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Une grande et modeste voix du social s’est éteinte : « Clés du social » perd son fondateur et son animateur Jean-Paul Jacquier

samedi 17 mai 2014

L’idée du site « Clés du social » germa dans l’esprit de Jean-Paul Jacquier au printemps 2005. D’où l’association du même nom. D’où l’aventure d’une petite équipe, surtout de Midi-Pyrénées, que réunissait des expériences communes, de l’amitié, quelques compétences et surtout la conviction qu’avec peu de moyens, on pouvait tenter l’impossible : aider les acteurs de l’entreprise et tous ceux qui veulent suivre l’actualité sociale à mieux la maitriser, en particulier dans le domaine des relations professionnelles, y compris dans sa dimension européenne.

Depuis neuf ans, le site a connu plusieurs visages, avant de trouver sa structure actuelle, et son rythme de deux newsletters par semaine. De 4 520 visites en avril 2009, Clés du social est ouvert aujourd’hui par au moins 20 000 visiteurs par mois. Ses articles ne sont pas signés parce que Jean-Paul l’avait voulu ainsi : le contenu importait davantage que la signature. La règle de départ était que tout texte rédigé par l’un d’entre nous était relu par les autres, annoté, remanié, pour déboucher sur une version définitive pour publication.

Cheville ouvrière, Jean-Paul battait le rappel des partenariats (notamment Dialogues et Syndex) et des dons individuels et d’organisations, laissait courir sa plume, suggérait des sujets à traiter, ne cessait de demander une rédaction plus dynamique, de faire plus court, plus « vivant », tout en allant à l’essentiel et, autant que possible, au mieux informé.
Des chiffres, oui, mais pourvu qu’ils fassent sens ou qu’ils servent aux militants d’entreprise, comme à tous ceux qui s’intéressent au social.

Le site devait être un outil de culture générale et d’aide à l’opérationnel.
Avec trois axes majeurs :

  1. Le social en Europe ; sortir de France, comparer avec ce qui se passe dans le reste de l’Union européenne ; être attentif à ce qui se forge dans la trop lente élaboration d’une Europe sociale.
  2. Mettre en valeur la créativité de la négociation entre les acteurs sociaux en conflit, à tous les niveaux, et d’abord à celui de l’entreprise ;
  3. Souligner l’apport essentiel, quotidien, de ce qui est élaboré par les acteurs sociaux, de ce qui nourrit les pratiques et au final donne du contenu à des dispositions législatives, quand elles sont nécessaires (mais moins il y en a besoin, mieux c’est, du moins était-ce le fond de sa conviction !).

Au total, Jean-Paul voulait aider le syndicalisme français à s’adapter à un monde changeant, à retrouver toujours davantage de proximité avec les salariés, à repérer des raisons d’espérer et d’agir. L’actualité du social, c’était aussi de positiver.
De temps en temps, l’ancien secrétaire national de la Commission exécutive de la CFDT et Président de Clés du social faisait entendre sa voix dans les Echos ou le Monde, sur des sujets qui lui tenaient à cœur.

Quelques heures tous les quinze jours, notre petit collectif, toujours réuni au domicile de l’un d’entre nous à Toulouse ou Boudou, agrémenté d’un bon repas et d’un bon vin, tenait un comité de rédaction. On y échangeait sur l’actualité, sur nos lectures, en fonction de nos coups de cœur ou de rage ; fréquemment surgissait alors l’humour fracassant et le sens des formules de Jean-Paul. Le site, sans que les visiteurs s’en rendent compte, se nourrissait de ces retrouvailles rituelles, aux discussions parfois vives, mais toujours amicales. Agrégés par et autour de Jean-Paul, nous nous répartissions thèmes et sujets, à la mesure de l’envie d’écrire de chacun, nous avons réorganisé l’architecture du site, que gère techniquement au jour le jour Jean-Michel Fraunié et accueilli les contributions occasionnelles de Jacques Bass, Jean-Pierre Moussy, Bernard Krynen, Rémi Bourguignon, Laurent Tertrais...

Durant ces longs mois, marqués par la chimiothérapie, les hospitalisations et les transfusions, le « commandant de bord » Jean-Paul n’en cessait pas moins de suivre au plus près « son » site, de produire, sans jamais se départir de son humour, y compris sur sa maladie et le sort qui l’attendait.

Nous perdons un ami très cher : on ne travaille pas ainsi ensemble neuf ans sans en être profondément marqué. Une seule certitude : sans Jean Paul Jacquier, qui nous manquera toujours, Clés du social ne sera plus exactement le même, …tout en espérant continuer son même chemin.

Jean Lecuir, Marie-Odile Paulet.


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