Ainsi 7 Français sur 10 sont touchés de près ou de loin, par le chômage : 10 % des Français (âgés de 15 ans et plus) sont actuellement inscrits à France Travail, 49 % ne sont pas aujourd’hui inscrits mais l’ont été par le passé et 10 % n’ont jamais personnellement connu le chômage mais ont un proche qui est actuellement demandeur d’emploi.
Les allocations chômage sont perçues comme un droit puisqu’issues de cotisations pour 90 %, comme un bouclier permettant à la plupart des chômeurs de vivre dignement (88 %) et plus globalement pour 76 % comme permettant de lutter contre la pauvreté.
Les Français partagent également et massivement l’idée que tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière (95 %) et que le chômage est davantage une situation subie plutôt que choisie (75 %), mais paradoxalement 1 demandeur d’emploi sur 3 (33 %) déclare affronter des critiques au quotidien sur le mode (« on me méprise », « on me dit que je suis assisté », « on me dit que je suis paresseux ») et 6 sur 10 (59 %) font régulièrement l’expérience d’une forme d’inquisition (« on me questionne avec insistance sur ma recherche d’emploi », « on a tendance à ne pas me croire lorsque je dis que je cherche activement un emploi »).
Des Français attachés à une assurance chômage protectrice contre les conséquences de la perte d’emploi et levier de transition professionnelle
La situation de l’emploi est perçue comme ne s’améliorant pas depuis 2022 : 50 % des Français considèrent qu’elle se dégrade (+5 points en 1 an).
En conséquence, 3 actifs sur 10 (28 %) jugent probable de connaître une période de chômage dans les 2 prochaines années, une proportion en hausse pour la 2ème année consécutive (+4 en 1 an, +6 en 2 ans) et 6 demandeurs d’emploi sur 10 (60 %) jugent peu ou pas probable de retrouver un emploi durable.
Aux yeux des Français, le chômage est la résultante d’une conjonction de facteurs économiques et sociétaux – les 3 premières causes exprimées sont : les gens qui ne veulent pas travailler (37 %, +3) ; le poids des charges sociales des entreprises (33 %, +6) ; la tendance des entreprises à faire plus avec moins de collaborateurs (27 %, -3).
Le chômage est cependant pour beaucoup synonyme de difficulté ; une majorité de demandeurs d’emploi et un tiers des actifs en emploi estiment difficile de retrouver un emploi lorsque l’on est au chômage, en particulier de retrouver un emploi au même salaire – et synonyme de perte de revenus : 75 % des actifs en emploi estiment que s’ils se retrouvaient demain au chômage, leurs revenus seraient inférieurs à leurs revenus actuels, 62 % vont jusqu’à penser que leur situation financière serait tendue. Une opinion que corroborent les demandeurs d’emploi : 75 % d’entre eux affirment que depuis qu’ils sont au chômage, la situation financière de leur foyer s’est effectivement dégradée.
Dans ce contexte, 60 % des Français se disent attachés au modèle français d’assurance chômage, une proportion en hausse de 3 points sur 12 mois, une progression principalement observée parmi les actifs en emploi (59 %, +6).
Ainsi, 73 % considèrent que le fait qu’il existe des allocations chômage réduit l’inquiétude de perdre son emploi.

Bouclier face à la perte d’emploi, les allocations chômage sont également perçues comme un levier pour réaliser les transitions professionnelles.
Parmi les actifs (72 %) qui ont changé d’emploi au cours de leur vie professionnelle (changement d’employeur, de métier, reconversion, passage du salariat à l’indépendance), 37 % (soit 27 % des actifs) n’auraient pas pu le faire sans les allocations chômage.
En outre, le fait qu’il existe des allocations chômage rend moins risqués les changements volontaires de vie professionnelle pour 3 Français sur 4 (77 %). Un point de vue partagé par les 30 % d’actifs qui ont actuellement pour projet de changer de métier (78 %).
Les Français « noircissent » la situation de l’emploi et connaissent mal leurs propres droits
Les Français ont une image déformée du profil des demandeurs d’emploi :
- 87 % surestiment la part de demandeurs d’emploi qui touchent une allocation chômage (au 2ème trimestre 2024, seuls 40 % des demandeurs d’emploi inscrits à France Travail sont indemnisés par l’Assurance chômage).
- 56 % sous-estiment la part de demandeurs d’emploi qui ont une activité professionnelle (au 2ème trimestre 2024, la moitié des allocataires pris en charge par l’assurance chômage travaillent).
Les Français ont une connaissance partielle des situations qui ouvrent les droits au chômage et même de leurs propres droits : 61 % des actifs en emploi ne savent pas avec certitude s’ils auraient le droit ou non de bénéficier des allocations chômage en cas de perte de leur emploi.
Approximations, idées fausses et idées reçues alimentent les critiques à l’égard du système et de ses bénéficiaires
Les critiques envers les allocations chômage sont répandues, mais ne sont pas majoritaires :
- 53 % ne sont pas d’accord avec l’idée que la durée moyenne des droits aux allocations chômage est trop longue (47 % se disent d’accord) ;
- 54 % ne considèrent pas les allocations chômage comme un frein au retour à l’emploi (46 % d’accord, -2 en 1 an) ;
- 63 % rejettent l’idée que le montant des allocations chômage est trop élevé (37 % d’accord, - 2).
En outre, les allocations chômage sont très majoritairement perçues comme « utiles » car elles permettent aux salariés de « percevoir un revenu de remplacement en cas de perte d’emploi » pour (93 %).
Les critiques envers les demandeurs d’emploi existent également
61 % des Français estiment que les chômeurs ont des difficultés à trouver du travail car ils ne font pas de concession dans leur recherche d’emploi, mais plus de 6 Français sur 10 refusent de qualifier les demandeurs d’emploi de « fraudeurs » ou « d’assistés ».
L’information sur les réalités du chômage, des demandeurs d’emploi et des modalités de l’assurance chômage produit un recul de la critique. Après avoir pris connaissance d’informations chiffrées sur le chômage et les demandeurs d’emploi (taux de chômage, part des demandeurs d’emploi qui ne touchent aucune allocation chômage et qui ont une activité professionnelle, durée moyenne du chômage) :
- 39 % des Français considèrent que les allocations chômage sont un frein au retour à l’emploi (ils étaient 46 % avant d’avoir pris connaissance de ces informations, soit un recul de la critique de 7 points) ;
- 38 % à estimer que la durée moyenne des droits aux allocations chômage est trop longue (47 % avant, soit un recul de 9 points) ;
- 35 % jugent que la plupart des chômeurs fraudent pour toucher des allocations (contre 37 % avant, recul 2 points) ;
- 32 % sont d’accord avec l’idée que les chômeurs sont des assistés (contre 36 % avant, recul 4 points).
Entre demandeurs et non-demandeurs d’emploi, un fossé sépare la perception du vécu.
Exposés à un cas concret simulé à partir de la réglementation en vigueur sur le salaire de référence et le montant de l’allocation - une personne qui perdrait un emploi à temps plein qu’elle occupait depuis plus de six mois, pour un salaire mensuel net de 2 000 € percevrait une indemnisation chômage d’environ 1 350 € net par mois – 57 % des Français jugent ce montant juste comme il faut, 28 % l’estiment même trop faible et seuls 15 % le pensent trop élevé.
Pour conclure : les Français projettent l’image de « chômeurs fragilisés », voire « abimés », mais l’expérience des demandeurs d’emploi contredit en grande partie ces perceptions.
Sources