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Illettrisme : conférence Unesco

dimanche 22 février 2009

Sur proposition de l’UNESCO, une conférence francophone sur la lutte contre l’illettrisme s’est tenue à Lyon du 11 au 13 février, co-organisée par l’ANLCI (Agence nationale de lutte contre l’illettrisme) et la Commission française pour l’UNESCO.

Elle prépare la Conférence internationale sur l’éducation des adultes de l’UNESCO qui aura lieu en mai 2009 à Belem (Brésil). 41 pays, 400 personnes étaient présents.

En effet, si l’UNESCO a lancé une décennie pour l’alphabétisation (2003-2012),il paraît difficile que l’objectif soit atteint dans les temps. L’analphabétisme atteint encore des pourcentages souvent élevés dans de nombreux pays et touche en priorité les femmes dans le pays en développement et les hommes dans les pays industriels. Deux exemples : au Tchad, ce phénomène touche les 2/3 de la population (56 % des hommes et 78 % des femmes) ; en France, 9 % de la population de 18 à 65 ans est en situation d’illettrisme (60 % sont des hommes, 40 % sont des femmes ; la moitié en zones urbaines, mais autant en zones rurales et petites villes ; avec souvent un illettrisme dissimulé). Aucun n’échappe à ce fléau.

Il y a des actions nombreuses. Cependant des difficultés font barrage, qui vont, selon les pays, du manque de volonté politique, de stratégies d’État et d’instruments réglementaires au manque de moyens, en passant par le manque de ressources humaines, de ressources écrites, mais aussi dans de nombreux pays francophones une coexistence difficile entre les langues nationales ou locales et le français, langue officielle…

Cette conférence a surtout mis l’accent sur le fait que l’alphabétisation, longtemps considérée seulement comme une question d’éducation, est non seulement un droit humain (d’où des ateliers sur les liens avec la vie sociale, culturelle et citoyenne) mais aussi de plus en plus une question de développement, pour les personnes, pour les entreprises, pour les pays. On ne peut donc plus limiter l’alphabétisation à apprendre à lire, écrire, compter – qui sont fondamentaux -, on ne peut maintenant la concevoir qu’intégrant des apprentissages de pensée, d’esprit critique, de participation, d’adaptation…

Quatre axes concrets sont également ressortis pour que l’alphabétisation soit amplifiée et durable :

Pour intéresser les publics visés et réussir, l’alphabétisation doit partir de leurs réalités et de leurs besoins dans leur vie courante : d’où des ateliers consacrés à l’alphabétisation et vie quotidienne (famille, alimentation, hygiène, santé, environnement). Dans les pays multilingues, l’alphabétisation doit être au minimum bilingue (la langue locale et la langue de communication), malgré de grosses difficultés quand la langue locale est orale.

Alphabétisation et développement tant des pays que la productivité des entreprises et du travail. Des ateliers ont creusé les liens avec les apprentissages professionnels dans l’objectif de qualification et de renforcement des ressources humaines des entreprises, de l’agriculture, de l’artisanat et des administrations.

Or, l’éducation initiale comme la formation continue ne sont pas les seuls vecteurs d’apprentissages ; ils ne peuvent suffire et d’autre part beaucoup passe par l’informel dans les pays en développement. Les expériences professionnelles, sociales, personnelles apportent des acquis. Reconnaître ces acquis est indispensable et permet de mettre les personnes illettrées en situation positive, les aide à sortir de l’exclusion et permet d’optimiser les actions d’alphabétisation et de professionnalisation. Il faut peu de choses pour créer le déclic nécessaire à une sortie de l’exclusion !

D’où le vœu final, qui sera apporté à Belem, d’une initiative internationale de l’UNESCO sur la reconnaissance des acquis de l’expérience, pour créer un cadre de références internationales et une impulsion à l’action.