Les raisons et les critères
L’étude se focalise sur les cadres ayant un diplôme de grande école, d’ingénieur ou de management et donc qui, pour la plupart, avaient des fonctions de responsabilité comme dirigeants, managers dans de grands groupes.
En particulier, à l’instar de ces exemples médiatisés de rupture radicale de parcours, l’étude cherche à évaluer le degré d’éloignement de l’univers professionnel d’origine, en termes de fonctions, de statuts, de secteurs : en fonction du devenir professionnel de ces cadres reconvertis, des motivations de la reconversion, du temps nécessaire, de la place de la formation dans ce cheminement.
L’autre questionnement sur ces reconversions concerne leurs finalités : recherche d’une activité porteuse de sens, de mise en adéquation avec ses valeurs personnelles ? recherche d’un secteur professionnel plus porteur, avec une meilleure rémunération et/ou des possibilités de progression ? exercice d’un métier de passion ?
L’analyse de ces questions pour chaque reconverti a permis de dégager 4 parcours-types différents.
Quatre profils de cadres reconvertis
- Un tiers d’entre eux sont toujours des cadres d’entreprise pour qui se reconvertir a été une opportunité, pour sortir d’une situation difficile, ou avoir un meilleur salaire, ou trouver un meilleur épanouissement au travail, un nouvel univers, plus de responsabilités, agrandir leur bagage de compétences. Il s’agit pour eux d’une reconversion ascensionnelle qui reste dans un univers proche. On y rencontre surtout des hommes, souvent ingénieurs. Et ce changement professionnel se réalise surtout dans les 5 premières années de carrière.

- Un quart (26 %) se retrouvent dans des fonctions d’enseignants, de cadres de l’économie sociale et solidaire ou cadres du service public. Toujours salariés, ils ont recherché surtout du sens au travail, plus d’utilité sociale et d’adéquation avec leurs valeurs, ainsi qu’un meilleur équilibre entre leurs vie professionnelle et personnelle. Ce changement constitue un plus grand écart avec leur vie antérieure et s’est accompagné, pour les 2/3 des cas, d’un passage par la formation. Ce profil concerne surtout des femmes et a lieu dans les 10 premières années de carrière, souvent lié à une maternité.
- 22 % sont devenus entrepreneurs. Ils voulaient se libérer des contraintes, travailler avec liberté et indépendance, sortir du salariat, exercer avec passion. Ils sont devenus dirigeants ou créateurs d’entreprise, dans le commerce et la distribution, en informatique ou web, dans l’immobilier et la construction ou professions libérales. Ces reconversions sont souvent plus tardives et concernent surtout des hommes.
- le dernier groupe, celui des professionnels du bien-être et de la santé regroupe près de 20 % des reconvertis (19 %). Leur objectif est de trouver un épanouissement dans le travail, ils recherchent du sens, travailler avec passion et valeurs, être autonomes. Ils exercent des métiers du soin (coaching, thérapie, médecines alternatives…) ou des professions médicales ou paramédicales (médecins, infirmières, kinésithérapeutes…). Pour cela, 96 % sont passés par une formation longue (plus de 2 ans pour 53 %). Et une majorité s’est éloignée du salariat (58 %) et est devenue profession libérale. Dans ce groupe se rencontrent beaucoup de femmes et pour beaucoup il s’agit de reconversions tardives.
En conclusion, cette étude nuance beaucoup l’image diffusée des reconversions de cadres. Les degrés de rupture avec leur passé professionnel sont très variés, représentent seulement un simple « pas de côté » pour nombre d’entre eux, constituent un changement plus grand pour d’autres, voire une rupture pour une partie d’entre eux. De même, on l’a vu, leurs motivations sont variées et indiquent un certain nombre de malaises et d’insatisfaction dans les emplois traditionnels des cadres diplômés.
Source
- CEET-CNAM – connaissance de l’emploi n° 205 – 8 avril 2025 :
https://ceet.cnam.fr.../au-dela-des-ruptures-radicales-la-diversite-des-parcours-de-reconversion-des-cadres-diplomes-de-grandes-ecoles—1542893.kjsp