Durant la période allant de 2010 à 2019, l’étude souligne une augmentation de 2,3 % du nombre de jours indemnisés en arrêt maladie en moyenne par an et de 2,1 % pour les arrêts de travail relatifs à un accident de travail ou à une maladie professionnelle (AT-MP).
- Les montants versés ont augmenté de 2,9 % par an pour la maladie et de 3,2 % pour les AT-MP.
- Une hausse plus rapide du fait de l’augmentation tendancielle des salaires.
Durant la période 2019 à 2023 « hors effet Covid », le nombre de journées indemnisées en arrêt maladie a augmenté de 3,9 % en moyenne par an et leur montant a subi une hausse importante de 6,3 %.
- Cette différence de progression entre les deux variables « s’explique par le pic d’inflation et son incidence sur la dynamique salariale », particulièrement sur le SMIC, compte tenu de son indexation sur les prix.
- Cette augmentation touche aussi l’indemnisation au titre d’un AT-MP avec une hausse par an de 3,2 % pour le nombre de journées indemnisées et 5,9 % s’agissant de leur montant.
Les facteurs économiques et démographiques expliquent 60 % de la croissance des indemnités journalières (IJ).
- La tendance ascendante d’avant la crise est d’abord liée à la dynamique de l’emploi et au vieillissement de la population active, mais elle est aussi la marque d’une hausse de sinistralité (en taux de recours et en durée) à âge donné.
- En revanche, l’accentuation de la hausse enregistrée entre 2019 et 2023 est due principalement à une progression plus forte qu’auparavant des taux de recours. La forte hausse des montants d’IJ à partir de 2022 s’explique par plusieurs revalorisations exceptionnelles du SMIC depuis octobre 2021.
- Ces revalorisations du SMIC bénéficient surtout aux plus jeunes, dont les IJ sont nettement plus faibles : 27 euros en moyenne par journée indemnisée pour les moins de 25 ans et 34 euros pour les 25-29 ans contre 37 euros pour le reste de la population.
En 2023, l’étude évalue à 10,2 milliards d’euros les dépenses liées aux arrêts maladie d’environ 21 millions de personnes assurées, salariés du secteur privé ou contractuels de la fonction publique.
- 5,9 millions de personnes ont bénéficié d’arrêts maladie et 8,4 millions d’arrêts indemnisés, soit une moyenne de 1,4 arrêt par an.
- Ainsi un peu plus du quart des salariés hors fonctionnaires sont concernés par au moins un arrêt maladie par le régime général chaque année.
- Les arrêts maladie représentent 85 % des arrêts de travail indemnisés, 70 % des journées indemnisées et 60 % des montants versés.
- Concernant les arrêts AT-MP, les dépenses atteignent 4,1 milliards d’euros.
- En revanche, dans un contexte de baisse de la natalité, les dépenses consacrées aux congés maternité et d’adoption ne représentent que 2,7 milliards d’euros.
En 2023, les dépenses en nombre de journées indemnisées ont une IJ plus faible pour la maladie (35,70 euros par jour) que pour les AT-MP (54,90 euros par jour), ou la maternité (59,90 euros).
- Le temps partiel thérapeutique représente 8 % des dépenses d’IJ maladie et près de 4 % des bénéficiaires et du nombre d’arrêts maladie indemnisés (contre 5 % et 2 % en 2010).
- Les arrêts de courte durée (moins de 8 jours) représentent près de la moitié des arrêts maladie mais ne correspondent qu’à 4 % de la dépense d’IJ maladie. À l’inverse, les arrêts de longue durée (plus de 6 mois) représentent 7 % des arrêts maladie mais 45 % des dépenses.
- Les arrêts maladie des personnes âgées de 50 ans et plus représentent seulement 29 % du nombre total d’arrêts, mais ces mêmes arrêts engendrent 42 % des dépenses.
- Pour les individus de moins de 35 ans, un tiers des arrêts ne représente que 22 % des dépenses totales.
Hausse des arrêts maladie parmi les seniors : les personnes âgées de 50 à 59 ans restent la population qui concentre le plus de jours d’arrêts maladie (90 millions de jours indemnisés au titre de la maladie en 2023).
- La forte hausse du nombre de jours d’arrêt de travail chez les séniors, constatée depuis 2010, peut s’expliquer par l’allongement de la durée d’activité.
- Le taux d’activité des 55-64 ans est passé de 43,6 % en 2010 à 58,6 % en 2020, atteignant 61,7 % en 2023.
- Une des conséquences de la réforme des retraites allongeant les durées de cotisation et reculant l’âge d’ouverture de la retraite.
Sinistralité croissante chez les femmes sur la période 2020-2023 : les arrêts maladies indemnisés ont plus augmenté chez les femmes (+3,3 %) que chez les hommes (+2 %).
- Les hypothèses tirées des « différences d’état de santé (grossesses), de conditions de travail, de réaction face aux pénibilités, de double charge (professionnelle et domestique), de comportements plus préventifs » pourraient expliquer le fait que les femmes bénéficient davantage d’arrêts maladie.
Du fait de plusieurs revalorisations exceptionnelles du smic depuis fin 2022, le plafond du montant des indemnités journalières a augmenté. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour l’année 2025 a été repoussé, mais il prévoyait une baisse du plafond du salaire pour le calcul des indemnités journalières (IJ) de 1,8 à 1,4 Smic et l’augmentation des jours de carence. Ces mesures, si elles se confirmaient, risqueraient d’obliger les salariés malades de continuer à travailler au risque de voir leur état de santé se dégrader.

Références