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PIC, programme d’investissement dans les compétences : premier bilan en demi-teinte

samedi 29 janvier 2022

Rappelons-nous que le PIC est un plan de 15 Mds€, sur les années 2018-2022, pour à la fois permettre l’accès à l’emploi des plus fragiles, répondre aux besoins de compétences des entreprises et financer des formations pour les transitions énergétique et numérique. Il vise l’essor des compétences, besoin essentiel de notre économie, par le développement de programmes de formation innovants et l’accompagnement des actifs les moins qualifiés vers l’acquisition de compétences rendant possible leur (ré)insertion professionnelle, avec un objectif de formation de 1 million de demandeurs d’emploi et 1 million de jeunes éloignés de l’emploi. En fait sa montée en charge a vraiment commencé en 2019. Le rapport du comité scientifique de l’évaluation du PIC, indépendant, fait donc le bilan de 2 ans de développement du PIC. 2 ans particuliers, par l’irruption de la crise du Covid-19 en 2020 !

Un bilan chiffré

Le rapport place les chiffres du PIC dans l’ensemble de l’accès à la formation des demandeurs d’emploi et jeunes éloignés de l’emploi, assuré généralement par les Régions, l’État par le biais de Pôle emploi et de la garantie jeunes, soit un système complexe, auxquels s’ajoute depuis 2018 le PIC.

Années Formations proposées par Régions, Pôle emploi, garantie jeunes PIC CPF autonome Total
2019 905 000 113 000 - 1 018 000
2020 701 000 99 000 307 000 1 107 000



L’année 2019 a ainsi permis à 200 000 chômeurs de plus qu’en 2018 d’accéder à des formations - une augmentation de 12 % par rapport à 2017 - dont, à la différence du public-cible, beaucoup de chômeurs qualifiés. Cette augmentation a permis de faire progresser le taux d’entrée en formation des demandeurs d’emploi dans l’année qui suit leur perte d’emploi, de 8 à 11 % en 1 an.

Bien différemment, l’année 2020 a connu une forte baisse des formations habituelles, en raison des perturbations créées par la crise sanitaire. La dynamique du PIC a été aussi affectée. Car beaucoup de formations en cours ont dû être interrompues ou modifiées, d’autres n’ont pas été ouvertes, si bien qu’au total 39 % des formations infra bac ont été arrêtées et 29 % des formations supérieures au bac. Le total des formations réalisées, en progrès malgré tout de près de 100 000 entrées, a été sauvé par les achats directs de formations par l’appli CPF (moncompteformation.gouv.fr), lancée en novembre 2019.

Un premier bilan qualitatif

Le comité d’évaluation observe que l’objectif du plan centré sur les moins qualifiés et les plus éloignés du marché du travail n’est pas encore réalisé. Ce public-cible, en 2018-2019, représentait 56 % des demandeurs d’emploi mais 52 % des entrées en formation. Il a constaté un accès un peu plus important à des formations certifiantes pour les personnes ayant au moins le bac et que 13 % des personnes formées ont suivi plus d’une formation au cours de l’année 2019 (10 % en 2017). Pour les moins qualifiés, l’accompagnement est un élément essentiel !

Autre élément qualitatif, la durée des formations. Il s’agit de formations longues, même si elles ont légèrement réduit par rapport à l’avant-PIC, par ces achats directs de CPF :

  • 2017 : 537 heures
  • 2020 : 513 heures, mais 612 heures hors CPF car ces formations CPF sont souvent des formations courtes.

Et ceux qui s’y lancent vont jusqu’au bout : le taux d’abandon est inférieur à 10 %.

Le critère qualitatif déterminant est le débouché de ces formations. Or, le taux de sortie vers l’emploi est supérieur de 7 points pour les chômeurs qui sont passés par ces formations, et même de 10 points au bout de 2 ans. Mais ces chiffres ne distinguent pas si les formations en question sont PIC ou pas PIC, d’autant que les perturbations due à la crise du Covid-19 rendent plus difficiles d’identifier les effets du PIC sur les retours à l’emploi.

Au total, les années 2019-2020 ont permis le retour au niveau de formation de ces publics qu’avait atteint le plan de « 500 000 formations supplémentaires » de 2016. Mais l’impact de la crise sanitaire ne permet pas encore d’aller plus loin dans l’évaluation qualitative. L’objectif de faire évoluer l’offre de formation, renforçant la logique de parcours, a été retardé et celui de l’hybridation des formes d’apprentissage avec un usage plus important du numérique a eu des ajustements divers, par manque d’habitude des organismes et par les difficultés de certains publics. De nouvelles évaluations seront utiles, au fur et à mesure du déroulement du PIC.

Prépa compétences, un dispositif pour les plus éloignés de l’emploi

C’est un programme du PIC pour aider à la définition et la validation d’un projet personnalisé d’accès à la qualification, pour sécuriser l’accès à la formation et éviter les risques d’échecs. Prescrit par Pôle emploi, il est confié à l’AFPA. 30 000 personnes en ont bénéficié en 2019, 20 000 en 2020. Il semble qu’il ait permis d’améliorer nettement l’accès à la formation, avec 38 % des personnes passées par ce dispositif et 21 % pour des formations certifiantes, soit 24 points de plus (et 16 pour les formations certifiantes) par rapport aux autres demandeurs d’emploi. Mais, comme la définition des publics visés a été jusque-là imparfaite, on ne peut encore attribuer avec certitude ces écarts positifs de taux au passage par Prépa compétences.


Référence

Déjà parus dans Clés du social