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Grande démission ou recherche d’un meilleur emploi ?

samedi 24 septembre 2022

Un concept à la mode, importé une fois encore des USA, est celui de la « grande démission ». Dans ce pays, de nombreux salariés ont démissionné, un taux de 3 % des salariés en décembre 2021. Ce syndrome s’est-il étendu à la France ? Quel en est le rapport avec les difficultés de recrutement ? Quels changements cela induit-Il ? Ce sont les principales questions qui nécessitent des pistes de réponses.

De nombreuses démissions, mais pas les plus fortes connues

Au 4ème trimestre 2021 et au 1er trimestre 2022, les démissions ont atteint le chiffre de 520 000, dont environ 470 000 CDI. Ces chiffres sont plus élevés qu’avant le covid (4ème trimestre 2019 : 441 000 démissions dont 390 000 CDI).

Si ces chiffres de 2021-22 sont les plus élevés jamais rencontrés, il faut les relativiser par rapport au nombre de salariés, lui aussi en progression. Le taux de démission est ainsi de 2,7 % des salariés. C’est moins qu’en 2001, ou que début 2008, avant la grande crise financière, quand les 509 000 démissions (dont 400 000 CDI) représentaient 2,9 % des salariés.

Beaucoup de ces démissions concernent des salariés de petites entreprises. Le taux dans les entreprises de plus de 50 salariés n’est que de 2,1 % au 1er trimestre 2021, un des plus élevés des 30 dernières années mais moins fort qu’en 2001 (2,3 %).

Pour la Dares, les statistiques de long terme montrent que les démissions sont moins nombreuses en période de crise, et c’est vérifié en 2020, et réaugmentent en période de reprise et ce d’autant plus vivement qu’elle est rapide : c’est le cas en 2021. De plus ces démissions ne sont pas des retraits du marché du travail car le taux d’emploi en France, avec 68 % au 1er trimestre 2022, n’a jamais été aussi élevé et progresse pour toutes les tranches d’âge, particulièrement pour les jeunes.

Difficultés de recrutement et opportunités pour les salariés

On a vu que la période de pandémie a amené de nombreux salariés, en première ligne, en chômage partiel ou en télétravail, à s’interroger sur la qualité, le sens et l’intérêt de leur emploi. On a là une des explications des nombreuses démissions postérieures. Les difficultés de trouver des salariés aux compétences correspondant aux emplois libres en sont une autre. Ce contexte crée des opportunités pour les salariés en poste ou démissionnaires. On voit d’ailleurs que le retour à l’emploi des démissionnaires est rapide en France : dans les 6 mois pour 8 sur 10.

Cette situation donne des capacités meilleures de négociation de leur recrutement pour de nombreux salariés, selon la Dares. Ils sont plus exigeants sur les salaires d’embauche, les conditions et organisation du travail, dont la possibilité de télétravail, sur les formes de contrats de travail, les entreprises offrant 18,5 % de plus de CDI qu’au 4ème trimestre 2019. Les jeunes y ajoutent des attentes en termes de perspectives de carrière, de relations humaines plus riches. Ce dont une partie d’entreprises commencent à tenir compte.

Pour le juriste Jean-Emmanuel Ray, ce slogan de grande démission met en cause « la subordination juridique permanente » que vivent les salariés depuis le XIXème siècle.
Pour l’économiste Gilbert Cette « le rapport de force sur le marché du travail s’est inversé ». Si ces conclusions semblent un peu en avance sur la réalité, il sera important d’observer de près les évolutions du travail et des conditions des travailleurs. D’autre part, Il faudra surveiller si ces tendances se confirment, en raison du ralentissement craint de la croissance en raison de la guerre en Ukraine, du coût de l’énergie et des désorganisations du commerce international.


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