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Quels défis à relever face aux dérèglements climatiques ? Les pistes du CESE

samedi 17 juin 2023

Les partenaires sociaux viennent de signer un accord national interprofessionnel – ANI - sur la transition écologique, et ils jugent insuffisants les moyens actuellement dédiés à la prévention face à la complexité des risques professionnels dont les risques climatiques. Parallèlement le CESE dans un rapport de la commission Travail et Emploi trace des perspectives.

Le dérèglement du climat se traduit non seulement par une aggravation des risques physiques au travail (accidents de travail et maladies professionnelles) mais aussi par l’émergence de risques psychosociaux, de risques liés à l’éco-anxiété, et de conflits éthiques éprouvés par de nombreux actifs. Le sens du travail et l’engagement au travail peuvent en être affectés.

Quelles conséquences ?

L’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a évalué les impacts des dérèglements climatiques sur la santé des travailleurs et sur les conditions de travail :
1-Hausses des températures : canicules, risques liés aux ambiances thermiques chaudes, risques liés à la charge physique de travail, accentuation des phénomènes d’évaporation des substances chimiques volatiles, exposition potentiellement accrue aux UV :

  • Crampes et malaises, déshydratation, coup de chaleur,
  • Risques psychosociaux,
  • Risques d’accidents par effet neuropsychologiques entrainant une altération de la vigilance,
  • Tensions, effets physiologiques.

2- Évolution de l’environnement biologique et chimique : répartition et installation de nouveaux vecteurs (tiques…), migration et installation de nouvelles plantes, végétaux ou animaux, amiante, nanomatériaux, monoxyde de carbone, perturbateurs endocriniens, pesticides :

  • Risques liés aux agents biologiques : infections, intoxications, champignons, allergies, voire cancers.
  • Risques infectieux à transmissions respiratoire, digestive, cutanée.
  • Risques toxiniques (ou toxiques).
  • Risques psychosociaux, pénibilité au travail, inaptitudes.
  • Intoxication, risques maternité, pathologies chroniques, cancers.

3-Modification de la fréquence et de l’intensité de certains aléas climatiques : inondations, augmentation de la quantité de pluie, submersions, augmentation du niveau des océans, sècheresses estivales, feux de forêts, cyclones, foudre, répétition de ces épisodes d’aléas climatiques, risques d’interruption de la production, perte des outils de production/du fruit de la production, dévastation de l’entreprise :

  • Accidents, blessures, maladies infectieuses, risques de décès ;
  • Fatigue/épuisement physique et psychique pour tous ces personnels ;
  • Exposition accrue des travailleurs en extérieur aux aléas ;
  • Risque à cause du contrôle du feu qui devient plus difficile ;
  • Pertes d’emploi pour les travailleurs ;
  • Souffrance morale avec répercussions sur l’état de santé général ;
  • Risques psychosociaux (et notamment pour les salariés en banque et assurance face à l’insécurité du monde de demain).

4 -Pollution de l’air  : dégradation de la qualité de l’air, augmentation de l’exposition aux pollens, polluants et autres agents perturbateurs :

  • Inhalation de particules (toxiques, allergisantes) ;
  • Asthme et autres maladies respiratoires, cancers, RPS ;
  • Pics pollution et zones à faible émission, accès au travail.

5- Pollution, eau, sols : diffusion de produits dangereux dans l’eau et/ou les sols :

  • Pathologies d’origine infectieuse ;
  • Intoxication, cancers.

Que dit le CESE ?

« L’importance croissante des risques environnementaux plaide en effet pour une approche globale et préventive dans la conception et la mise en œuvre des politiques de santé. La prévention en santé ne peut être dissociée du souci de l’environnement. Le croisement des facteurs appelle un décloisonnement entre la santé au travail et la santé publique :

1-Améliorer les connaissances basées sur l’épidémiologie : développer la recherche, la prévention en assurant une « traçabilité » des données.

2-Renforcer et amplifier les formations des professionnels de santé et des acteurs de la prévention primaire sur la santé au travail et la santé-environnement.

3-Nommer un délégué interministériel placé auprès de la Première ministre pour renforcer la cohérence entre les différents Plans santé au niveau national (travail, environnement, adaptation au changement climatique).

4-Réaliser une campagne nationale sur le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Cette obligation des employeurs doit être une condition de l’attribution et du maintien des aides publiques.

5-Considérer la canicule comme une intempérie ouvrant droit aux congés prévus dans ce cas et envisager l’extension de ce dispositif par la négociation à d’autres activités concernées y compris dans la fonction publique ».

Plusieurs rapports et colloques soulignent les différents dangers du changement climatique pour les salariés et ils proposent plusieurs options. Le CES (comité social et économique) a aujourd’hui, à la suite de l’ANI environnement, une obligation écologique pour traiter des problèmes de proximité de façon concrète dans l’entreprise. Il est temps de réactiver l’article L. 2313-2 sur la mise en place des représentants de proximité et de rappeler leurs compétences. Cet accord aujourd’hui facultatif est peu appliqué, il doit devenir obligatoire pour plus d’efficacité.


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