par une sensibilisation des managers, l’écoute des salariés, la mise en œuvre d’améliorations. Le point qui ne suscite pas l’enthousiasme des syndicats concerne les espaces de travail, pour correspondre à 4 types d’activités de bureau : le travail individuel, le travail à plusieurs ou individuel avec des échanges confidentiels, le travail collaboratif et les espaces d’échange convivial. Les syndicats craignent la perte des bureaux individuels et le passage généralisé au flex office.
- Le 3ème thème traité dans un gros chapitre est celui de la prévention de la désinsertion professionnelle
Il est défini par 3 niveaux : l’anticipation, l’identification de l’usure au travail et le traitement. Donc les préventions primaire, secondaire et tertiaire.
- La prévention primaire consiste en une culture de l’ergonomie de conception et de diversification des trajectoires pour limiter la pénibilité.
- Dans la prévention secondaire, le besoin est celui d’outils, à créer par les services de prévention de santé au travail (SPST) présents dans les établissements, permettant l’alerte afin de repérer au plus tôt les situations de désinsertion. Et l’accord met en avant la visite médicale de mi-carrière, autour de 45 ans et la visite médicale de préreprise après un arrêt de travail.
- Quant à la prévention tertiaire, ce sont des outils de maintien dans l’emploi qui doivent être utilisés, comme l’aménagement de postes, les missions temporaires, les essais encadrés sur un nouveau poste de travail ou aménagé. Enfin le salarié peut envisager de passer par un projet de transition professionnelle (PTP) pour changer de métier et de poste.
- Autre chapitre important, la prévention des risques psychosociaux
Là aussi, l’accord confirme l’usage des 3 niveaux de prévention sur les facteurs, les risques et les troubles psychosociaux. On trouve pour cela la volonté de mettre les managers au cœur du système, de favoriser l’expression des salariés, de valoriser la contribution des IRP. L’accord crée aussi une gouvernance, point que les syndicats trouvent très positif, avec un comité de pilotage, un comité technique et des comités sectoriels, pour la détection, l’évaluation, le traitement des situations individuelles et collectives d’exposition aux RPS, avec une méthodologie spécifique d’évaluation collective et de la formation.
- Enfin, la promotion de la santé
Airbus s’engage à développer des actions de sensibilisation et des campagnes de promotion qui dépassent la santé au travail, par exemple sur le risque cardio-vasculaire, le dépistage des cancers, le sommeil, la sédentarité, les addictions, le stress etc. par des moyens variés : fiches, guides, messages, conférences, etc.
Au total
Un texte très large qui assure un traitement des domaines essentiels de la QVCT et dont les signatures syndicales représentent plus de 85 % des salariés. Bien entendu c’est à la mise en œuvre de tous ces engagements et mesures qui sont à suivre. D’ailleurs l’accord prévoit un interlocuteur par site ou société membre du groupe Airbus en charge du déploiement et du suivi des mesures en faveur de la QVCT contenues dans cet accord.

Le texte