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Les reconversions professionnelles et la crise

samedi 1er mai 2021

Dans un avis rendu le 23 mars, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) s’est penché sur les dispositifs d’accompagnement et de formation des actifs et sur les reconversions professionnelles. Elles représentent un enjeu fort dans un contexte économique et social perturbé par la pandémie même si le déclin de certaines activités et la mise en évidence d’autres besoins ont précédé nos difficultés actuelles, le Cese invite à changer de paradigme et monter en puissance pour s’adapter aux mutations induites par les crises numérique, écologique et sanitaire.

À l’aune de la pandémie

L’assemblée du Conseil a mené son analyse et ses recommandations à l’aune de la pandémie même si les membres du Conseil ont l’humilité de reconnaitre la difficulté d’établir des recommandations solides face à une crise pandémique sans perspectives claires. Mais le Cese identifie d’ores et déjà des activités menacées avant la crise du Covid-19. Il cite le commerce de l’habillement, la vente et la réparation automobile, le monde de la consommation…

Les 16 recommandations contenues dans l’avis visent à accompagner les transformations des métiers et des qualifications. « Cette crise de dimension mondiale génère, comme toute crise, des risques et des ruptures ainsi que des innovations et des opportunités », pour le Cese. La crise a provoqué une montée du chômage et beaucoup de craintes pour les secteurs tenus hors de l’eau par les aides publiques. Pour le Cese, il faut traiter la question des reconversions professionnelles dans une approche qui s’inscrit désormais sur le temps long, « celui qui va d’un changement d’emploi à un changement de métier » et monter en puissance.

L’accompagnement est la clé d’une bonne reconversion

Dans son avis, le Cese sort du cadre de l’entreprise et de la reconversion professionnelle telle qu’on a l’habitude de la mener. Autre temps, autres mœurs ! ainsi il s’intéresse à tous les publics, les jeunes encore en formation, ceux tout juste diplômés, les CDD ou encore les demandeurs d’emploi et les indépendants. S’il est important de traiter les reconversions professionnelles après une perte d’emploi, il est tout aussi important de sécuriser les changements de carrière « plus en amont », c’est-à-dire avant un licenciement, ou face à la difficulté de trouver un poste dans son secteur.

Le Cese préconise donc la sensibilisation des salariés et des jeunes, dès leur formation, à ces questions, en les informant sur leurs droits, leurs possibilités et sur ce qu’implique administrativement une reconversion professionnelle. Pour les salariés, l’objectif est de leur permettre de passer d’un métier à un autre en créant des passerelles entre les secteurs d’activité (notamment en revalorisant et en certifiant leurs compétences et en leur donnant facilement accès à des formations courtes) avec une transition simple et efficace.

Trois objectifs principaux

Pour le Conseil, le besoin d’anticipation et d’accompagnement des reconversions professionnelles doit s’inscrire dans un tableau plus large : celui des grandes transitions économique, sociale et écologique qui ont des conséquences pour l’ensemble des activités professionnelles et sur notre environnement. Il dégage donc trois objectifs principaux pour développer les reconversions professionnelles. D’abord mieux anticiper les enjeux d’une transition professionnelle en renforçant les droits à la formation professionnelle et à la qualification de chaque personne, ainsi que les moyens d’y accéder. Ensuite, accompagner les salariés des TPE-PME dans l’expression de leurs besoins. Et enfin, parvenir à un plan massif d’investissement dans les compétences coordonné entre l’État et les Régions, pour que tous les actifs (indépendants, salariés, demandeurs d’emploi), soient assurés des moyens d’une reconversion professionnelle dans des activités nouvelles ou transformées.

Les 16 préconisations du Cese

  • Confier à France Stratégie une mission d’étude prospective des métiers et des qualifications intégrant des hypothèses volontaristes de transition écologique et à France compétences la mise en œuvre des politiques de certification nécessaires à l’identification des compétences transversales les plus utiles dans les transitions en cours, en concertation avec les branches professionnelles.
  • Harmoniser, dans une concertation entre l’État, les branches professionnelles et les régions, les différentes méthodes prospectives pour apprécier les futurs besoins en compétences des branches professionnelles et des territoires.
  • Construire avec les branches professionnelles des engagements de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) en lien avec les transitions écologique, numérique et démographique.
  • Demander aux collectivités d’utiliser le levier de la commande publique pour soutenir les filières d’avenir et d’intérêt général, à développer pour la transition.
  • Mettre en œuvre des mesures d’accompagnement suffisantes pour les demandeurs d’emploi en vue de leur reconversion professionnelle lorsque celle-ci s’impose.
  • Donner les moyens d’une reconversion aux salariés dont la formation n’a pas été actualisée, en déplafonnant le CPF.
  • Ouvrir le CPF de transition aux demandeurs d’emploi dont les qualifications n’ont pas été actualisées lorsqu’ils étaient en emploi.
  • Engager une réflexion sur la sécurisation des transitions professionnelles quel que soit le statut des personnes concernées et sur l’harmonisation des dispositifs, en particulier en termes de droits à la formation professionnelle.
  • Investir massivement dans l’effort d’accompagnement des transitions professionnelles grâce à la mobilisation du plan d’investissement dans les compétences et des plans régionaux d’investissement dans les compétences.
  • Encourager le dialogue social dans toutes les entreprises, y compris les TPE PME, pour mettre en place une gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences donnant accès au dispositif « Transitions collectives ».
  • À défaut d’accord d’entreprises, ouvrir le dispositif « Transitions collectives » aux entreprises relevant d’un accord de GPEC territoriale ou de GPEC de branche.
  • Prévoir une évaluation du dispositif transitions collectives, sur les critères de la variété des publics volontaires et de la durée des temps de formation. Le Cese préconise en particulier que les salariés des entreprises en procédure de redressement judiciaire accèdent au dispositif Transitions collectives.
  • Renforcer le dialogue social dans les CSE en réalisant des études d’impact économique et social liés aux risques climatiques et en transformant la base de données économiques et sociales (BDES) en BDESE par l’ajout d’une dimension environnementale.
  • Informer, par une grande campagne de communication, sur le droit au conseil en évolution professionnelle et faire financer les bilans de compétence par le CPF de transition professionnelle.
  • Assurer aux indépendants l’accès au CPF, avec des moyens renforcés, pour accompagner leurs reconversions professionnelles.
  • Ouvrir le dispositif Transitions collectives aux indépendants, qui souhaiteraient se reconvertir vers le salariat.

En conclusion, le Cese en appelle à la mobilisation de tous les acteurs de l’emploi (les départements, les régions, les entreprises, France Stratégie, France Compétences, Pôle emploi...). Il les appelle à une meilleure coordination et à la recherche d’une méthodologie commune pour aider et encadrer au mieux les travailleurs en reconversion. Pour le Conseil, la réussite de la relance passe par une politique volontariste de reconversions professionnelles. Enfin, si cet avis se centre sur les reconversions dans le secteur privé, le Conseil attire l’attention sur l’importance de la réalisation d’un travail comparable pour la fonction publique.


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