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Le coronavirus accélère l’usage du télétravail dans la fonction publique

mercredi 10 février 2021

Il a beaucoup été dit pendant cette année 2020 si particulière que le secteur public avait eu du mal à se mettre au télétravail, comme le montre par exemple le titre du baromètre Wimi-Ipsos du travail ouvert : 2020, Année zéro du télétravail dans le secteur public. Pourtant cette enquête montre qu’il y avait déjà un peu de télétravailleurs avant la pandémie, un nombre non ridicule par rapport au secteur privé, mais que cette pratique était peu intégrée dans le management public. Alors, où en est-on après 2 confinements ?

Les débuts de l’autorisation du télétravail dans le secteur public

La possibilité de télétravailler a été organisée par 2 décrets. Le premier, en 2016 permettait seulement le télétravail régulier ou à jours fixes, avec un maximum de 3 jours par semaine.
Le premier confinement ayant changé la donne dans l’urgence, un nouveau décret du 5 mai 2020 a supprimé la notion de régularité, rendant possible le télétravail par jours fixes à la semaine ou au mois ou par jours flottants par semaine, mois ou année. Si l’agent demande à télétravailler, l’employeur public doit lui répondre dans le mois et on peut instaurer une phase d’essai de 3 mois maximum. En cas de situation exceptionnelle, on peut aller au-delà des 3 jours par semaine et l’obligation de 2 jours sur site ne tient pas. On ouvre aussi les lieux où le télétravail peut se dérouler : à domicile, dans un autre lieu privé ou tout lieu professionnel. On facilite l’usage du matériel personnel en cas de jours flottants ou de télétravail temporaire, …sans que l’employeur public ne paie de location.

Avant le premier confinement

Les répondants à l’enquête sont 13 % à affirmer télétravailler un jour par semaine avant le confinement. On peut rappeler que selon le ministère du Travail, seuls 1,7 million de salariés du privé télétravaillaient en 2017, soit moins de 10 %. Mais le télétravail restait marginal dans la culture administrative.

Quel bilan en 2020 ?

Pendant le premier confinement, la moitié des agents ont télétravaillé. Et seulement 1/3 à 40 % pendant le deuxième où les guichets sont restés ouverts. La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques a dû insister lors du deuxième confinement pour que les hiérarchies considèrent la nouvelle phase de télétravail comme une obligation.

Dans leurs réponses au baromètre, les agents jugent qu’au premier confinement l’administration n’était pas prête, à 73 % et encore 1 sur 2 pour le deuxième, des chiffres beaucoup plus forts que pour le secteur privé (51 et 40 %). Pourtant, ils en tirent un bilan positif à 67 % pendant le 2ème confinement, en particulier pour le gain de temps, l’efficacité du travail personnel et le confort, même si au contraire 31 % considèrent que ç’était « la galère » et que ¼ se sont sentis stressés. D’ailleurs les ¾ des agents souhaitent continuer à télétravailler, juste un peu moins que dans le privé.

Mais ils relèvent les freins existants. Car, si dans les services où le télétravail existait avant la pandémie le confinement s’est bien passé, dans la confiance, ce ne fut pas le cas partout. Le premier frein concerne des outils pas toujours adaptés au travail à distance, avec un accès difficile à leurs programmes et documents (1 sur 2). Mais surtout le confinement a été révélateur de la culture de travail, comme l’analyse l’enquête, en premier celle, très forte, du présentéisme et d’un manque de confiance dans cette pratique par de nombreux managers, habitués au contrôle direct sur place. D’ailleurs la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques est amenée à durcir à nouveau le ton envers les administrations ces derniers jours par une circulaire demandant la mise en télétravail de tous les agents qui le peuvent.

Une négociation en 2021

Cette impréparation et ce manque de culture du travail à distance ont bien montré l’enjeu et la nécessité d’une évolution profonde. D’où la décision de la ministre, annoncée le 22 décembre, d’organiser une négociation sur le télétravail, d’abord pour la fonction publique d’État, « pour (en) faire un mode d’organisation qui soit un outil pour faire évoluer les pratiques managériales ». Un groupe de travail préparatoire s’est tenu le 3 février pour un début de négociation dans la première semaine de mars, avec l’objectif d’aboutir en « fin de printemps ».


Sources