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Les perspectives de recrutement des métiers en région

mercredi 15 mars 2023

Au niveau national, 5 % des recrutements ne seraient pas spontanément pourvus par les jeunes débutant sur le marché du travail à l’horizon 2030. Qu’en est-il en région ? Les besoins de recrutement resteront alimentés quelle que soit la région par les départs en fin de carrière (taux de départs de 26 % à 31 %). Le niveau des postes non pourvus divergerait selon les régions en fonction du dynamisme régional et de l’attractivité pour les jeunes et les travailleurs des autres régions. Qu’en est-il de ces prévisions ? Décryptage de la DARES (ministère du Travail).

Les régions de l’Ouest et du Sud afficheraient des déficits de main d’œuvre élevés, et pourraient être confrontés à des difficultés de recrutement d’ici 2030. De l’autre côté, les régions intérieures moins densément peuplées (Grand-Est, Hauts-de-France) ont des déséquilibres moins marqués en raison de créations d’emplois plus faibles que la moyenne nationale. L’Île-de-France se singularise par une très forte attractivité pour les jeunes mais aussi par des départs nombreux de ses actifs en emploi vers les régions atlantiques et méditerranéennes.

Déséquilibres potentiels par région à l’horizon de 2030 dans le scénario de référence entre 2019 et 2030 (en pourcentage de l’emploi de 2019)

RégionsMobilités RégionalesJeunes débutantsDéparts en fin de carrièreCréations/destructions nettes d’emploiDéséquilibres cumulés en milliers d’emplois
Occitanie -4 % 24 % 29 % + 8 % 200
Corse -6 % 21 % 27 % + 8 % 10
Provence Alpes Côte d’azur -2 % 24 % 29 % + 4 % 137
Nouvelle-aquitaine -5 % 23 % 29 % + 5 % 146
Pays de la Loire -4 % 25 % 28 % +7 % 95
Bretagne -5 % 24 % 29 % + 6 % 73
Auvergne – Rhône-Alpes -29 % 27 % 28 % + 6 % 174
France métropolitaine 27 % 28 % + 4 % 1 333
Île de France + 8 % 31 % 26 % + 3 % 284
Normandie 26 % 30 % 44
Grand-Est + 2 % 28 % 30 % - 1 % 58
Haut de France +1 % 28 % 29 % + 1 % 59
Bourgogne Franche-Comté -1 % 2 6 % 31 % + 1 % 30
Centre-Val de Loire -3 % 25 % 30 % 22



Explication du tableau : les mobilités géographiques incluent ici l’ensemble des changements de région des actifs en emploi, y compris ceux impliquant des changements de métiers. Elles sont donc neutres sur le déséquilibre potentiel de la France métropolitaine :

  • Entre 2019 et 2030, en Normandie, le déséquilibre potentiel entre les 30 % de besoins de recrutement (soit 30 % de départs en fin de carrière et 0% de créations nettes d’emplois) et les 27 % de ressources de main d’œuvre (26 % de jeunes débutants et 1 % en provenance d’autres régions) représenterait 3 % des 1,3 million d’emplois de la région en 2019.
  • Un déficit potentiel de main-d’œuvre de la façade atlantique jusqu’au bassin méditerranéen et la vallée du Rhône. Les déséquilibres potentiels entre les besoins de recrutement et le vivier potentiel de main d’œuvre (jeunes débutants en emploi et travailleurs venant d’autres régions) sont élevés dans les régions qui vont de la façade atlantique jusqu’au bassin méditerranéen et à la vallée du Rhône.
  • Entre 6 % et 9 % des postes à pourvoir d’ici 2030 ne seraient pas comblés par les nouveaux travailleurs résidents et les jeunes débutants au sud-ouest du pays et en Auvergne-Rhône-Alpes.

L’ampleur de ces déficits potentiels de main d’œuvre au Sud et à l’Ouest s’explique par une dynamique plus marquée qu’au niveau national. Ces régions recoupent le U de la croissance (entre 4 % et 8 % de l’emploi dans la décennie à venir), espace situé de la façade atlantique à la côte méditerranéenne en remontant vers la vallée du Rhône.

  • L’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie concentrent davantage de métiers de cadres de conception et de recherche. Ce marché attire de nouveaux travailleurs en provenance d’autres régions.
  • L’arrivée de ces nouveaux actifs en Bretagne, Corse, Nouvelle-Aquitaine, Pays de Loire, Occitanie pourrait représenter entre 4 % et 6 %.
  • Les travailleurs les plus mobiles sont surtout des professionnels qualifiés.
  • Les aires de Toulouse, Nantes, et l’ensemble Rhône-Alpes sont les seules où la part des moins de 20 ans est supérieure à la moyenne nationale en raison d’un grand dynamisme démographique et d’une concentration et d’une diversité d’établissements de formation.

À l’horizon 2030, toutes les régions présenteraient un déséquilibre positif traduisant un déficit potentiel de main d’œuvre. Pour certains métiers, ce déséquilibre serait élevé partout sur le territoire ; pour d’autres, il serait différent d’une région à une autre :

  • Les agents d’entretien, aides à domicile et conducteurs de véhicules rencontreraient des difficultés de recrutement dans l’ensemble des régions.
  • D’autres métiers, tels que maraichers, viticulteurs et jardiniers, les agriculteurs et éleveurs, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie et les ingénieurs en informatique rencontreraient également des difficultés de recrutement.

Cette aggravation des tensions serait plus marquée dans les territoires du Sud et de l’Ouest dont le marché du travail est déjà très tendu :

  • C’est en partie le cas en Pays de la Loire, en Nouvelle-Aquitaine et en Bretagne. Régions agricoles et industrielles avec des départs nombreux de fins de carrière, des actifs en emploi plus âgés que la moyenne des métiers et les jeunes débutants moins présents.
  • L’Île-de-France afficherait en revanche la plus faible part d’emplois exercés dans des métiers pour lesquelles les difficultés de recrutement risquent de s’accentuer, en raison d’une démographie plus jeune sur le marché du travail (plus de débutants et moins de séniors).
  • Les régions du Nord-Est seraient moins affectées par l’aggravation des difficultés de recrutement, essentiellement en raison d’un plus faible dynamisme de l’emploi. Symétriquement, c’est dans ces territoires que les difficultés actuelles de recrutement pourraient se réduire plus fortement.

Ce panorama régional des métiers en 2030 doit permettre de mieux accompagner les décideurs locaux et nationaux dans leur politique d’emploi, d’orientation ou d’enseignement. En repérant les potentiels déficits de main d’œuvre, il invite à mener les actions nécessaires en amont pour éviter que des pénuries ne viennent handicaper la croissance. La formation est l’un des moyens mais elle ne saurait résoudre toutes les difficultés d’attractivité des métiers et des formations qui y conduisent, et qui appellent des actions de la part des employeurs.


Références