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La CFTC : congrès de Poitiers, novembre 2011

jeudi 2 février 2012

À la mi -novembre se tenait à Poitiers le Congrès de la CFTC. Jacques Voisin devait passer la main après trois mandats : son organisation -140 000 adhérents revendiqués dans 1 145 syndicats, soit 122 adhérents par syndicat en moyenne - est confrontée au problème de conserver sa représentativité nationale en 2013.

La tâche est difficile à en juger par le vif conflit avec ses cheminots alsaciens dont la moitié sont partis vers la CFDT, l’UNSA et une fédération autonome et surtout les maigres résultats obtenus à la SNCF, à la poste et dans les fonctions publiques.

La direction de la Confédération avait connu des palinodies dans la désignation du successeur de Jacques Voisin : après avoir désigné le président de CNAF, Jean-Louis Deroussen, homme du Nord, elle avait finalement changé d’avis et retenu le secrétaire général Philippe Louis (55 ans, cheminot alsacien), comme président, car lui, acceptait de faire équipe avec Pascale Coton (48 ans, ex-postière) qui a gagné l’estime des militants sur le dossier des retraites et qui devient secrétaire générale. Elle est considérée comme « progressiste » par l’aile traditionnelle de la CFTC. Le congrès a suivi ce choix, sauf sur le trésorier : Bernard Sagez, qui présentait le rapport organisation-développement a été préféré à Philippe Mencès, trésorier confédéral sortant, proche de Philippe Louis, qui a probablement payé pour le regroupement des fédérations et l’instauration du système de remontée nationale des cotisations.

Cette équipe, qui se veut combative, a pour objectif d’opérer une percée dans les médias, ce que n’avait pas su réaliser Jacques Voisin, pour faire un bon résultat dans les prochaines élections nationales TPE-PME. Avec un rapport d’activité voté à seulement 65 %, mais d’autres votes autour de 80 % des mandats, l’atmosphère était au rassemblement, symbolisé par le retour dans le bureau confédéral des opposants de 2008 de la métallurgie et des transports.

L’organisation est, à l’évidence, confrontée à des difficultés financières (endettement ; fragilité des ressources dépendant à 80 % des subventions). D’où l’accent mis sur la nécessité de poursuivre le resserrement du nombre de fédérations (12 au lieu de 30) et de recentrer les moyens sur le niveau régional. D’où aussi la priorité affichée de trouver de nouveaux adhérents, grâce à des services liés à l’adhésion et à une rénovation des orientations.

Car la CFTC, opposée comme FO à la loi de 2008, compte livrer la bataille de la représentativité, sous ses couleurs, celles des « valeurs sociales chrétiennes ». Optimiste, elle met en valeur de bons résultats obtenus dans la grande distribution (Auchan, Cora), ou à TF1, Bouygues, Cap Gemini, pour se dire assurée de l’avenir. Si elle rejette - au niveau national - les alliances électoralistes contre nature et les fusions, parfois évoquées avec la CGC, l’UNSA, voire la CFDT et même FO, elle n’exclut pas des alliances dans les entreprises « dans le respect de ses valeurs ». Pour ce faire, elle a adopté un rapport-programme de 200 pages « Contre vents et marées, prendre nos vies en mains ». Autour du slogan « Résister, innover, convaincre », la CFTC avance une avalanche de propositions pour défendre la personne humaine contre les lois des marchés financiers, parmi lesquelles on relève : le développement durable et la traçabilité sociale et écologique, le renforcement du rôle des représentants du personnel, le tiers des postes de conseils de surveillance pour des salariés, le chèque-formation, la généralisation de la participation aux bénéfices (partagés en trois tiers), la portabilité des droits, la création du 5ème risque de la Sécurité sociale pour la dépendance, l’interdiction des licenciements boursiers, la création dans chaque entreprise d’un fonds de provisionnement pour risque social, des états généraux de la fiscalité après les élections.

Se rassurant sur l’amélioration, réelle ou supposée, de ses implantations, le congrès n’a pas suivi Bernard Vivier, membre du conseil fédéral, ancien vice-président et directeur de l’Institut supérieur du travail, qui a émis des doutes sur cette autosatisfaction, plaidant pour un rapprochement avec d’autres organisations.