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Les jeunes aspirent à un travail de qualité

mercredi 17 février 2021

L’enquête Défis sur les formations et itinéraires des jeunes salariés confirme la place déterminante, dans les souhaits professionnels qu’ils formulent, de la qualité du travail. Si ces souhaits tiennent pour partie aux conditions d’emploi, ils répondent surtout aux appréciations que les jeunes portent sur leur travail et sur les articulations qu’il permet avec les sphères extra-professionnelles. Le champ de l’enquête concerne des salariés ayant moins de 30 ans des entreprises de 10 salariés et plus en décembre 2013 et ayant connu une période d’emploi dans les 18 mois qui ont suivi cette date jusqu’en 2015.

Le dispositif d’enquête Défis vise à saisir les principaux aspects de la situation professionnelle des jeunes salariés. Il fournit une série d’informations sur plusieurs registres qui permettent d’appréhender le rapport au travail, celui de :

  • L’emploi, qui renseigne sur leur position sur le marché du travail, leur statut, leur contrat et leurs perspectives de carrière.
  • L’information qu’ils donnent sur leur travail, la façon dont ils décrivent le contenu, les pratiques, la gestion des relations sociales, le rapport au savoir et aux connaissances.
  • Leur degré de satisfaction et leur appréciation sur leur travail.

Que souhaitent les jeunes salariés pour les 5 ans à venir ? Pour 73 % d’entre eux « prendre davantage de responsabilités » et pour 79 % « faire évoluer le contenu de leur travail ». Plus de la moitié des jeunes souhaitent « trouver un autre emploi » et 43 % voudraient « changer de métier ou de profession ». Ils sont plus d’un tiers à souhaiter « entrer dans la fonction publique » et un quart à vouloir se lancer dans la « création d’entreprise ».

À quoi tiennent donc les aspirations professionnelles des jeunes ? Un souhait professionnel s’élabore en fonction de la représentation que chacun a de ses atouts, des perspectives qui se présentent et qui définissent un avenir possible. Les dimensions suivantes, sans s’exclure, sont pondérées différemment selon les jeunes :

  • Les conditions de travail et d’emploi, actuelles et espérées sont déterminantes dans la construction et l’expression d’un projet professionnel.
  • Les perspectives d’évolution professionnelle, les conditions de travail et la perception de la qualité du travail sont primordiales.

S’agit-il de sécuriser l’emploi, d’évoluer professionnellement, de donner la priorité à un travail qu’ils estiment de qualité ou à des conditions de travail favorables ? Répondre à ces questions permet de situer les jeunes salariés selon leur rapport au travail et d’examiner comment leurs appréciations se combinent avec leurs souhaits professionnels.

S’agissant de leur avenir professionnel, les jeunes salariés évoquent une pluralité de souhaits dans leurs réponses, on peut identifier 5 groupes.

1- S’épanouir dans son travail. C’est le cas d’un tiers des jeunes salariés (31 %), qui mettent en avant un souhait de progresser dans leur entreprise en s’épanouissant dans leur travail. S’agissant de la qualité de leur travail, ils jugent les conditions de travail confortables, et conciliables avec leur vie familiale. Ils jugent leur travail intéressant et correspondant à leur qualification.

  • 86 % déclarent que leur travail implique d’apprendre des choses nouvelles et 73 % estiment pouvoir utiliser leurs compétences. Ils jugent avoir des possibilités pour suivre des formations en interne dans l’entreprise (41 % formulent une demande de formation auprès de leur employeur contre 35 % dans l’ensemble).
  • Dans ce groupe, femmes et hommes sont représentées conformément à la partition générale (42 % contre 58 %). Plus souvent diplômés de l’enseignement supérieur que les autres (59 % contre 51 % en moyenne), ils occupent des emplois plus qualifiés.
  • Ils ne sont pas plus souvent en CDI (78 % contre 79 % en moyenne) mais ils affichent une ancienneté dans l’entreprise supérieure à la moyenne et ils travaillent beaucoup moins à temps partiel (6 % contre 12 % en moyenne). Ils sont plus souvent dans des grandes entreprises (plus de mille salariés), ils peuvent espérer un avenir professionnel ponctué de promotions.

