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L’évolution des salaires lors des dernières décennies

mercredi 19 juillet 2023

Le thème du pouvoir d’achat, en ces temps d’inflation, fait la une de l’activité syndicale et préoccupe les salariés. Les salaires en sont une des composantes majeures. Au mois de juin l’INSEE nous a livré l’essentiel sur les salaires : leur évolution dans le secteur privé et dans la fonction publique, les écarts entre femmes et hommes, les difficultés qui demeurent …

Le salaire moyen

En 2021, les salariés du secteur privé gagnent en moyenne 2 520 euros nets par mois en équivalent temps plein, soit à temps complet. Bien sûr le salaire diffère selon la catégorie socioprofessionnelle : 4 330 euros nets mensuels en moyenne pour les cadres, contre 1 800 euros pour les employés et 1 860 euros pour les ouvriers.
Dans la fonction publique, les salariés, fonctionnaires ou non, gagnent en moyenne 2 380 euros nets par mois en équivalent temps plein en 2020. Là aussi il y a des disparités selon le statut et la catégorie hiérarchique des agents.

L’évolution des salaires au cours des dernières décennies

Selon l’INSEE, entre 1996 et 2021, le salaire net moyen en équivalent temps plein des salariés du secteur privé a augmenté de 15,6 %, en euros constants (c’est-à-dire corrigé de l’inflation), soit +0,6 % par an en moyenne. Le salaire des ouvriers a progressé de 17,4 % sur cette période, soit plus rapidement que celui des autres catégories socioprofessionnelles (+12,1 % pour les employés, +4,7 % pour les cadres et +3,3 % pour les professions intermédiaires).

Pourquoi cette différence ? Selon l’enquête, les salaires d’une partie des employés et des ouvriers, notamment les moins qualifiés, sont proches du Smic. De ce fait, ils peuvent bénéficier de ses revalorisations, directement ou par un effet de diffusion, au travers notamment d’accords de branches. Les salaires des cadres sont quant à eux davantage sensibles aux chocs conjoncturels, car ils intègrent une part variable liée à la performance individuelle ou collective, en général plus forte que pour les autres catégories socioprofessionnelles.

Si on rapproche la focale vers notre époque, entre la crise économique de 2008-2009 et 2020, le salaire net en équivalent temps plein a augmenté en moyenne de 7,8 % en euros constants dans le privé, soit une hausse de 0,7 % en moyenne par an.

Sur la même période, il n’a augmenté que de 1,0 % dans la fonction publique, soit +0,1 % en moyenne par an. Ce qui confirme les nombreuses études qui montrent une très grande stagnation des salaires dans la fonction publique et la nécessité d’une revalorisation.

Quel est l’écart entre les hauts et les bas salaires ?

En 2020, la moitié des salariés du secteur privé perçoivent moins de 2 000 euros nets par mois en équivalent temps plein. Ce salaire net médian est inférieur de 20 % au salaire moyen, ce qui traduit une plus forte concentration des salaires dans le bas du classement. Un salarié sur dix gagne moins de 1 340 euros nets alors que le Smic mensuel net s’établit à 1 219 euros. À l’autre extrémité de l’échelle, un salarié sur dix perçoit plus de 4 030 euros. Le ratio entre les deux catégories est donc de 3,0. Un salarié sur cent gagne plus de 9 640 euros nets, soit environ huit fois le Smic.

Dans la fonction publique, le salaire net médian en équivalent temps plein s’établit à 2 130 euros par mois en 2020. L’éventail des salaires y est globalement plus resserré que dans le privé.

Où en sont les écarts de salaire entre les femmes et les hommes ?

Dans le secteur privé, les femmes salariées gagnent en moyenne 16,7 % de moins que les hommes en équivalent temps plein en 2019. À cet écart de salaire s’ajoutent des inégalités de volume de travail, les femmes étant bien plus souvent à temps partiel et moins souvent en emploi dans l’année que les hommes. Le concept de revenu salarial, ensemble des rémunérations effectivement perçues par le salarié quel que soit son volume de travail dans l’année, tient compte de ces deux sources d’écart : dans le secteur privé, les femmes perçoivent en moyenne un revenu salarial inférieur de 25,7 % à celui des hommes, soit un écart de 8,0 points inférieur à celui observé en 1995 (33,7 %).

Pour l’INSEE, les inégalités salariales entre femmes et hommes sont moins élevées dans la fonction publique. En effet, l’écart de salaire en équivalent temps plein y est de 13,9 % et celui de revenu salarial de 16,9 %. Toutefois, ces inégalités s’y contractent moins vite : l’écart de revenu salarial ne s’est réduit que de 1,8 point entre 1995 et 2019, soit 24 ans !

L’INSEE dresse un panorama qui confirme les difficultés salariales de notre pays : trop de salaires dans le privé proches du SMIC, une faiblesse de revalorisation des salaires dans la fonction publique entrainant des problèmes de recrutement et de compétences et un sentiment d’injustice de la part des fonctionnaires, et un rattrapage des salaires entre femmes et hommes peu dynamique à long et à court terme. Les femmes ont souvent des salaires proches du SMIC et cumulent donc les difficultés salariales.
Voilà du grain à moudre pour les négociations salariales en entreprise et dans les branches.


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