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Les jeunes, la crise sanitaire et leurs souhaits de réorientation

samedi 3 septembre 2022

Le CEREQ s’est penché sur les jeunes sortis du système scolaire en 2017 (Génération 2017). Trois ans après leur sortie du système scolaire ils ont été impactés par la crise sanitaire due au Covid. L’enquête révèle quelques surprises. Si la crise et le confinement ont eu un impact plutôt limité sur leur situation d’emploi, elle montre que plus d’un jeune sur trois a repensé son projet professionnel à la suite de cette crise. La crise a-t-elle boosté l’envie de réorientation professionnelle des jeunes ? Pourquoi et qui sont les jeunes concernés ? Quelques éléments de réponse.

Des enquêtes de générations fort utiles

Les enquêtes Génération du Céreq analysent les premières années de vie active des jeunes qui quittent le système éducatif. C’est un outil indispensable pour les politiques d’emploi comme de formation. La nouvelle étude sur les parcours de la Génération 2017 aborde les souhaits de réorientation de ces jeunes trois ans après leur entrée dans la vie active. Au moment où la crise sanitaire survient en France, 72 % des jeunes de la Génération 2017 étaient en emploi, 16 % en recherchaient un, 4 % étaient en formation ou reprise d’études et 8 % étaient dans une autre situation.

Un impact limité sur leur emploi

Les chercheurs ont constaté un impact limité du confinement sur leur situation d’emploi. Le premier confinement a provoqué un recul de 2,8 points du taux d’emploi de leur Génération et les mesures prises pour préserver l’emploi et le rebond estival ont permis d’amortir le choc. 92 % des jeunes en emploi en mars 2020 l’étaient toujours en septembre 2020.
Ils ont connu les mêmes perturbations que les autres salariés, 27 % d’entre eux ont dû cesser de travailler tout en conservant leur emploi. Ceci est surtout valable dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. 44 % des jeunes employés dans le secteur privé ont bénéficié du chômage partiel. Il a conduit à un tassement du revenu pour un quart de la Génération 2017.

Repenser leur projet professionnel à la lumière de la crise

Le CEREQ indique qu’un peu plus d’un tiers des jeunes de la Génération 2017 ont déclaré que la crise sanitaire les avait conduits à repenser leur projet professionnel. Mais les chiffres révèlent une grande différence d’approche en fonction de leur statut d’emploi. Ainsi les jeunes en recherche d’emploi et les autoentrepreneurs sont les plus concernés par cette volonté (respectivement 47 % et 44 % d’entre eux). Les jeunes en emploi sont concernés à 32 % et les jeunes fonctionnaires seulement à 14 %.

Cependant l’enquête révèle que le niveau de diplôme n’est pas clivant. En effet ce souhait concerne 37 % des non-diplômés, 30 % des détenteurs d’une licence professionnelle ou encore 38 % des diplômés d’école d’ingénieur ou de commerce.

Pourquoi ?

Il y a manifestement un lien avec la situation d’emploi antérieure à la crise car ceux qui ont connu des situations dégradées ou contrariées par rapport à l’avant crise sanitaire réfléchissent davantage que les autres à une réorientation professionnelle. Les jeunes qui étaient en formation en mars 2020 lorsque la formation a été interrompue définitivement par le confinement sont les plus concernés par le phénomène. Plus la situation d’activité initiale a été déstabilisée, plus on a cherché à revoir son projet professionnel.

L’orientation à changer est en fait liée au degré d’inquiétude par rapport à l’avenir professionnel. C’est la variable que les jeunes citent le plus souvent, loin de l’acquisition de nouvelles compétences ou d’un souhait de progression professionnelle par exemple. Ainsi parmi les jeunes qui se disent très inquiets sur l’avenir, 63 % déclarent avoir repensé leur projet professionnel. Et cette relation forte s’observe à tous les niveaux de formation nous apprend le Centre.

Conclusion

Le fait que les jeunes les plus enclins à repenser leur projet professionnel soient ceux qui sont le moins optimistes quant à leur avenir professionnel et ceux en situation de recherche d’emploi laisse penser qu’il s’agit là d’une stratégie défensive. Ces jeunes qui souhaitent se réorienter en raison de la crise sanitaire vont-ils parvenir à trouver les ressources nécessaires pour changer de voie ? Le CEREQ nous donne rendez-vous en 2023, lorsque cette Génération sera à nouveau interrogée. Un élément de plus pour approcher encore davantage l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi et les stratégies des individus et le questionnement sur le rapport au travail. Affaire à suivre.


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