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Les étudiants aiment les syndicats et le dialogue social

samedi 3 octobre 2020

Une enquête récente réalisée par l’association Réalités du dialogue social montre que les futurs cadres aujourd’hui étudiants ont une vision positive des syndicats et regrettent que le dialogue social fonctionne mal en France. Et même s’ils ont une représentation quelque peu traditionnelle des syndicats, ils plébiscitent les relations sociales apaisées basées sur le dialogue à l’instar des pays du nord de l’Europe. Un dialogue social qui reste tout de même de la responsabilité de l’employeur. Explications…

Une enquête de Réalités du Dialogue social (RDS)

RDS est une association qui promeut le dialogue social sous toutes ses formes et offre aux partenaires sociaux (employeurs et syndicats) un lieu d’échange en dehors des enjeux habituels de la négociation sociale. Elle entend développer la culture du dialogue social au travers d’enquêtes, d’études, de conférences et de formations professionnelles.

L’enquête a été réalisée entre le 18 mars et le 13 avril 2020 auprès d’étudiants en université ou dans des écoles soit directement soit au travers de groupes Facebook étudiants. Les trois quarts des répondants ont un niveau d’étude compris entre la licence et le master dans des filières commerce et ingénieurs. 60 % ont moins de 22 ans et moins d’un sur cinq est engagé dans une association, une ONG ou un syndicat. Près de 9 étudiants sur 10 ont déjà réalisé un stage en entreprise et 70 % estiment bien connaître le fonctionnement d’une entreprise.

Le dialogue social fonctionne mal

En nette amélioration par rapport à l’enquête similaire effectuée l’an passé, les étudiants sont tout de même plus des deux tiers à considérer que le dialogue social fonctionne mal en France (69 % contre 85 % l’an passé à la sortie de la crise des gilets jaunes). Pour RDS, le contexte de la crise du COVID explique probablement cette évolution favorable du fait de la forte implication des syndicats d’une part dans le dossier des retraites et ensuite dans la crise sanitaire.

En matière de relations sociales, ils plébiscitent les modèles scandinaves ou allemands basés sur la recherche du compromis. Pour 9 sondés sur 10, de bonnes relations sociales favorisent de meilleures conditions de travail et un climat social apaisé. Ils pensent que la recherche de sens au travail ou encore l’existence de nouvelles formes de travail (free-lance, entreprenariat) sont susceptibles d’affecter durablement les relations sociales plus que les inégalités ou la transition écologique.

Les syndicats « utiles »

La représentation des syndicats par les étudiants est encore très marquée par une vision très conflictuelle des rapports sociaux. Dans l’esprit des étudiants, les syndicats sont associés aux termes « grèves », « manifestations », « droit », défense », « revendication », « CGT » mais aussi « protection ». Pour eux, le conflit est plus considéré comme un marqueur social que comme un élément de blocage. 92 % pensent que le conflit est « une tradition française ».

Toutefois, ils pensent que les syndicats sont plus efficaces que des rassemblements de citoyens de type « gilets jaunes ». De même l’émergence de collectifs de désobéissance civile n’arrive qu’en huitième position « dans les transformations sociales susceptibles d’affecter durablement les relations sociales ».

Alors que de nombreux chefs d’entreprise ou responsables politiques considèrent les syndicats comme un frein aux évolutions des entreprises et de la fonction publique, les deux tiers des étudiants pensent l’inverse. Pour eux (74 %), toutes les entreprises ont besoin des syndicats, même quand les salariés entretiennent de bonnes relations avec leur employeur.

Ils attendent des syndicats plus de proximité avec les salariés en développant les espaces d’échange avec eux. En revanche, seulement une courte majorité d’entre eux pense qu’ils doivent s’occuper de la stratégie de l’entreprise.

Pour les étudiants, c’est au management que revient la conduite des relations sociales (39 % les DRH et 27 % les managers), loin devant les salariés (13 %) et les syndicats (11 %). Ils pensent que le vecteur décisif de bonnes relations sociales passe par des réunions entre la direction et les équipes.

Les relations sociales au cœur de la fonction managériale

90 % des sondés pensent que les relations sociales « constitueront un aspect prioritaire de leur vie professionnelle ». Toutefois, les trois quarts ne bénéficient pas de formation spécifique sur ce sujet et sont plus de la moitié à ne pas se sentir préparés à cette fonction. Ils sont 53 % à souhaiter être familiarisés aux relations sociales dans l’enseignement supérieur et même 40 % dans le secondaire en cours d’enseignement moral et civique.

Même si les syndicats bénéficient plutôt d’une bonne image auprès des étudiants, leur place pour un dialogue social de qualité paraît au travers de cette enquête encore mal définie aux yeux des étudiants. L’attente d’un modèle apaisé et d’une plus grande proximité des syndicats avec les salariés sont toutefois une bonne nouvelle pour ceux qui placent au cœur de la stratégie du développement de l’entreprise et le bien être des salariés l’exigence d’un dialogue social de qualité. Que ce soient des étudiants destinés à être les futurs managers des entreprises qui le disent est porteur d’espoir pour l’avenir.


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