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Quel gain apporte la formation ?

samedi 25 mai 2019

Le CEREQ propose un zoom sur 20 ans d’évolution des salaires en début de vie active pour savoir ce que l’on gagne à se former. Ainsi, comme pouvait le laisser espérer l’essor global du niveau d’études depuis les années 1990, les salaires en début de carrière ont dans leur ensemble progressé en deux décennies. Pour autant, les plus diplômés ne profitent pas de cette amélioration. Mais un autre élément joue fortement aujourd’hui, la formation favorise l’accès et le maintien dans l’emploi. Ce qui, vu la période, est un avantage incontestable.

Des comparaisons utiles à travers les enquêtes Génération

Les enquêtes Génération du CEREQ nous donnent l’opportunité de comparer l’évolution des niveaux de salaires des sortants du système éducatif de 1992 et de 2010, observés pendant leurs cinq premières années de vie active. Le salaire perçu à l’entrée de la vie active constitue un des critères de qualité d’emploi et de positionnement sur le marché du travail. Fortement corrélé au niveau d’études, il permet au jeune de se situer par rapport à ses pairs. Il donne une mesure à court terme du retour sur investissement de l’éducation et plus globalement il donne du grain à moudre à ceux qui plaident pour un investissement dans l’éducation et la formation.

La hiérarchie des salaires est toujours en accord avec celle des diplômes mais…

La période a connu de grandes évolutions. Ainsi, en 20 ans, les niveaux d’études à la sortie du système éducatif se sont considérablement élevés. Près de 44 % des jeunes arrivent désormais sur le marché du travail avec un diplôme du supérieur en poche (27 % en 1990). Parallèlement, les cursus du supérieur se sont professionnalisés au cours des quinze dernières années. Ils ont créé de nouvelles opportunités de poursuite d’études pour des publics qui en étaient autrefois écartés.

La corrélation positive entre niveau de salaire et niveau de diplôme se vérifie tout au long de la hiérarchie scolaire et tout au long de la période. Dans le supérieur, il faut noter une hiérarchie supplémentaire entre diplômés de grandes écoles et universitaires de mêmes niveaux d’études, lesquels perçoivent des rémunérations significativement inférieures aux premiers.

Tous les salaires ont progressé mais l’éventail s’est resserré

Les salaires en euros courants ont largement progressé en 18 ans (entre 1997 et 2015) et ce, à tous les niveaux de diplômes. Pour tenir compte de l’inflation, les salaires sont analysés en euros constants, sur la base des prix au mois de juillet 2015 et sur l’ensemble des individus. Pour tous, le salaire mensuel médian en euros constants progresse de 170 euros pour s’établir à 1 480 euros en 2015. La hausse des niveaux de diplômes de fin d’études entre les deux générations explique 56 % de cette progression. Au total, le salaire médian de la génération 2010 par rapport à la génération 1992 s’est accru de 12,8 % pour l’ensemble des salariés et de 8 % pour les seuls salariés à plein temps.
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Mais l’éventail des salaires s’est resserré sur la période et, paradoxe, ce sont les plus diplômés qui ont enregistré un net recul de leur pouvoir d’achat mensuel. Ces évolutions inverses de pouvoir d’achat entre le haut et le bas de la hiérarchie des diplômes s’explique par la conjoncture économique atone de la dernière période tandis que s’accroît le décalage entre la masse de diplômés et le volume d’emplois qualifiés disponibles. Il en résulte pour de nombreux diplômés du supérieur un déclassement professionnel initial. Les moins qualifiés, à l’inverse, ont pu profiter du relèvement régulier du SMIC dont les revalorisations, à l’exception des années 2010 et 2011, dépassent l’inflation depuis les années 1990.
Une autre raison de cette baisse du pouvoir d’achat des plus hauts diplômés pourrait également être liée à l’augmentation de la part relative des femmes parmi eux, confirmant d’autres enquêtes sur les discriminations salariales dont les femmes sont l’objet.

Les « bas salaires » sont moins nombreux

Conformément à la définition de l’Insee, on qualifie de travailleurs à bas salaires ceux dont le salaire net, primes incluses, est en deçà des deux tiers du salaire net médian de l’ensemble de la génération concernée. Compte tenu du tassement de la hiérarchie des salaires, et de la progression des niveaux de rémunération parmi les jeunes les moins qualifiés, on assiste à une diminution de la part de travailleurs à bas salaires. Alors qu’elle représentait 13,3 % des salariés occupés en 1997, elle passe à 9,4 % dans la dernière génération.

Les raisons

  • Diminution de la proportion des bas salaires observée dans l’ensemble de la population active entre la seconde moitié des années 1990 et les années 2010-2011.
  • Baisse des travailleurs à temps partiel entre les deux générations.
  • La loi sur les 35 heures explique également ce mouvement, une partie des temps partiels à quotité horaire élevée ayant basculé à temps plein.

Le profil de ces actifs à bas salaires a peu évolué en deux décennies. Pour leur très large majorité, ils travaillent à temps partiel et sur des contrats d’emploi précaires. L’évolution la plus notable concerne le recul de 10 points de la part des femmes en 2015 comparativement à la situation qui prévalait en 1997, où la catégorie était féminisée à près de 77 %. Le poids des travailleurs d’origine étrangère — par au moins l’un de leurs parents — s’accroît en revanche d’une génération à l’autre, puisqu’ils représentaient 20 % de l’effectif de la catégorie en 2015.

En conclusion

L’étude montre une plus forte homogénéité des salaires qu’il y a vingt ans, à la fois entre diplômés et à diplôme donné. Mais, au-delà de l’aspect salarial, la valorisation du diplôme se situe désormais de plus en plus dans l’accès et le maintien dans l’emploi. Ainsi, si le gain salarial à court terme escompté des études supérieures ne semble plus à la hauteur de ce qu’un jeune pouvait en attendre à l’orée des années 1990, ce gain se retrouve dans l’accès à l’emploi. Plus de la moitié des non diplômés sont sans emploi en 2015, pour seulement 5 % des diplômés de grandes écoles.


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