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Où en sont les métiers de la transition écologique ?

mercredi 11 janvier 2023

Au moment où la question de la transition écologique devient de plus en plus prégnante et nécessite une évolution des modes de production et de consommation pour les rendre compatibles avec la préservation des ressources de la planète, il n’est pas inutile de voir quels sont les métiers et les activités déjà existants, ceux qui se créent, se transforment ou évoluent.

Les actuels métiers verts et verdissants

Les emplois de l’économie verte concernent actuellement près de 4 millions de personnes, en légère augmentation entre les années 2013 et 2018. Mais les métiers verts y sont très minoritaires, avec 140 000 personnes en 2018 (statistique la plus récente), alors que les métiers classiques mais concernés par les enjeux environnementaux, dits métiers verdissants, rassemblent 3,8 millions de personnes.

En effet, la plupart des analyses convergent pour dire que la transition écologique et énergétique ne va pas majoritairement créer de nouveaux métiers mais contribue surtout à faire évoluer les métiers existants. D’où l’importance de formations qui permettent d’acquérir les compétences nécessaires aux métiers pour qu’ils puissent s’adapter et participer réellement à la transition écologique et d’assurer les transitions professionnelles pour les salariés dont les métiers risquent d’être touchés par les évolutions des secteurs d’activité.

L’ensemble de ces emplois est essentiellement tenu par des hommes, dont beaucoup au niveau CAP-BEP (31 %). Et la proportion de diplômés du supérieur (bac +3 ou plus) y est un peu inférieure à celle de l’emploi total (37 % contre 43 %).

  • Les métiers verts

Ils se situent dans 3 domaines : la production et distribution d’énergie et d’eau (41 %), en baisse dans les années 2013-2018 (-12 %), l’assainissement et traitement des déchets (36 %), la protection de la nature et de l’environnement (23 %) qui, elle, est en essor dans ces mêmes années (+8,7 %). Les 2 premiers sont surtout des emplois ouvriers, au niveau CAP-BEP, avec essentiellement des salariés hommes. On trouve plus de femmes dans les métiers plus qualifiés de la protection de la nature et de l’environnement, ingénieures (41 % de femmes dans ces emplois) et, en proportion moindre, techniciennes, agentes techniques. Dans les métiers verts, la plupart sont en CDI (88 %) à temps plein (93 %).

  • Les métiers verdissants

Ils représentent 3,8 millions de personnes, soit 14 % de l’emploi total. Les secteurs d’activité sont plus nombreux, comme le montre ce tableau.

Bâtiment 37 %
Industrie 20 %
Transports 20 %
R&D 9 %
Agriculture, sylviculture, espaces verts 6 %
Tourisme, animation 5 %
Achats 3 %
Total 100 %

Là aussi, les hommes forment l’immense majorité (81 %), notamment en raison de leur présence dans le bâtiment ou les espaces verts. Et on retrouve des femmes dans les secteurs plus qualifiés, tels qu’achats et tourisme-animation.

Parmi ces emplois, près des ¾ (73 %) sont en CDI, au même niveau que dans l’emploi total (74 %), sauf dans le tourisme-animation et la recherche publique où existent beaucoup de CDD.

De nouveaux métiers

Il existe cependant quelques métiers nouveaux dont l’émergence commence et qui correspondent à de nouveaux besoins issus des préoccupations nouvelles des entreprises en réponse à l’urgence écologique. On y trouve notamment :

  • des métiers de la décarbonation, c’est-à-dire des professionnels spécialistes du bilan carbone, en particulier au niveau des énergies utilisées dans les activités des entreprises pour aller vers des énergies alternatives et pour diminuer nettement l’empreinte carbone des entreprises ;
  • des métiers du numérique pour un numérique plus neutre en carbone ;
  • des métiers de la performance extra-financière, à partir de la directive européenne de 2022 (CSRD) sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises, qui s’appliquera progressivement de 2024 à 2028 à toutes les entreprises cotées, y compris les PME cotées. Donc des spécialistes formés à l’analyse de ces données.
  • des métiers de la biodiversité, dans le but d’analyser l’impact des activités des entreprises sur la biodiversité et sur la dégradation des écosystèmes afin de mettre en place des stratégies de préservation de la biodiversité.

On voit, par leur définition, que ce ne seront pas des métiers pléthoriques. Pour ces nouvelles spécialités aussi, l’existence d’une formation adaptée et solide est nécessaire. Or, jusqu’ici, les formations du supérieur sensibilisent et forment peu à la transition écologique et au développement durable, ce qui explique les réactions de jeunes diplômés de grandes écoles ce dernier printemps [1] . Le rapport Jouzel en février 2022 a donné des pistes pour combler ce retard.

Pour conclure provisoirement, que ce soient les métiers verts, verdissants ou nouveaux, la transition écologique va surtout faire évoluer les métiers. Peu deviendront obsolètes, tels ceux des moteurs thermiques. Pour ceux-là, une transition professionnelle est à organiser. Pour la plupart des autres, il s’agit d’une évolution du contenu du métier pour y intégrer les exigences du développement durable. Aussi une acquisition et une montée en compétences s’avère nécessaire. La transition écologique suppose des formations continues qui permettent de se l’approprier et des plans de développement des compétences dans les entreprises qui se situent au niveau de ces enjeux. À suivre dans les réunions du CSE et de sa commission spécialisée si elle existe, voire pour demander une négociation sur ce sujet.


Références