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CFE-CGC, un congrès tranquille !

samedi 26 octobre 2019

Pas de surprise, François Hommeril a été reconduit sans problème à la tête de son organisation. Un congrès tranquille loin des affrontements passés des deux derniers congrès et qui confirme la ligne ni réformiste ni contestataire adoptée au dernier congrès. Au risque, à l’épreuve des faits, de n’être ni très lisible ni très relayée par des équipes CFE-CGC dans les entreprises, plus portées au dialogue et à la négociation qu’à la contestation.

François Hommeril, à la recherche d’une troisième voie syndicale !

Un discours tranché, une posture plutôt contestataire, une opposition à toutes les réformes sociales de la présidence Macron, le discours du président de la CFE-CGC constitue une rupture avec l’attitude des ses prédécesseurs depuis son élection en 2016 à la tête de son organisation. Une parole qui détonne pour un syndicat plus habitué au compromis qu’à la confrontation mais qui semble ne pas poser de problèmes aux militants ou responsables de la CFE-CGC réunis en congrès à Deauville. D’après François Hommeril, ce discours plus radical est en phase avec ce que lui disent les militants. L’organisation, qui sortait de deux congrès difficiles, a montré une image plus apaisée et rassemblée autour de son président.

Pour François Hommeril, il faut sortir du réformisme qui est une sorte « d’assignation à résidence politique » empêchant de critiquer une réforme qui ne va pas dans le bon sens. Il se veut donc ni réformiste, ni contestataire mais à la recherche d’une troisième voie qui consiste à s’opposer aux réformes sans toutefois aller nécessairement dans la rue. Proposition qui lui a été faite par un délégué et auquel le président s’est refusé de répondre au moins pour l’instant concernant les retraites.

Si le positionnement d’opposant aux réformes, de la loi El Khomri à la réforme de l’assurance chômage, a été plutôt bien accepté par les militants de l’organisation, François Hommeril reconnaît que le bilan est « amer, désabusé et inquiétant ». Il accuse le gouvernement d’avoir mis les acteurs sociaux de côté. « C’est très préoccupant parce qu’une société fragmentée est une société instable, frustrante et au final explosive », dans une interview à l’AEF. Par ailleurs, il critique de façon véhémente la future réforme des retraites la jugeant inutile et pénalisante pour les cadres.

Une organisation en progression en adhérents et sur le plan électoral

Le positionnement plus radical de la CFE-CGC ne semble pas avoir ralenti la progression que l’organisation connaît maintenant depuis quelques années. Elle revendique 147 000 adhérents contre 143 000 en 2012. Mais c’est surtout sur le plan électoral que la progression est manifeste. Avec 10,69 % (+1,26 point par rapport à la période précédente) obtenus au cours du dernier cycle électoral, elle est devenue la quatrième organisation syndicale dans le privé en dépassant la CFTC. Dans l’encadrement, avec 19,39 % des voix, elle est deuxième organisation syndicale, dépassant la CGT et se rapproche de la CFDT encore loin devant (26,99 %).

Cette progression est due en partie à l’augmentation de la proportion de cadres ou assimilés par rapport à l’ensemble des salariés. Mais pour François Hommeril, c’est parce que l’offre syndicale de la CFE-CGC est vraiment adaptée. « Nous parlons au monde d’aujourd’hui, aux gens au travail ».

Une nouvelle équipe, bien élue mais…

L’équipe dirigeante composée du président, son secrétaire général et son trésorier a été élue sans problème avec un peu plus de 90 % des voix. Seul bémol, souligné par l’intervention d’une militante, son absence de mixité. En effet, ont été élus à ces postes clés de l’organisation François Hommeril (Président), Gérard Mardiné (Secrétaire général) et Philippe Tanghe (Trésorier). La mixité a par contre été respectée pour l’élection des huit secrétaires nationaux complétant le Bureau national (4 femmes – 4 hommes) mais seulement 4 femmes ont été élues sur les 20 délégués nationaux. Un délégué a par ailleurs regretté l’absence de diversité dans les responsables nationaux de la CFE-CGC « à quand l’ouverture du syndicat qui soit à l’image de la société française ? ».

Une nouveauté : une sorte de feuille de route écrite sous forme de résolution

Un texte très court sous forme de résolution a été soumis à la discussion du congrès. Une nouveauté par rapport aux précédents congrès qui va permettre à la nouvelle direction confédérale d’avoir « un corpus revendicatif » selon François Homméril. Trois thèmes principaux abordés dans ce texte de résolution : que signifie être membre de l’encadrement aujourd’hui ? Comment recréer l’attachement à l’entreprise essentiellement traité autour de la question de la qualité de vie au travail ? Et comment sortir de l’impasse de la gestion par les coûts, dont l’objectif est de proposer une nouvelle définition de l’entreprise et de sa gouvernance ?

Faisant l’objet d’un vote, les 37 engagements de cette résolution ont pratiquement tous obtenu plus de 90 % des voix. 6 engagements ont fait l’objet d’un amendement dont 5 ont été adoptés par le congrès avec l’accord de la direction confédérale. Un dernier a été adopté contre l’avis des dirigeants : il concernait l’octroi par l’État sous certaines conditions d’un crédit d’impôt pour les entreprises qui s’engageraient dans une démarche de qualité de vie au travail (QVT).

Autre débat qui a juste été ébauché dans ce congrès et qui devrait faire l’objet d’une assemblée générale l’an prochain : la question des moyens des structures territoriales qui devraient se concentrer sur les unions régionales.

Ce congrès sans histoire a permis à son président de conforter son pouvoir sur son organisation. Toutefois, le poids des fédérations reste primordial et l’action des équipes d’entreprise, déterminantes pour son avenir, n’est influencée qu’à la marge par le positionnement confédéral. La question se posera de toute façon dans l’avenir : Y-a-t-il une place pour une organisation spécifiquement cadre aujourd’hui ? La réponse apportée par le président actuel d’une troisième voie syndicale à mi-chemin entre la contestation et réformisme n’est-elle pas qu’une posture pour tenter d’exister encore ?

La CGC en chiffres
Nombre d’adhérents revendiqués : 147 000 adhérents à jour de cotisation. Les deux tiers sont des hommes. Un peu moins de 20 % ont moins de 40 ans et un peu moins de 35 % entre 40 et 59 ans, 18 % ont plus de 60 ans. 50,31 % sont des cadres, 34,94 % sont des techniciens et agents de maîtrise et 14,75 % des retraités.
Représentativité globale : 8,4 % (10,7 % dans le privé, 3,4 % dans le public). Encadrement, dans le privé uniquement : 19,39 % des voix.
La CFE-CGC est composée de 230 syndicats, 96 unions départementales, 18 unions régionales et 10 000 sections syndicales.

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Sources