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Qui sont les chômeurs qui entrent en formation ?

samedi 4 décembre 2021

Le manque de main d’œuvre dans certains secteurs et les enjeux de la reconversion accentués par la crise du Covid font de la formation un enjeu central pour le service public de l’emploi. L’Unédic analyse les trajectoires professionnelles des allocataires avant qu’ils n’entrent en formation.

L’étude présentée par l’Unedic est basée sur les données issues du fichier national des allocataires (FNA) et des déclarations préalables à l’embauche (DPAE). Elle porte sur les allocataires de l’assurance chômage ayant entamé une formation en 2015 : Qui sont les allocataires qui entrent en formation ? Quelles ont été leurs trajectoires professionnelles auparavant ? Y a-t-il des trajectoires qui conduisent à certaines formations plutôt que d’autres ? Ce sont autant de questions auxquelles l’étude s’attache à répondre.

Parcours professionnels des allocataires avant leur entrée en formation :

  • Les allocataires qui entrent en formation sont en moyenne plus jeunes et plus diplômés que les autres allocataires.
  • Comme le reste des allocataires inscrits à Pôle emploi, un tiers sort d’emplois à durée limitée (CDD, intérim), mais ils ont plus souvent que la moyenne des droits de moins de 6 ou 12 mois.
  • Les licenciés économiques sont plus nombreux en proportion à accéder à des formations.
  • Les formations suivies sont majoritairement des formations certifiantes ou professionnalisantes, d’une durée importante (d’au moins 6 mois dans près de la moitié des cas), souvent dans les secteurs des services à la personne ou de l’échange-gestion.

Il existe une multitude de trajectoires, sectorisées dans l’étude en 5 classes de parcours professionnels avant l’entrée en formation et qui conduisent à des formations différentes :

1- La classe qui regroupe le plus d’allocataires (36 % de l’échantillon), est composée de personnes ayant connu une trajectoire professionnelle stable avec une période d’emploi importante, essentiellement en CDI, avant de connaître une rupture dans leur carrière, que celle-ci soit choisie ou subie (rupture conventionnelle ou licenciement). Ils disposent d’un droit long à l’assurance chômage.

  • Ils sont plus âgés (38 ans contre 35) et ils ont travaillé plus de 2 ans (95 % en CDI contre 60 % dans l’ensemble), avant leur entrée en formation.
  • Ils sont plus nombreux que dans l’échantillon à s’être inscrits à Pôle emploi à la suite d’un licenciement économique (33 % contre 16 %), une rupture conventionnelle (22 % contre 13 %), ou un autre licenciement (23 % contre 15 %). Ce sont plus souvent des hommes (54 % contre 51 %).
  • Ils suivent plus fréquemment une formation courte pour se perfectionner (25 % contre 20 %). On y retrouve une bonne partie des allocataires en contrat de sécurisation professionnelle (CSP).
  • Si les formations sont très variées, les 3 plus fréquentes sont des formations en création d’entreprise (7 % soit 645 allocataires), en anglais (4 % soit 408 allocataires), en bureautique (4 % soit 381 allocataires).

2- La deuxième classe (16 % de l’échantillon) est proche de la précédente avec une durée d’emploi importante mais s’en distingue par le type de contrat qui marque la période observée, essentiellement en CDD de 6 mois. Les allocataires sont des jeunes (39 % contre 20 %), et majoritairement des femmes (58 % contre 49 %).

  • Les trajectoires professionnelles sont là aussi caractérisées, comme pour la classe précédente, par une période d’emploi longue (17 mois contre 13 mois dans l’ensemble).
  • Ils rentrent rapidement en formation après leur inscription à Pôle emploi (8 mois contre 10 mois). Aussi, durant les 2 ans avant leur entrée en formation, ils ont été moins longtemps indemnisés et ont plus souvent repris une activité (66 % contre 56 %).
    *Ces allocataires suivent des formations plus longues, d’au moins 3 mois (54 % contre 45 %), pour plus d’un tiers dans le domaine des services aux personnes.
  • La deuxième formation est celle d’aide-soignant, qui se réalise sur une seule année ; elle est celle qui compte parmi les formations les plus suivies par les allocataires (36 %).
  • La formation pour « orientation professionnelle » est la 3ème formation la plus suivie par les allocataires de cette classe.

3- Le 3ème groupe (27 %) se distingue par l’importance des périodes d’indemnisation et en corollaire d’inscription à Pôle emploi. Les allocataires qui le composent ont peu travaillé dans les deux années précédant l’entrée en formation, mais ont fait beaucoup d’intérim. Ce sont plutôt des allocataires de plus de 35 ans, des hommes, peu diplômés. Ils suivent davantage de formations courtes.

