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Pour quels usages utilise-t-on son CPF ?

samedi 29 avril 2023

Créé en 2014 par la transformation d’un ancien dispositif et modifié en 2018, le compte personnel de formation apporte à toute personne active un droit individuel à la formation continue [1] . Il est alimenté en euros pour les salariés du privé et en heures pour ceux du secteur public. En 2022, il bénéficiait de 2,6 milliards d’euros provenant des entreprises pour le secteur privé. Sa montée en charge, d’abord lente [2], s’est accélérée avec la création de l’application moncompteformation.fr en novembre 2019. Maintenant que le CPF est très utilisé, il est nécessaire de connaitre quels choix de formations et quels usages en font ceux qui se sont inscrits à une formation. La Dares, avec France compétences, a fait une enquête l’été 2022 auprès de ceux qui ont suivi une formation qui se terminait en novembre 2021, donc 8 ou 9 mois après leur sortie.

L’initiative vient de la personne

2 millions d’inscriptions ont eu lieu pour le CPF en 2021 (contre 500 000 en 2019 et 1 million en 2020), dont l’initiative revient à la personne dans 75 % des cas, au contraire de 15 % venant de quelqu’un d’autre, 6 % par le démarchage et 4 % par l’employeur. Ces démarches sont faites 1 fois sur 2 sans accompagnement : la personne sait ce qu’elle veut, le trouve et s’inscrit à la formation. Elle s’inscrit rapidement après sa décision : quelques jours (37 %) ou quelques mois (30 %), voire 1 journée (12 %) après.

Des formations à objectif professionnel

C’est le cas pour 8 formations sur 10. Le premier objectif est d’améliorer ses perspectives de carrière, suivi par la volonté de se reconvertir.
Il n’y a que 17 % des formations commandées qui ne correspondent à aucun objectif ou finalité professionnels. Dans ce cas, il s’agit surtout de formations en langues ou bureautique, de formations suivies par des séniors, de formations à distance pour les 2/3.

54 % de ces formations sont certifiantes, et 6 sur 10 obtiennent leur certification, mais un bon 1/3 (36 %) ne se présente pas à l’examen, beaucoup en langues ou numérique.
Ajoutons aussi 13 % de formation pour l’obtention du permis de conduire, demandé surtout par des jeunes, des personnes peu qualifiées, ayant des emplois d’ouvriers ou d’employés, dont le 1er motif est son usage dans la vie quotidienne. 57 % l’obtiennent.

Des résultats favorables

Huit mois après la fin de leur formation, beaucoup disent avoir atteint leur objectif : à 72 % pour être plus efficaces au travail, à 50 % pour se reconvertir, à 43 % pour ne pas perdre son travail.

De plus, si 60 % des salariés formés en CPF n’ont pas, jusqu’alors, changé de situation professionnelle, 26 % sont toujours salariés mais ont connu une évolution professionnelle ; 35 % des demandeurs d’emploi sont maintenant en emploi, surtout si la formation était la préparation du permis B, et 26 % ont eu une période d’emploi ; 1/3 (32 %) des personnes ayant suivi une formation obligatoire (transport, sécurité, hygiène) ont un nouveau travail.

Les 2/3 (64 %) disent avoir déjà utilisé les acquis de leur formation, le taux étant beaucoup plus modeste sur les formations issues d’un démarchage (39 %), formations souvent très courtes et à 97 % complètement à distance. Et 19 % pensent s’en servir plus tard, seuls 5 % ne pas les employer.

Un niveau élevé de satisfaction

86 % recommanderaient la formation qu’ils ont suivie. Seules 11 % des formations ont été abandonnées en route, surtout par manque de temps, ou parce qu’elles se déroulaient uniquement à distance. Pour des formations courtes, peu chères, en présentiel, 1 utilisateur sur 5 dit même qu’il l’aurait payée entièrement si nécessaire.

Cependant le compte personnel de formation permet la plupart du temps le financement complet de l’inscription à la formation, même si les abondements des entreprises sont rares jusqu’ici. Seules 8 % des personnes ont eu un « reste à charge », à 70 % inférieur à 500 €, alors que 4 % ont bénéficié d’un abondement de Pôle emploi et 3 % d’un Opco ou de l’Agefiph. Il s’agit dans ces cas là de formations longues ou chères, de formations au permis, de formations inscrites au RNCP (répertoire national des certifications professionnelles).

Cet usage intensif du CPF a créé un déficit des financements qui lui sont destinés. Et vu les difficultés actuelles de manque de compétences et d’embauches, les partenaires sociaux souhaitent réorienter le CPF vers les besoins professionnels et la professionnalisation des actifs. Cette proposition s’inscrit dans le cadre de leurs propositions pour modifier le système de formation professionnelle [3] , transmise au ministre du Travail et à la ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels dans la perspective de la révision de la loi Avenir professionnel (2018) prévue en 2023.


Référence