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On reparle des emplois vacants

samedi 19 janvier 2019

Le chômage, même en légère baisse sur l’année 2018, reste très fort en France et descend très lentement. Pourtant, Pôle emploi évalue de 200 000 à 300 000 le nombre d’emplois non pourvus cette année. Ces propositions de recrutement de plus d’un mois, dont 55 % en CDI ou CDD de plus de 6 mois non pourvues sont en augmentation et cela touche particulièrement les TPE (un peu plus d’une sur deux). On retrouve là les chiffres d’emplois vacants de 2008, donc d’avant-crise, mais avec un chômage bien supérieur (9 % au lieu de 7 %). Si ces chiffres sont le signe d’une reprise des embauches, ils posent question quant à leur importance relative, à leurs explications et aux réponses nécessaires.

Les emplois vacants : une importance relative dans notre pays

Deux types de comparaison justifient ce titre.

  • Par rapport au nombre d’offres d’emplois de plus d’un mois déposées chaque année : elles sont de 7,6 millions. 200 000 à 300 000 offres non pourvues représentent donc un pourcentage limité parmi les offres. Ramenées en emplois complets à l’année, elles ne représentent que 0,5 à 1 % des demandeurs d’emploi de catégorie A, même si elles apporteraient 130 000 à 210 000 postes supplémentaires dans l’année, chiffre non négligeable mais de niveau bien moindre que la demande d’emploi.
  • Une autre comparaison relativise aussi ces emplois vacants français. Dans l’UE, les pays du nord et de l’est se plaignent de peiner à recruter. Quelques chiffres sont très significatifs, à commencer par l’Allemagne avec 1,240 million d’emplois vacants ; on est là dans un autre ordre de grandeur. C’est le cas aussi des Pays-Bas, de la Suède, de l’Autriche, pays, comme l’Allemagne, au faible taux de chômage. Dans les pays de l’Europe centrale et orientale, Pologne, Hongrie, République tchèque, la pénurie de main d’œuvre fait suite à l’émigration et au rattrapage économique. Le vieillissement des populations aggrave le problème dans la plupart de ces pays.

Deux raisons de natures différentes aux emplois vacants français

  • Il y a d’abord la qualité des emplois proposés. Les emplois non durables ou partiels ne correspondent pas aux souhaits de beaucoup d’actifs. Certains secteurs n’attirent pas, que ce soit en raison d’offres à temps partiel, du niveau des salaires, ou des conditions de travail, de sa difficulté, des horaires, voire d’une image négative. C’est le cas en particulier de l’hébergement-restauration et de certaines activités de service. Pôle emploi cite les charpentiers et les couvreurs parmi les recrutements les plus difficiles. Le secteur industriel peine à recruter, en particulier dans certains métiers de la métallurgie. Mais, dans un tout autre secteur, c’est aussi le cas des aides à domicile et des aides ménagères, par exemple.

Top 10 en part de recrutements difficiles en 2018 par métier
{}Tableau Pôle emploi - Top 10 en part de recrutements difficiles en 2018 par métier

(cliquez sur l’image pour l’agrandir)
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Différents sont les secteurs du numérique, des activités scientifiques et techniques où l’on manque de personnes formées avec, en particulier, d’après Pôle emploi 75 000 projets d’embauche dans les métiers de l’informatique.

  • Ainsi, comme dans les autres pays du sud de l’Europe, l’une des sources principales de ces difficultés provient de l’insuffisance et de l’inadéquation des compétences avec les besoins des entreprises et des emplois proposés. Comme le dit Daniel Bloch dans une récente publication de Terra nova sur l’enseignement professionnel, « la rencontre entre les compétences et les emplois se fait mal sur le marché du travail en France. Alors que beaucoup de jeunes ont du mal à s’y insérer, de nombreuses entreprises se plaignent de ne pas trouver de candidats pertinents pour satisfaire leurs offres. Ce dysfonctionnement freine le développement des entreprises et le dynamisme de l’économie française, tout en pesant sur les comptes sociaux et la confiance des salariés dans leur avenir professionnel ». L’Ocde a insisté il y a un an, sur la nécessaire « amélioration des compétences, clé pour dynamiser la croissance et la création d’emplois » [1] .

Des programmes de formation et de qualification ont déjà été développés, tels le plan de formation aux métiers du numérique pour les jeunes sans qualification et le plan de formation de 500 000 chômeurs sous le quinquennat de François Hollande. Mais le problème demeure. Deux types de réponse sont indispensables :

  • Une réforme du système éducatif qui permette réellement une égalité des chances pour tous les enfants pour aller vers les compétences permettant leur insertion professionnelle et qui revalorise les enseignements professionnels. La réforme de l’enseignement scolaire qui a démarré sera à interroger par rapport à ces objectifs.
  • Mais aussi le relèvement du niveau de compétences des adultes par des politiques de formation publiques et d’entreprises. Le lancement du programme PIC (plan d’investissement dans les compétences ; 15 Mds€ d’ici 2022) en ce début d’année par une contractualisation avec les Régions a cet objectif. Destiné aux demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés (1 million) et aux jeunes éloignés du marché du travail (1 million), il s’agira de définir les secteurs en tension et les compétences qui y sont nécessaires et de financer de nouveaux parcours de formation qualifiante et d’accompagnement vers l’emploi durable. C’est un programme dont il faudra suivre précisément les résultats sur les compétences, l’emploi et la compétitivité.

Sources