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Débuter dans la fonction publique, l’empreinte de la précarité

mercredi 8 décembre 2021

Le CEREQ dans sa dernière publication s’intéresse aux débuts de vie active dans la fonction publique. Des parcours diversifiés pour les jeunes concernés mais marqués par l’empreinte de la précarité (80 % de CDD…) et aussi par la précocité de leur entrée dans la carrière. 27 % des jeunes de la génération 2010 ont débuté une carrière dans la fonction publique à la sortie de leurs études.

Les enquêtes Générations du CEREQ

Elles se révèlent un outil précieux pour tous ceux qui s’intéressent aux questions d’insertion dans l’emploi. Car elles permettent de retracer les itinéraires professionnels de l’ensemble des jeunes (du non-diplômé au titulaire d’un doctorat) ayant quitté le système éducatif une même année. L’étude présentée s’intéresse aux données de l’enquête 2017 auprès de la Génération 2010.

L’étude permet d’isoler, parmi les 658 000 jeunes ayant occupé au moins un emploi au cours de leurs sept premières années de vie active, les 27 % qui ont vécu une expérience dans le secteur de la fonction publique. Pour la moitié de ces 27%, l’emploi public aura prédominé au cours de ces sept premières années. Et, plus de la moitié d’entre eux (55 %) ont occupé cet emploi dès leur première année sur le marché du travail, alors que seuls 7 % l’ont obtenu après cinq ans. Une entrée précoce donc. Leurs déclarations permettent de connaitre leur secteur d’activité, leur profession, leur contrat…

Un secteur qui pèse lourd

La fonction publique employait en 2019 plus de 5,6 millions de salariés, soit l’équivalent d’un emploi sur cinq en France. Les moins de 30 ans y représentaient 14 % des agents. La situation de l’emploi est de plus en plus caractérisée par une modification des formes d’emplois, combinant emplois statutaires et contractuels. Et, malgré des plans successifs de résorption de la précarité via des dispositifs de titularisation, un agent sur cinq est aujourd’hui contractuel et dans la majorité des cas en CDD. Les jeunes issus du système scolaire et universitaire alimentent au premier chef les entrées dans le secteur et subissent donc la précarité.

Une première expérience à 80 % en CDD

Les données de l’enquête permettent donc de retracer les trajectoires professionnelles. La première expérience dans le secteur est à 80 % en contrat à durée déterminée, devenu la norme des premières embauches, comme dans le privé. Il s’agit d’une pratique commune d’usage de CDD mais son intensité est variable en fonction des 3 versants de la fonction publique. De fait, la fonction publique d’État recrute plus de diplômés du supérieur et leur stabilisation est plus rapide. La fonction publique hospitalière privilégie les CDI alors que dans la fonction publique territoriale, avec davantage d’emplois moins qualifiés, les CDD restent dominants.

Mais, de manière générale, le recours aux contrats temporaires est plus massif dans la fonction publique que dans le secteur privé. En effet, 79 % des jeunes sont embauchés en contrat temporaire dans la fonction publique, contre 64 % de ceux ayant débuté leur parcours dans le secteur privé ; 14 % intègrent directement le statut de fonctionnaire et 7 % débutent avec un CDI.

La situation particulière des diplômés du supérieur

L’enquête nous apprend que les diplômés du supérieur sont proportionnellement plus nombreux à démarrer leur vie professionnelle dans la fonction publique. Ils sont 20 % dans ce cas, soit 11 points de plus que les jeunes peu ou pas diplômés. Il faut s’interroger sur cet écart. Plusieurs explications sont avancées par les auteurs. Une sélectivité plus sévère, une concurrence accrue, des prérequis en matière de diplôme plus forts que dans le secteur privé, comme dans la FPH par exemple avec des diplômes et donc des emplois règlementés. Cela étant posé, les alertes actuelles sur les difficultés de recrutement dans certaines filières comme les enseignants en mathématiques doivent alerter.

Et les salaires ?

Au terme des sept années de vie professionnelle, les salaires et les statuts observés montrent des conditions assez inégales selon le parcours réalisé ou le secteur occupé. Les jeunes qui travaillent dans la fonction publique sont moins souvent stabilisés que leurs homologues qui exercent dans le privé sans expérience antérieure dans le public. En revanche, le clivage entre fonction publique et secteur privé se traduit par des rémunérations en moyenne supérieures dans le public, avec une grande différence pour les employés/ouvriers et les cadres, moins favorisés dans le public.

En conclusion, les auteurs alertent sur cet horizon de la stabilité qui a tendance à s’éloigner. Ils estiment que ce constat interroge l’attractivité de la fonction publique. Ils mettent en avant les besoins de recrutement auxquels le secteur va devoir faire face très vite et le défi de sa modernisation actuelle et à venir.


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