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Le temps libéré suffit-il à se former ?

mercredi 25 mai 2022

C’est une question d’importance qui retient l’attention des responsables des ressources humaines dans les situations de chômage partiel et bien évidement de pandémie, confinement et autre télétravail. Le CEREQ a exploré cette piste en faisant le lien entre la crise sanitaire et la formation professionnelle. En fait, le temps libéré ne suffit pas pour se former et le centre identifie les principaux leviers et obstacles de l’accès à la formation durant cette période.

Un dispositif d’enquête anticipée

Pendant la crise sanitaire, la formation professionnelle a été mise en avant comme un élément central de la reprise économique et de la sécurisation des parcours. Un discours porté par le gouvernement qui a mis en place des incitations comme le dispositif FNE-Formation, initialement conçu comme une mesure d’appui aux mutations économiques pour les entreprises de moins de 250 salariés et qui a été élargi et repensé comme incitation à la formation. Il convient de rajouter que les partenaires sociaux partageaient cette orientation. Pour sa part, le CEREQ s’est mobilisé dès le début de cette crise, en mettant en œuvre un dispositif mesurant l’impact de cette dernière sur la formation professionnelle, y compris en réinterrogeant les salariés sur leur accès à la formation.

Il faut relever les chiffres intéressants de cette période. Le nombre de formations à distance proposées dans le cadre du compte personnel de formation (CPF) a doublé et le taux de recours au CPF a fortement augmenté en 2020.

Les grands enseignements de l’enquête

  • Le taux d’accès à la formation n’a pas baissé pendant la crise. Ainsi plus de 40 % des salariés ont suivi une formation entre mars 2020 et mai 2021. Ce taux est proche de celui observé pour la même période en 2018-2019.
  • Mais l’accès reste toujours inégal, comme le reflètent les chiffres. La moitié des cadres, contre un tiers des ouvriers, ont déclaré avoir suivi au moins une formation.
  • Les salariés des grandes entreprises tout comme ceux en CDI à temps plein ont été plus nombreux à se former.
  • Globalement, les femmes ont été plus nombreuses à suivre des formations. Ce qui est un indicateur important, mais la présence d’enfants en bas âge a diminué leurs chances de se former, ce qui n’est pas le cas pour les hommes, pères de famille.
  • La formation à distance a profité aux plus qualifiés et le rôle de l’employeur est resté déterminant.
  • Plus de 60 % des salariés formés pendant la période l’ont été au moins une fois en distanciel, et cela concerne particulièrement les plus qualifiés et les télétravailleurs.
  • Pour les non-télétravailleurs (ouvriers et employés essentiellement), les formations en présentiel, avec un recours aux Formations en Situation de Travail (FEST), ont de fait été privilégiées : les FEST ont concerné 44 % des ouvriers, contre un tiers seulement de l’ensemble des salariés.
  • 80 % des propositions de formation reçues par les salariés proviennent de l’entreprise mais celles-ci s’adressent plus souvent aux plus qualifiés, 42 % aux cadres contre 27 % aux ouvriers.
  • Plus encourageant, pendant la crise, un quart des salariés habituellement non formés l’ont été. Il s’agit de salariés à temps partiel, et/ou dans des petites entreprises. Par exemple, 20 % de ces salariés déclarent avoir entamé une Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) ou un bilan de compétences contre 11 % pour le reste des formés.

Une crise révélatrice

La crise pandémique est révélatrice des conditions favorables à la réalisation d’un projet. Si le chômage partiel à lui seul n’a pas été déterminant, la combinaison du temps ainsi dégagé avec d’autres facteurs d’ordre personnel (en particulier les conditions familiales) et professionnel (pratiques de formation de l’entreprise), a pu favoriser le recours à la formation, notamment pour des projets déjà muris en amont.
La crise sanitaire a aussi été révélatrice de la pluralité des leviers et des obstacles à la formation des salariés. Les mesures de chômage partiel combinées à la réduction du coût de la formation pour les entreprises n’ont pas substantiellement modifié les constats habituellement portés sur l’accès à la formation, mettant en lumière les multiples conditions personnelles et professionnelles à réunir.

Au-delà du temps dégagé, l’élargissement de l’offre, une meilleure information et le recours au conseil en évolution professionnelle demeurent essentiels ainsi que les négociations sociales à venir à la suite de l’accord-cadre du 15 octobre 2021 pour adapter la loi « Avenir professionnel » comme le rappelle la chercheuse en charge de l’enquête.


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