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Mobilité géographique et emploi : Que nous révèle l’analyse de l’espace national ?

samedi 11 août 2018

La population suit-elle l’emploi ou l’emploi suit-il la population ? Quelles sont les dynamiques territoriales à l’œuvre entre le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest de la France ? C’est à ces questions passionnantes et à quelques autres que nous invite le dernier rapport, écrit en partenariat, du centre d’études pour l’emploi et le travail (CEET) et du CNAM. Avec une constante depuis le début des années 2000 : les mobilités longues s’accroissent.

Une personne sur dix en France change de logement chaque année

La mobilité géographique concerne tout changement de résidence sur l’ensemble du territoire. Elle peut être due à une modification de la situation familiale ou professionnelle des actifs.
Si la plupart de ces mobilités ont lieu au sein d’une même commune, on assiste depuis le début des années 2000 à un accroissement des mobilités longues (c’est-à-dire la migration d’un département ou d’une région à l’autre).

Comment l’évolution de l’emploi et les mouvements migratoires des individus sont -ils liés ?

On peut, d’une part, supposer que la population suit l’emploi, c’est-à-dire que sa localisation dépend de la présence d’un marché du travail dynamique. Mais on peut aussi estimer que l’emploi suit la population car le choix de localisation des entreprises repose sur la proximité d’une main-d’œuvre abondante et qualifiée, mais aussi sur la présence d’un marché de la consommation important.
Partant de ces postulats le rapport vise à étudier, à l’aide d’outils statistiques, le lien entre mobilité résidentielle et évolution des marchés locaux du travail. L’analyse de ce lien est menée à partir des zones d’emploi définies par l’Insee et mobilise les données des recensements de 1999 et 2007.

Les mobilités longues se sont accrues depuis les années 2000

Les migrations résidentielles sont très dépendantes de la conjoncture économique. Par exemple, l’exode rural des années 1950 s’est caractérisé par de nombreux changements de résidence qui ont contribué à l’urbanisation du territoire. Les mobilités ont ensuite fortement diminué au cours des années 1970-1980. Leur reprise dans les années 1990 s’est traduite le plus souvent par des déménagements intra-communaux ou entre communes voisines.
Mais au début des années 2000, les mobilités entre départements ont fortement augmenté, en partie motivées par le niveau très élevé du chômage et par les injonctions de la politique publique. On estime aujourd’hui qu’environ une personne sur dix change de logement chaque année et que 15 % des mobilités résidentielles entraînent une redistribution spatiale de la population entre départements.
Les modifications de la situation professionnelle, qu’il s’agisse de l’entrée dans la vie active, d’un changement d’emploi, d’une mutation ou du départ à la retraite, induisent plus souvent des mobilités de longue distance.

Des dynamiques opposées entre le Nord-Est et le Sud-Ouest de la France

  • 1. Pour la démographie

À l’issue des traitements statistiques, les chercheurs ont observé que les dynamiques résidentielles sont spatialement marquées. Elles montrent en effet une forte opposition entre les zones attractives du Sud-Ouest de la France et celles en déclin du Nord-Est du pays, confirmant ainsi d’autres études.
Les zones situées sur la côte ouest, sur le pourtour méditerranéen et dans la région Rhône-Alpes concentrent une grande partie des flux d’entrées, avec peu de sorties (leur solde migratoire est le plus élevé).
A contrario les zones situées au nord et à l’est voient la plus grande part de leur population s’installer ailleurs sur le territoire, alors que peu de personnes y emménagent.

  • 2. Mais il y a aussi des caractéristiques différentes quant à l’emploi

En effet le contraste est moins marqué lorsque l’on s’intéresse à la croissance locale de l’emploi. De fait, si les opportunités de travail tendent à augmenter dans les zones côtières, certains territoires frontaliers du Nord et de l’Est de la France apparaissent aussi très dynamiques de ce point de vue. Ainsi dans les territoires de Lille, Dunkerque, Valenciennes et Cherbourg l’emploi croît fortement.

  • 3. Les territoires les plus en pointe

Les zones les plus actives suivant les 2 critères d’emploi et de croissance démographique se situent sur les côtes de la Nouvelle-Aquitaine, en Occitanie et en Provence-Alpes côte d’azur.

Des influences mutuelles entre migrations géographiques et croissance locale de l’emploi

Quand la croissance de l’emploi augmente de 1 % dans une zone, le taux de migration net y est en hausse de 0,276 %. Si le taux de migration net progresse de 1 %, l’emploi s’accroît de 1,064 %. Autrement dit, les ménages mobiles se localisent dans les zones où l’économie est prospère, de même que les entreprises créent des postes de travail à proximité de la main-d’œuvre dont elles ont besoin.
Les dynamiques migratoires et la croissance de l’emploi s’influencent donc mutuellement. Pourtant, des analyses complémentaires montrent une dissociation entre les attentes des populations mobiles et les facteurs de dynamique économique. De fait, les ménages s’éloignent des grandes agglomérations, qui concentrent les emplois et où la densité de la population est élevée, et s’installent à la périphérie de celles-ci, même si le taux de chômage y est supérieur.

Les caractéristiques du marché du logement jouent un rôle central et notamment la présence de logements construits récemment. Quant aux emplois, ils se regroupent dans certaines zones afin de bénéficier de rendements croissants. C’est particulièrement le cas des emplois qualifiés, dont la concentration permet une augmentation du capital humain et des gains de productivité.

En conclusion

Pour les auteurs du rapport, l’étude des liens entre mobilité géographique et emploi confirme deux mouvements divergents déjà connus : la création des emplois suit une logique d’agglomération, tandis que les migrations résidentielles se font au profit des zones périurbaines et sont faiblement corrélées aux dynamiques du marché du travail, notamment au taux de chômage.
Pour eux, si les stratégies résidentielles s’émancipent des contraintes liées à l’emploi, le risque d’une inadéquation grandissante entre la localisation de l’offre et de la demande de travail est à prévoir, risque contre lequel ils alertent les pouvoirs publics.
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