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Des tensions sur le marché du travail ? aller plus loin que les affirmations

mercredi 6 avril 2022

Alors que la campagne électorale bat son plein avec des propositions sur les chômeurs et les allocataires du RSA, qui frisent parfois la stigmatisation comme en rend bien compte le Livre blanc pour les Paroles de chômeurs, revenons vers les études sur la réalité des tensions sur le marché du travail. À rebours de nombreuses affirmations politiques et patronales, si le nombre d’emplois vacants en France est en progression de près de 50 % sur une année, il reste cependant très inférieur au nombre de demandeurs d’emploi. Pour les chômeurs de catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité, il y a aujourd’hui un poste vacant pour treize chômeurs. Pôle emploi comme l’Unedic et la Dares relativisent les conséquences des tensions de recrutement.

C’est quoi un emploi vacant ?

Les emplois dits « vacants », ou « postes à pourvoir » sont des postes libres, nouvellement créés ou inoccupés, ou encore occupés et sur le point de se libérer, pour lesquels des démarches actives sont entreprises pour trouver le candidat convenable. Le recrutement souhaité peut correspondre à un contrat à durée indéterminée (CDI), un contrat à durée déterminée (CDD), ou à un emploi saisonnier, même de courte durée. La Dares totalise 350 900 emplois vacants au 4ème trimestre 2021. Ce nombre augmente de 22 % par rapport au 3ème trimestre 2021. La hausse est particulièrement marquée dans les secteurs de la construction (+28 %), de l’industrie (+25 %) et le tertiaire marchand (+23 %) ; elle atteint +13 % dans le tertiaire non marchand.

La vérité des chiffres de Pôle emploi

Pôle emploi nous apprend qu’entre 255 000 et 390 000 recrutements ont été abandonnés en 2021 faute de candidats adéquats. Cette fourchette est en légère hausse par rapport à 2018, mais elle reste modeste pour l’opérateur public. Pôle emploi ne nie pas le regain de tensions dont font état les entreprises. Des causes diverses jouent et dans certains secteurs ou entreprises elles se conjuguent avec la reprise des embauches depuis le printemps 2021. Cela étant, l’opérateur public alerte sur la différence entre perception et conséquences pour le marché du travail.

9 millions de recrutements en 2021 et près de 400 000 abandons

L’étude indique que sur les 9 millions de recrutements de plus d’un mois en 2021 (sur 44 millions d’embauches au total), entre 255 000 et 390 000 ont été abandonnés faute de candidats adéquats. L’opérateur public rappelle qu’en 2018, l’étude précédente avait fait ressortir une fourchette de 210 000 à 350 000, alimentant le chiffre de 300 000 emplois vacants qui circule depuis.

Les abandons pour 2021 représentent en fait de 1 à 1,6 % de l’emploi salarié total. Même si nous savons que certains secteurs, comme la construction, sont plus concernés que d’autres, l’industrie par exemple. Il est aussi utile de noter que les entreprises de moins de 10 salariés sont plus concernées que les autres.

D’autres enseignements

L’étude de Pôle emploi révèle des changements de comportement. Ainsi le délai séparant le début de la recherche de la signature du contrat s’est raccourci et les attitudes des entreprises sont en train de changer pour le meilleur. 2/3 de celles passées par Pôle emploi ont élargi leur recherche à des profils de candidats différents sans être focalisées sur la formation et les diplômes. Un tiers a augmenté la rémunération proposée, un tiers aussi a proposé de meilleures conditions de travail. Un progrès qu’il faut aussi mettre en relation avec les négociations de branche sur le pouvoir d’achat.

En conclusion

Le nombre d’emplois vacants reste marginal au regard du nombre d’emplois pourvus dans notre pays (26,8 millions). Dans une Note du CAE, François Fontaine et Roland Rathelot estiment que les emplois vacants ne naissent pas de l’inadéquation entre l’offre et la demande de travail en termes de métiers ou de localisation, mais des problèmes d’information qui rendent les processus de recrutement longs et coûteux. Ils préconisent des politiques plus systématiques d’aide au recrutement à destination des petites et moyennes entreprises. On est bien loin des accusations péremptoires sur « l’assistanat » !


Sources