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Les jeunes connaissent mal le syndicalisme et le dialogue social

mercredi 14 février 2024

Le syndicalisme et le dialogue social sont encore mal connus des jeunes de 18 à 35 ans même s’ils ne les rejettent pas et jugent qu’il y a de bonnes relations sociales dans les entreprises. C’est à grands traits ce que l’on peut retenir du sondage effectué par l’institut OpinionWay en octobre 2023 pour l’organisme Réalités du dialogue social [1].

Une appréciation mitigée sur la qualité du dialogue social mais plutôt positive dans les entreprises

Les jeunes sont assez partagés sur l’appréciation qu’ils donnent sur la qualité du dialogue social en France. Ainsi, 53 % pensent qu’il fonctionne mal contre 46 % qui pensent l’inverse. Les opinions les plus tranchées sont minoritaires : 15 % pensent qu’il fonctionne très mal alors que 13 % très bien.

En revanche, ils sont plus positifs pour qualifier le dialogue social dans les entreprises : 67 % pensent qu’il fonctionne bien contre 31 % qui pensent l’inverse. Toutefois, les relations entre les employeurs et les salariés sont vues de façon négative. Les jeunes les jugent compliquées (42 %), distantes (35 %) ou encore conflictuelles (27 %) alors qu’elles ne sont équilibrées que pour 20 % des jeunes ou constructives pour 17 % seulement.

Pour les jeunes, c’est d’abord dans les entreprises que cela se passe. Ainsi, ils considèrent que les avancées sociales se jouent essentiellement dans les entreprises (53 %) devant l’État (45 %) ou dans les branches professionnelles (38 %).

Mais la qualité des relations sociales dans une entreprise est d’abord de la responsabilité de ses dirigeants (33 %), du DRH (20 %), des salariés et des managers (18 %) et finalement pas vraiment des syndicats (10 % seulement). Les bonnes relations sociales sont associées à l’amélioration des conditions de travail (62 %), à un climat social apaisé (57 %) et à la communication entre les salariés et la direction (55 %).

Les syndicats sont utiles mais gardent une mauvaise image

Faute probablement de rencontrer les syndicats dans leur vie quotidienne, ils sont associés à des appréciations les plus souvent négatives ou au mieux en termes vindicatifs. Ainsi, quand est posée une question ouverte sur le syndicalisme, ils évoquent les grèves et les manifestations (10 %) ou donnent une opinion critique (10 %) alors qu’ils ne sont que 2 % à donner une appréciation positive. Toutefois, 9 % associent les syndicats à la défense des droits des salariés ou 6 % à de l’aide. La CGT (3 %) est la seule organisation qui est associée spontanément au syndicalisme.

Quand on leur demande s’il y a plus ou moins de salariés adhérents à un syndicat en France par rapport aux autres pays européens, ils sont à peu près également partagés entre moins syndiqués (36 %), plus syndiqués (32 %) et autant (31 %), ce qui dénote à la fois une méconnaissance du syndicalisme en France mais aussi une certaine surévaluation de ses forces au regard du poids réel qu’il a dans le pays. Peut-être un effet du conflit des retraites qui a eu lieu quelques mois plus tôt.

Les jeunes pensent à 72 % qu’on a besoin des syndicats. Ils représentent tous les salariés (64 %) mais considèrent qu’ils s’adressent plus particulièrement aux ouvriers et aux employés (63 %). Les syndicats doivent s’occuper de la défense des droits des salariés mais aussi de la stratégie de l’entreprise (61 %). Toutefois, ils pensent que les mouvements de citoyens sont plus efficaces que les syndicats pour obtenir de nouveaux droits sociaux (60 %). 54 % des jeunes considèrent qu’il n’y a pas besoin des syndicats quand les salariés peuvent régler directement leurs problèmes professionnels avec leurs managers.

Pourtant, rien n’est perdu pour les organisations syndicales. Quand on regarde les motivations principales des jeunes pour rejoindre une organisation syndicale, ils évoquent des idées plutôt positives : contribuer à l’amélioration des conditions de travail (39 %), être mieux informé sur ses droits (37 %) ou encore se sentir utile à la vie de l’entreprise (33 %).

Par contre, ils estiment manquer de compétences (29 %) ou n’ont pas le temps (28 %) ou encore redoutent les conséquences négatives sur leur carrière professionnelle (25 %). Ils sont tout de même 20 % à estimer que les syndicats ne comprennent pas les préoccupations des salariés et 16 % déclarent ne pas connaître les syndicats existants.

70 % des jeunes sont prêts à s’engager pour une cause

Le sens de l’engagement des jeunes est toujours aussi fort, même s’il semble l’être un peu moins chez les plus jeunes (67 % des 18-24 ans). Les associations sont nettement privilégiées (40 % pour l’ensemble et 47 % des femmes) par rapport aux collectifs (18 %) ou une organisation de salariés (16 %). Toutefois, la volonté de s’engager dans un syndicat semble plus forte chez les jeunes ouvriers ou employés (22 % des CSP -).



Les organisations syndicales ont donc encore beaucoup à faire pour convaincre les jeunes de l’utilité et l’efficacité des organisations syndicales. C’est lié en partie aux difficultés qu’ils rencontrent en matière d’insertion professionnelle et d’acquisition d’une relative stabilité professionnelle. Pourtant la syndicalisation des jeunes est un enjeu fondamental pour mieux répondre à leurs préoccupations mais aussi pour renouveler le tissu militant des organisations.


Source


Notes :

[1Sondage réalisé par OpinionWay pour Réalités du dialogue social avec la participation de la CFDT, la CFE-CGC, FO, le MEDEF et l’UNSA selon la méthode des quotas à partir d’un échantillon de 506 personnes représentatifs de la société françaises âgée de 18 à 38 ans interrogés par un questionnaire en ligne du 16 au 18 octobre 2023.