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Négocier sa rémunération à l’embauche ?

samedi 16 décembre 2023

La période qui a suivi la crise du covid-19 a connu jusqu’à cet été de nombreuses embauches et de fortes tensions sur le marché du travail, facilitant la négociation salariale d’embauche pour les candidats. L’Apec l’étudie pour les cadres, surtout ceux qui changent d’entreprise et montre une issue la plupart du temps très positive en 2022. Mais, vu le retournement de la conjoncture et une baisse des embauches au 3ème trimestre 2023, la négociation salariale restera-t-elle favorable en 2024 ? Alexandre Mirlicourtois (XerfiCanal) en doute.

La mobilité favorise l’augmentation de la rémunération

L’Apec indique que quand ils changent d’entreprise, 6 cadres sur 10 (59 %) négocient leur salaire, un peu plus les hommes (61 %) que les femmes (55 %) dont certaines n’osent pas ; plus ceux qui sont en milieu de carrière (35-54 ans : 61 %) que les plus jeunes (- de 35 ans : 56 %) et les séniors (55 ans et + : 59 %). Et ceux qui n’ont pas négocié sont ceux pour qui la proposition de l’entreprise correspondait à leurs attentes.

Pour l’Apec, négocier son salaire à l’embauche dépend de la posture du prétendant. Et elle préconise de mettre en valeur son expérience professionnelle et son expertise, sa motivation pour ce poste, ses compétences comportementales, une capacité à intégrer une équipe …avant de parler salaire, dont la négociation a pris pourtant une importance accrue avec la forte inflation.

En fait, la mobilité est très souvent la voie de l’augmentation de la rémunération, salaire et accessoires ou part variable. Selon l’Apec, repris par XerfiCanal, en 2022, 74 % des cadres qui ont changé d’entreprise ont effectivement connu une augmentation de salaire et 72 % de ceux qui ont obtenu une mobilité interne, contre 55 % seulement de ceux qui sont restés dans le même poste.

L’impact de la conjoncture

Les années 2021-2023 ont été bien plus favorables que toutes les années précédentes aux négociations salariales d’embauche, en particulier pour les cadres, vu le nombre des secteurs en tension, les transitions numérique et écologique, le besoin de compétences nouvelles…

Mais Xerfi remarque que la conjoncture a commencé à se retourner : au 3ème trimestre, l’Apec a proposé 13 % d’offres d’emplois de moins qu’un an auparavant, année faste pour l’emploi des cadres, et même moins que 2021, année de reprise après le covid-19. Si les secteurs de la santé et de l’action sociale se maintiennent, beaucoup d’autres branches envisagent moins de recrutements, même l’informatique ou le marketing qui jusque-là offraient beaucoup de postes. Pour A. Mirlicourtois, cela risque bien de se répercuter sur le niveau des salaires d’embauche et la qualité de leur négociation.

En guise de conclusion

L’inflation semble sur la pente de descente et l’Insee s’attend au chiffre de 4,4 % sur l’ensemble de l’année 2023, en même temps que des hausses de salaires de 4,5 %, ce qui maintiendrait le pouvoir d’achat. Les NAO sur les salaires 2024 risquent donc d’être plus tendues si la conjoncture reste morose et les équipes syndicales ont intérêt à préparer leurs arguments de négociation. Et les candidats au recrutement resteront-ils en position de force ou celle-ci passera-t-elle aux employeurs ? C’est toute la question à surveiller l’an prochain.


Références