  • Des allocataires avec une ancienneté importante au chômage, souvent intérimaires (27 %).
  • Ils ont été, durant les 2 ans précédant leur entrée en formation, inscrits à Pôle emploi et indemnisés à l’assurance chômage pendant une période importante. Inscrits pendant 19 mois (contre 13 mois), et indemnisés durant 14 mois (contre 8 mois dans l’ensemble).
  • Ils ont moins travaillé durant les 2 ans qui ont précédé leur formation avec seulement 9 mois passés en emploi.
  • Ils sont plus souvent indemnisés par l’annexe pour les intérimaires (17 % contre 9%).
  • Ils sont plus nombreux à avoir un droit au chômage plus long. La moitié a eu au moins droit à 18 mois.
  • Ils sont entrés en formation plus tardivement (19 mois après leur dernière inscription à Pôle emploi), sans avoir suivi d’autres formations durant leur période de chômage pour plus de 8 sur 10.
  • Ce sont plus fréquemment des hommes (59 % contre 51%), de plus de 35 ans (39 % ont entre 35 et 50 ans et 16 % ont plus de 50 ans contre respectivement 34 % et 12 % dans l’ensemble)
  • Ils sont moins diplômés que la moyenne puisqu’ils sont plus de la moitié (52 %) à être titulaire d’un diplôme de niveau CAP/BEP ou infra (42 % dans l’ensemble).
  • Ils suivent majoritairement une formation de moins d’un mois (34 % contre 30 %), et les formations AFPR/PE (action de formation préalable au recrutement) sont légèrement surreprésentées de même que les formations « échange et gestion », création d’entreprise.
  • La formation dédiée à l’orientation professionnelle est la deuxième formation la plus suivie par les allocataires de cette classe.

4- Le 4ème groupe (13 %) est composé d’allocataires qui ont également peu travaillé avant leur entrée en formation, et essentiellement en contrats courts (CDD de moins d’un mois ou contrats d’intérim), mais moins souvent inscrits à Pôle emploi ou indemnisés. Ils sont plus jeunes, ont plus fréquemment un droit à l’assurance courte et entament davantage des formations longues.

  • Durant les périodes travaillées, ils ont eu de nombreux contrats temporaires : en moyenne 8 CDD d’une durée inférieure à 1 mois et 10 contrats d’intérim (contre 2 CDD de moins d‘un mois et10 contrats d’intérim pour la classe 3).
  • Les deux tiers d’entre eux ont moins de 12 mois de droit à l’assurance chômage, tandis qu’ils ne sont que 33 % dans l’ensemble de l’échantillon.
  • Ils sont plus nombreux à avoir une allocation journalière faible : 39 % ont une allocation inférieure à 30 euros par jour, contre 28 % dans l’ensemble de l’échantillon.
  • Ils sont plus jeunes que la moyenne (29 ans contre 35 ans) et 45 % ont moins de 25 ans ; ils ont plus souvent un niveau égal au bac (35 % contre 30 % dans l’échantillon).
  • Ils suivent davantage une formation longue : 32 % suivent une formation d’au moins 6 mois, plutôt dans le secteur des services aux personnes pour près d’un tiers de la classe.
  • 19 % des allocataires touchent la rémunération de fin de formation (RFF) durant cette formation (droit à l’assurance chômage plus courte avec une formation plus longue).

5- Le 5ème groupe (8 %), se caractérise par des trajectoires professionnelles et des parcours de formation dans le secteur de la santé, plus souvent des allocataires jeunes, plutôt des femmes.

  • Les personnes s’inscrivent dans un parcours de formations diverses.
  • Pour les 2/3, la formation suivie en 2015 n’était pas la première.
  • Sur les 2 ans précédant la formation elles ont passé 14 mois en formation (1 mois dans l’échantillon), et peu travaillé.
  • Ce sont en majorité des femmes (76 % contre 49%), plus jeunes (35 % de moins de 25 ans) et plus diplômées que la moyenne des entrants en formation (47 % ont un niveau bac et 24 % ont un Bac plus 3 ou 4).
  • Les deux tiers souhaitent travailler dans le secteur de la santé (32 % contre 11 %), ou du service aux personnes (23 % contre 13 %).
  • Les formations les plus suivies sont infirmiers (+ de 55 %), éducateur spécialisé (12 %), Il s’agit de formations s’étalant sur plusieurs années.

Les difficultés de recrutement frappent plusieurs secteurs. Le gouvernement a comme objectif « de former 1,4 million demandeurs d’emploi en 2022 et il choisit pour les chômeurs le parti pris de privilégier au maximum les formations en entreprise, directement opérationnelles ». L’État va signer « de nouvelles conventions avec les Régions et Pôle emploi, à hauteur de 560 millions, et ouvrir les nouvelles formations à l’ensemble des demandeurs d’emploi quel que soit leur niveau de qualification ». Et pour les demandeurs d’emploi de longue durée (50,3 % des inscrits à Pôle emploi), il indique vouloir « rendre plus incitatif le bénéfice des contrats de professionnalisation pour les adultes », « en étendant sur toute l’année 2022 l’aide à l’embauche des alternants, qui fonctionne très bien pour les jeunes ».


Références