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Une hausse des RPS (risques psychosociaux) due à l’épidémie

mercredi 7 octobre 2020

Dès le confinement, beaucoup se sont inquiétés du vécu des salariés pendant cette période difficile, syndicats [1], organismes publics (Anact…), etc., avec de premiers résultats d’enquêtes web. Une nouvelle enquête, réalisée par Syndex par le web, a questionné les élus du personnel et délégués syndicaux sur leur perception des conséquences du covid-19 en termes de risques psychosociaux pour les salariés de leur entreprise. La réponse d’ensemble est claire : 83 % d’entre eux pensent que les RPS ont augmenté ou sont apparus pendant cette période. Mais, en même temps, leurs réponses comportent des nuances qu’il faut aussi expliciter.

Les principaux facteurs de RPS pendant le covid-19

Si 83 % pensent que les RPS ont augmenté ou sont apparus pendant cette période, deux facteurs, existants auparavant, se sont surtout aggravés aux yeux des répondants : le stress est en doublement (68 % contre 36 % avant la crise), la perception d’une surcharge de travail augmente fortement (60 % contre 46 %). Et deux autres sont apparus lors du confinement : l’isolement, à 37 % (10 % auparavant), essentiellement dû au télétravail et le désengagement, à 28 % (contre 15 % auparavant). Ils citent aussi la dégradation du lien social, le manque d’information de la part de l’employeur, l’exposition au virus dans le cadre de l’entreprise, la peur des transports en commun, le non-respect des mesures de distanciation par des clients ou des collègues, des conditions de télétravail dégradées, la crainte pour l’avenir économique de l’entreprise, les changements organisationnels perpétuels.

Aussi, dans l’esprit des répondants, pour 2/3 d’entre eux l’état physique et moral des salariés s’est dégradé, alors qu’il n’a pas eu d’impact dans 1/3 des réponses. Les répondants eux-mêmes se sentent malgré tout dans un état assez bon…

Leur perception des changements organisationnels

Ils sont plus nombreux à en trouver de positifs que de négatifs (60 % contre 52 %) depuis le début du confinement.

Certains ont souffert du télétravail imposé, trouvant les réunions vidéo plus fatigantes et les contacts chronophages, des retards de projets qui surchargent le retour, de segmentations du travail, des congés imposés, de lacunes voire d’absence du management, de la dégradation des collectifs de travail, du maintien de bureaux flexibles (flex-office) ou de désorganisation (qui fait quoi ?).

Au contraire d’autres, plus nombreux, ont pu apprécier le télétravail et l’évolution de sa perception par leurs managers ainsi que l’équipement fourni pour travailler à distance, la simplification des procédures, l’efficacité des réunions à distance, la plus grande autonomie dans le travail et la plus grande confiance, la reconnaissance des sujets de sécurité et santé au travail, avec notamment l’instauration de temps de travail décalés pour éviter que les salariés se croisent, ainsi qu’une diversification des formations, notamment pour manager à distance.

Le dialogue social pendant cette période

C’est un autre point positif de cette enquête puisque si, pour 30 %, le CSE n’a pas été impliqué et pour 8 % rien n’a été fait pour compléter le document unique des risques professionnels (DUERP), 70 % disent avoir été plutôt ou très impliqués, en particulier pour le plan de continuité d’activité et le plan de reprise d’activité. Il faut dire, comme l’analyse Catherine Jordery-Allemand, experte à Syndex, que le dispositif de temps partiel supposait un passage devant le CSE et que le risque sanitaire a été évolutif, ce qui nécessitait d’en reparler souvent, au fur et à mesure de l’évolution de la pandémie et mesures gouvernementales. Pour elle, d’ailleurs, les réponses sur cette dernière question montrent un net clivage entre les entreprises et le niveau des RPS atteint selon la qualité du dialogue social qui y régnait.

Encore une fois, la qualité du dialogue social fait la différence. C’est d’autant plus important de le souligner que la rentrée s’effectue d’une façon plus tendue qu’on l’avait espéré en raison de la reprise de l’épidémie avec, pour les salariés, soit à nouveau des risques liés aux transports et/ou à la promiscuité avec d’autres salariés, soit à un retour au télétravail.


L’enquête

Cette enquête réalisée sur le web en septembre est le fruit de 693 réponses, libres, provenant à 60 % d’élus du personnel, à 34 % de délégués syndicaux et 4 % de représentants de proximité du secteur privé. Ces salariés viennent pour 1/3 de grandes entreprises de plus de 1 000 personnes, d’un 1/3 d’entreprises de 300 à 999 salariés, et 37 % d’entreprises de moins de 300 salariés, dotées de CSE et souvent de syndicats. Dans la plupart de leurs entreprises l’activité a été maintenue pendant le covid-19, sur place ou en télétravail.


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