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L’opinion des séniors sur leur fin de parcours professionnel

mercredi 17 mai 2023

Comment les séniors apprécient-ils leur parcours professionnel et leur fin de carrière ? Pour avoir quelques éclaircissements sur cette question, l’association Solidarités face au chômage (SNC) a interrogé 760 demandeurs d’emploi de plus de 50 ans, la majorité en chômage long (60 % d’1 an à plus de 5 ans). Or leurs réponses détruisent bien des préjugés à l’origine de la discrimination des séniors dans l’emploi. Que disent-Ils ?

Des fins de parcours décevantes

Les répondants estiment que leur reconnaissance au travail a diminué avec l’âge, et 1/3 d’entre eux a eu sa dernière promotion avant 40 ans, alors qu’ils pensaient avoir encore des perspectives de carrière. C’est le cas particulièrement des cadres, alors qu’ils se voient comme pouvant exercer des missions d’expertise, de transmission, de mentorat.

D’autre part, pour 94 % d’entre eux aucun aménagement de poste ou d’organisation du travail ne leur a été proposé, alors que la moitié d’entre eux ressentaient une pénibilité morale, une pression et qu’1/4 a eu le sentiment d’une mise à l’écart. Les ouvriers et employés auraient souhaité un aménagement de poste de travail, un changement vers des postes moins pénibles, ou une transition vers la retraite par un passage à temps partiel.

Évidemment, la période de chômage a en plus des effets négatifs sur leur mode vie, par la baisse de leurs revenus, et des effets sur leur santé par cette impression de mise au rencart et d’inutilité. Et les conséquences ne risquent pas de diminuer vu la mise en place, depuis le 1er février, du dernier volet de la réforme de l’assurance chômage, qui raccourcit la durée d’indemnisation de 25 %, et du recul de l’âge de la retraite avec la réforme des retraites, les 2 risquant de rallonger la phase ni en emploi ni en retraite, …ni indemnité.

Pourtant, une adaptabilité importante

Plus leur chômage dure, plus ils ont besoin d’un accompagnement pour sortir de cette succession de jours passés entre rédaction de lettres de candidatures et réponses négatives (sans parler des absences de réponse…). Alors qu’ils se sentent prêts à s’adapter et que, d’ailleurs, au long de leur parcours professionnel ils ont dû et su faire face à de nombreux changements dans le travail et dans leurs emplois.

Ils connaissent les freins à leur embauche : ils sont considérés comme TROP. Trop chers, trop expérimentés, trop de compétences dans le cas des cadres. Une santé trop fragile, pour les ouvriers et employés. Les clichés sur les séniors sont nombreux dans la tête de recruteurs souvent bien plus jeunes…

Ainsi, un sur deux accepterait un blocage de son salaire jusqu’à la retraite pour rester dans un emploi, et même 67 % accepteraient un emploi moins rémunéré. 60 % envisagent une reconversion. Plus de 40 % accepteraient même de changer de localisation géographique, leurs enfants étant grands.

Comment améliorer la situation ?

Pour les répondants, il s’agit nécessairement d’une lutte contre les préjugés des employeurs pour faire changer le regard sur les séniors, la richesse de leur expérience, leur adaptabilité, etc. et aussi d’une intervention des pouvoirs publics (84 %), par exemple par une obligation de taux d’emploi de séniors dans les entreprises (79 %).

Le SNC y ajoute la proposition d’action pour développer les compétences en management afin que soit développés la pratique de recrutements non discriminants, l’entretien de l’employabilité des séniors, l’aménagement des postes de travail et le management de la diversité (âges, capacités de travail, compétences…). Il propose aussi de créer des indicateurs spécifiques dans le bilan social, une meilleure accessibilité de la retraite progressive, la création d’un contrat de travail avec aide aux employeurs, le développement du mécénat de compétences : certaines de ces propositions rappellent une loi récente où elles ont été invalidées pour cause d’erreur de support !



Justement, après la promulgation de la réforme des retraites, le traitement de la question de l’emploi des séniors, de l’évolution du management afin de valoriser les compétences et l’expérience des séniors, d’aménager les postes de travail, de concevoir des méthodes de travail avec des équipes d’âges et d’origines différents s’impose encore davantage si l’on ne veut pas que cette réforme renforce la période « no man’s land » si fréquente entre emploi et accès à la retraite.

L’enquête

Réalisée de janvier à mars 2023, elle a reçu 760 réponses de séniors de plus de 50 ans au chômage. Elle ne prétend pas être un échantillon représentatif en raison d’une présence plus forte de femmes et de cadres que dans cette tranche d’actifs mais elle donne une image neuve des séniors.


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