2- Créer son emploi pour gagner en autonomie et en responsabilités. Un autre groupe de 16 % rassemble les jeunes salariés visant avant tout à gagner leur autonomie et qui envisagent de créer leur entreprise. Ils travaillent dans de petites entreprises (commerce ou réparation automobile).

  • Ils jugent leur travail intéressant, ils ont un fort souhait d’évolution professionnelle et de montée en responsabilité. Ils estiment leur travail « pas assez payé ».
  • Ils craignent à raison un risque de perte d’emploi, car ils sont plus nombreux en recherche d’emploi, comparés aux salariés des autres groupes.
  • Ils sont plus nombreux à estimer que des compétences leur manquent pour bien faire leur travail (59 % contre 49 % dans l’ensemble), d’où un vif souhait de se former (89 %).

3- Trouver un travail à la hauteur de sa qualification. Ils sont 16 % à viser un meilleur ajustement entre leur qualification (en faisant référence à leur diplôme) et le poste occupé. Ils sont insatisfaits du travail exercé (inintéressant, pénible, mal rémunéré, ennuyeux, avec des horaires décalés, des gestes répétitifs…) :

  • 18 mois après la situation décrite, ils sont 22 % à être sans emploi (contre 12 % dans l’ensemble).
  • Ce groupe forme le plus grand écart entre la structure des diplômes et celle des emplois. 49 % de ces jeunes sont diplômés du supérieur (contre 51 % dans l’ensemble) mais 47 % sont en emploi non qualifié (28 % dans l’ensemble).
  • Ils sont plus souvent à temps partiel (22 % contre 12 % en moyenne), moins souvent en CDI (75 % contre 79 %).
  • Ils sont en majorité dans des entreprises à taille moyenne (250 à 499 salariés) et dans les secteurs des « activités de services et de soutien » (21 % sont employés administratifs contre 8 % dans l’ensemble).
  • Les femmes sont surreprésentées.
  • Le souhait d’un nouvel emploi s’impose, ainsi qu’une volonté de se former supérieure à la moyenne malgré le contexte professionnel défavorable.

4- Face à un travail contraignant, regagner du temps pour sa vie personnelle. 22 % veulent une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale et personnelle. Ils font état de conditions de travail pénibles, d’horaires décalés, surchargés (plus de 45 heures). Un sentiment de frustration et de n’être pas assez payés pour leur travail. Ils envisagent d’étendre le temps de vie personnelle :

  • 91 % de ce groupe veulent se former (45 % en ont fait la demande contre 35 % dans l’ensemble). La formation peut revêtir des formes variées (en situation de travail, dans l’entraide entre collègues : 46 % contre 34 %).

5- Ne rien changer à un travail satisfaisant. 15 % n’envisagent pas de changer de travail. Seuls 9 % d’entre eux souhaitent faire évoluer leur activité (contre 79 % dans l’ensemble). Ils estiment leur travail intéressant, suffisamment rémunéré et peu contraignant, appelant des compétences dont ils disposent. Ce groupe compte de nombreux ouvriers (un quart non qualifié) et travaille en majorité dans les transports et l’hôtellerie-restauration.

  • Ils ne veulent ni changer d’emploi, ni se former. Seuls 57 % d’entre eux ont participé à un entretien professionnel (contre 69 %) et seulement 32 % contre 77 % dans l’ensemble expriment un besoin de formation.
  • Leur carrière et leur possible évolution professionnelle passent au second plan, le plus souvent faute de perspectives.

Cette enquête rend compte de la place déterminante de la qualité du travail pour les jeunes. La question du salaire n’est pas considérée pour elle-même indépendamment du rapport au travail et de toutes les dimensions constitutives de sa qualité. Le contexte de la crise sanitaire pourrait faire évoluer leurs aspirations. Trouver un emploi à la hauteur de son diplôme s’avère plus difficile et pour ceux qui ne voulaient pas changer, en hôtellerie-restauration, tourisme, transports, culture, saisonniers…, l’emploi se raréfie. Ils doivent redéfinir leurs aspirations individuelles.


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