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Les violences contre les professionnels de santé

samedi 26 août 2023

Un rapport récent de l’Observatoire national des violences en santé (0NVS) alerte sur l’augmentation des violences à l’encontre des professionnels de santé dans un contexte global difficile dans notre société notamment depuis la pandémie de Covid-19. Malgré les mesures déjà mises en place par les pouvoirs publics, l’ONVS met en avant près de 20 000 signalements de violences par an, ce qui représente environ 30 000 atteintes aux personnes et 5 000 atteintes aux biens. Les rapporteurs de l’enquête formulent 44 propositions qui s’articulent autour de six axes pour lutter contre ce fléau.

Le rapport cite le ministère de l’Intérieur qui observe une défiance assumée de l’autorité sous toutes ses formes (forces de l’ordre, éducation, élus, etc.), y compris de « l’autorité médicale ».

Un regard sur le personnel médical

Si notre regard se fixe précisément sur le personnel médical, une enquête MNH-Odoxa en février 2023 montre que les soignants sont deux fois plus nombreux que l’ensemble de la population active à subir des incivilités et des violences physiques ou verbales au travail. 37% des professionnels de santé hospitaliers disent subir régulièrement des agressions physiques et ce chiffre s’élève à 84% pour les aides-soignants selon le baromètre MNH-Odoxa 2022.

Selon le rapport, en milieu hospitalier, la majorité des soignants victimes de violences sont, à part égale, les infirmiers (47%) et les autres soignants hors médecins (45%). Les médecins représentent 8%. Les femmes constituent trois quarts des victimes. Et en milieu extrahospitalier, 75% des 1 244 incidents déclarés en 2022 concernent les médecins de ville, principalement des généralistes.
Par ailleurs, certaines professions sont particulièrement touchées comme les ambulanciers.

De plus, l’enquête de l’Observatoire signale une sous-déclaration commune à toutes les professions, certains faits sont sous-estimés et il y a parfois une omerta autour des violences internes.

Les conséquences de cette situation

Malgré les politiques de prévention des risques menées par les pouvoirs publics depuis de nombreuses années, les conséquences de ces violences sont majeures pour les personnels car elles représentent un traumatisme pour les victimes comme pour la communauté des soignants. « Lutter efficacement contre ces agressions revêt donc un enjeu crucial, à la fois pour la santé des professionnels de santé mais aussi pour l’attractivité des métiers. Il faut créer les conditions permettant d’assurer la bonne santé physique et psychique des soignants, et donc de soigner dans une atmosphère de travail apaisée et sereine » relève l’enquête.

Quelles préconisations ?

Pour ce faire six axes avec 44 propositions ont été identifiés permettant de structurer une réponse.
 Agir sur les déterminants des violences : en commençant par l’amélioration des conditions d’accueil des patients et de leurs proches, ainsi que par le renforcement du sentiment de sécurité des professionnels de santé. De la même manière, outiller les professionnels pour réagir et concevoir les espaces d’accueil des patients en intégrant les considérations de sécurité bâtimentaire sont des gages d’une sécurité accrue.

 Acculturer les professionnels de santé quand bien même ils considèrent que le traitement des violences ne relève pas de leurs compétences ou de leur métier. Il s’agit de développer les connaissances et les compétences, et en créant des synergies au sein des collectifs de travail en établissement comme en ville.

 Mieux objectiver les faits de violences internes et externes. À ce titre, le rapport identifie la coexistence de plusieurs acteurs investis sur les missions de sécurité. Cela nuit à la lisibilité des outils et des missions de chacun. Il préconise un travail de coopération.

 Accompagner et soutenir les victimes est un impératif. Cela passera par une meilleure association de tous les acteurs concernés autour d’outils de soutien opérationnel. Parallèlement, les auteurs questionnent l’opportunité de faire évoluer la réponse pénale apportée à ces agressions afin de la rendre plus efficace.

 Préparer les futurs professionnels est une priorité. Il faudra à la fois mettre en œuvre un encadrement de qualité aux étudiants et faciliter un signalement rendu délicat par leur place particulière, bien souvent entre le terrain de stage et l’université ou l’institut de formation.

 Communiquer auprès de tous les acteurs. La réitération de messages sur le respect dû aux professionnels de santé doit permettre de recréer du lien avec les usagers. Enfin sensibiliser les soignants aux enjeux de déclaration systématique contribuera également au développement d’une culture santé-sécurité élargie.

En conclusion, à travers ce sujet on voit bien l’importance vitale du maintien des instances locales comme les commissions CHSCT ainsi que l’importance de la négociation collective trop modestement traitée dans le rapport. Un enjeu essentiel pour les équipes syndicales et d’encadrement.


Sources