1. Accueil
  2. > Environnement économique
  3. > Emploi
  4. > Moins d’ouvriers en France

Moins d’ouvriers en France

samedi 3 octobre 2020

Le nombre d’ouvriers en activité en France baisse depuis quarante ans, d’après une enquête récente de l’INSEE. Ces professions sont toujours largement masculines mais la structure même de l’emploi ouvrier s’est profondément modifiée et seuls près de 40% d’entre eux travaillent désormais dans l’industrie. Leurs places fortes sont désormais dans la construction, les garages, la manutention...

De 7 millions en 1982 à 5,3 millions en 2019

Les ouvriers en France ne sont plus que 5,3 millions, contre encore près de 7 millions en 1982 au sens où l’entend la définition du Bureau international du Travail (BIT). Ils pèsent de moins en moins lourd parmi les emplois. En quarante ans leur part est passée de 30 % de l’emploi total à seulement 20 %, soit une baisse de 10 points.

Qu’est-ce qu’un ouvrier ?

La catégorie « ouvriers » au sens de l’Insee se décline en 126 professions. Dans sa définition, il s’agit de métiers manuels, souvent d’exécution mais pas toujours, on le voit avec les évolutions les plus récentes, et exercés sous le statut du salariat.

Un changement de nature

Selon l’excellente expression du journal la Croix : « Les ouvriers ne sont plus dans les usines ». La majorité de ceux recensés par l’Insee sont dorénavant maçons, mécaniciens de garage ou préparateurs de commande… On peut les qualifier de manière générale d’ouvriers qualifiés de type artisanal. Ils sont désormais les plus nombreux (25 % des ouvriers).

Les chaudronniers, conducteurs de ligne et tourneurs fraiseurs - les ouvriers qualifiés de type industriel selon la terminologie de l’Insee - ne regroupent plus que 20 % des ouvriers.

Les ouvriers non qualifiés de type industriel représentent 16 % d’entre eux. Leur part a fortement reculé depuis 1982 (–12 points), notamment dans l’industrie manufacturière.

Les chauffeurs, qu’ils soient chauffeurs routiers, chauffeurs-livreurs, coursiers ou encore chauffeurs de bus ou de car, représentent 12 % des ouvriers en 2019, soit 5 points de plus qu’en 1982.

Enfin, deux catégories socioprofessionnelles regroupent chacune moins de 10 % des ouvriers. Il s’agit des ouvriers qualifiés de la manutention, du magasinage et du transport (caristes, magasiniers, conducteurs de train, marins de la marine marchande), dont le poids (8 %) a augmenté de 2 points depuis 1982, et les ouvriers agricoles (qui incluent aussi les bûcherons et marins-pêcheurs), dont le poids (5 %) est semblable à celui d’il y a près de 40 ans.

Les ouvriers non qualifiés de type artisanal, qui regroupent notamment les ouvriers non qualifiés du bâtiment ou les agents d’entretien et les personnes de ménage des bureaux (ou des locaux), comptent pour 14 % en 2019 ; leur part au sein des ouvriers est stable par rapport à 1982.

Une élévation de la qualification

Cette recomposition des emplois d’ouvriers s’accompagne d’une hausse de l’emploi qualifié en leur sein : en 1982, 53 % des ouvriers étaient qualifiés ; ils sont 65 % en 2019.

Une explication principale : la concurrence internationale

« Depuis 1982, l’emploi ouvrier s’est très nettement replié dans la filière industrielle, surtout pour les emplois non qualifiés, indique l’Insee. Moins soumis à la concurrence internationale, les métiers artisanaux, notamment dans le bâtiment et la restauration alimentaire ont mieux résisté. Le développement des échanges et de la sous-traitance a soutenu l’emploi ouvrier dans les transports, la logistique et le nettoyage ».

Des professions majoritairement masculines

Huit ouvriers sur dix sont des hommes, une proportion stable depuis 1982. Leur part est plus élevée encore chez les chauffeurs (91 %) et les ouvriers qualifiés de type artisanal (89 %). Certaines professions y sont quasi-exclusivement masculines, par exemple les maçons, plombiers, électriciens qualifiés du bâtiment (99 %) ou encore les conducteurs routiers et grands routiers salariés.

Des métiers de jeunes

Les ouvriers comptent plus de jeunes que dans l’ensemble des emplois. En 2019, 13 % des ouvriers ont moins de 25 ans, soit 5 points de plus que pour l’ensemble des personnes en emploi.

La majorité des ouvriers possèdent au moins le CAP-BEP

En 2019, 30 % des ouvriers n’ont aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges, contre 14 % pour l’ensemble des personnes en emploi. Les ouvriers sont en revanche près de deux fois plus souvent titulaires d’un CAP ou d’un BEP (41 %, contre 22 % pour l’ensemble des personnes en emploi). Enfin, près de 30 % des ouvriers sont titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme du supérieur, soit deux fois moins que pour l’ensemble des personnes en emploi.

La structure des contrats

En 2019, 11 % des ouvriers occupent un emploi à durée déterminée ou une mission d’intérim de trois mois ou moins, soit deux fois plus que l’ensemble des personnes en emploi (5 %). Malgré tout, le salariat en emploi à durée indéterminée est la forme d’emploi la plus répandue parmi les ouvriers (78 %), tout particulièrement parmi les chauffeurs (90 %) et les ouvriers qualifiés de type industriel (85 %) ou artisanal (83 %).

Les ouvriers non qualifiés de type artisanal se singularisent par une part élevée de l’apprentissage, des stages et des contrats aidés alors que les ouvriers agricoles se distinguent par une part relativement élevée d’emplois à durée déterminée ou missions d’intérim de plus de trois mois.

Enfin, par rapport à l’ensemble des personnes en emploi, les ouvriers sont moins souvent à temps partiel (12 % contre 18 %), ils pratiquent plus souvent le travail de nuit mais beaucoup moins le travail le week-end.


Source