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Congrès CFTC : son président, Cyril Chabanier, vise les 10 % !

mercredi 27 décembre 2023

1 200 militants ont participé au congrès confédéral de la CFTC du 14 au 17 novembre 2023 à Rennes. Si la ligne politique du syndicat n’a pas évolué, le président, Cyril Chabanier, reconduit sans difficulté, a voulu engager plus fortement son organisation dans le développement syndical. Il veut être « le président d’une CFTC à deux chiffres » de représentativité dans le secteur privé (9,5 % lors du dernier cycle) et retrouver la représentativité dans le public. Le fil rouge des débats de ce congrès « Faire autrement », largement partagé par les militants du congrès, a suscité quelques réticences de la part notamment de syndicats du secteur public. Ainsi, si le rapport d’activité a été voté à 96,4 % des mandats, la motion d’orientation a obtenu un score confortable mais en baisse par rapport au rapport d’activité avec 81,7 %.

Produire, travailler, et vivre les relations sociales autrement

La CFTC déclare vouloir « produire autrement » en précisant son positionnement en matière de transition écologique. Elle la veut « juste et efficace » tout en refusant l’écologie « punitive et subie ». Ainsi sur les questions énergétiques, la décarbonation de l’économie doit passer par un « mix énergétique » nucléaire-énergies propres avec des investissements massifs dans le nucléaire nouvelle génération. La CFTC souhaite aussi, pour amortir la transition en matière automobile, revenir sur l’engagement européen de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035.

Plus largement, elle considère que la transition énergétique doit être un objet de dialogue social. Les entreprises doivent plus s’engager dans la loi Pacte sur leur « raison d’être ». Elle soutient aussi l’accord entre les partenaires sociaux sur la transition écologique. Celle-ci doit être traduite dans tous les domaines du social. Ainsi, par exemple, en matière de mobilité au travail, la CFTC souhaite la prise en charge par les entreprises de 75 % des frais de transports collectifs.

La CFTC affirme sa volonté de « travailler autrement » avec un travail qui donne du sens, qui assure la santé-sécurité au travail et favorise la conciliation vie professionnelle et personnelle. Elle souhaite, par exemple, relancer le droit d’expression en entreprise, remettre en place les CHSCT et elle rappelle ses exigences en matière de télétravail.

La CFTC milite pour un travail « justement rémunéré », avec des propositions en matière de calcul du SMIC, d’évolution des grilles de classification et de partage de la valeur avec notamment la généralisation de la participation aux entreprises de plus de 11 salariés et d’égalité salariale.

Vivre les relations sociales autrement doit se traduire dans un agenda autonome des partenaires sociaux plus efficient, ou pour le retour à un rôle plus normatif et de contrôle des branches. Elle souhaite notamment qu’elles retrouvent un rôle prépondérant sur les entreprises sur les horaires atypiques ou qu’elles lancent des « Grenelle » de la transition écologique. Plus largement, la CFTC demande la correction des ordonnances de 2017 notamment en rendant obligatoires les représentants de proximité dans les établissements ou encore en revenant sur la limitation à trois mandats.

« Militer autrement »

C’est sous cette affirmation que la CFTC semble afficher une détermination plus forte pour engager l’organisation vers des évolutions de pratiques et de structures en faveur du développement avec l’objectif de la représentativité à deux chiffres. Au travers des analyses énoncées dans la motion d’orientation on sent une inquiétude sur la capacité de certaines de ses structures à assumer correctement leurs responsabilités syndicales.

Ainsi, la confédération met à disposition des équipes syndicales un certain nombre d’outils pour l’action syndicale (webinaires, documents divers, etc.) mais elle admet « qu’elle ne dispose pas de moyens financiers et humains suffisants pour intervenir sur tout le territoire ». Elle doit donc cibler le soutien vers des « entreprises prioritaires ».

Le développement doit être une priorité pour l’ensemble des structures. Cela nécessite toutefois qu’elles soient en ordre de marche. Ainsi, le texte de la motion indique « qu’il convient de veiller à ce que les structures respectent leurs obligations juridiques ».

Le constat est aussi sévère pour la CFTC dans la fonction publique. « Comment se faire entendre sur les sujets qui concernent la fonction publique quand on ne pèse que 3 % ? ». La confédération souhaite une évolution des pratiques et des structures avec notamment le regroupement de la fédération des agents de l’État avec celle de collectivités territoriales. Un changement qui semble avoir du mal à passer dans certains syndicats de la fonction publique et qui pourrait expliquer en partie le vote un peu en retrait de la motion d’orientation par rapport au rapport d’activité.

La motion fait aussi le constat d’un résultat décevant aux élections TPE (5,9 %) et veut pour les prochaines avoir une « démarche commerciale » avec l’engagement de toutes les structures interprofessionnelles.

Plus largement, la confédération annonce une campagne de développement. Elle engage ses équipes à approcher les élus sans étiquette pour leur proposer de devenir des élus CFTC. Elle énonce aussi quelques exigences pour les élus et les mandatés CFTC en matière d’adhésion et de soutien aux adhérents.

Elle souhaite multiplier les contacts avec le monde politique, les employeurs, les experts et les associations de toutes sortes pour améliorer l’image de la CFTC et mieux infuser ses propositions dans la société.

Forte d’une présence médiatique plus forte de son président que ses prédécesseurs, qui a été saluée par le congrès, la CFTC souhaite accéder encore plus nettement aux grands médias. Cyril Chabanier a déclaré vouloir s’impliquer complétement avec l’ambition affichée d’atteindre les 10 % de représentativité pour le cycle actuel.



La CFTC, avec une équipe dirigeante complétement paritaire, s’est donc donné une feuille de route pour les années à venir. L’enjeu de la représentativité est pour elle existentiel. Pourra-t-elle atteindre les 10 % tant attendus par son équipe dirigeante ? C’est possible avec la dynamique créée par le conflit des retraites. Mais c’est aussi le cas pour les autres organisations. Réponse en 2025, date des résultats du cycle en cours.


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