samedi 20 juin 2020
La DARES en 2016 a enquêté sur les métiers du nettoyage. 8 % de l’ensemble des salariés de France métropolitaine sont peu diplômés. Ce sont en majorité des femmes ou des immigrés, ils exercent le plus souvent à temps partiel. Rarement choisis, ces métiers apparaissent comme une porte sur l’emploi. Malgré des temps de travail très fragmentés, les employés auprès des particuliers, et particulièrement ceux qui effectuent des tâches « d’aide », apparaissent davantage satisfaits de leur activité professionnelle (51 %) que l’ensemble des salariés du nettoyage (42 %). Ainsi, avec les agents de service hospitaliers, les aides à domicile ont plus souvent le sentiment d’être utiles dans leur travail.
Des métiers de repli : seulement 17 % des salariés du nettoyage déclarent qu’ils seraient heureux que leurs enfants s’engagent dans la même activité professionnelle qu’eux. C’est deux fois moins que l’ensemble des salariés. Les salariés du nettoyage qui le déclarent travaillent davantage dans le secteur public, sont plus souvent des hommes, des agents de service, et notamment des agents de service hospitaliers du public. Les emplois du nettoyage semblent rarement choisis par ceux qui les occupent, mais apparaissent plutôt comme une solution de repli qui intervient souvent après un épisode de non-emploi.
Des métiers que l’on ne fait pas à la fin des études : peu de personnes s’orientent vers les métiers du nettoyage à la fin de leurs études. À la différence des autres salariés non qualifiés, la part des métiers du nettoyage augmente avec l’éloignement de la fin des études :
Des emplois très féminisés : les femmes occupent huit emplois du nettoyage sur dix. Les aides à domicile et les employés de maison sont même quasi exclusivement des femmes.
Les personnes qui exercent un métier du nettoyage sont aussi plus âgées que les salariés non qualifiés : près de la moitié ont 50 ans ou plus, contre seulement un quart des non-qualifiés hors nettoyage ;
44 % de non-diplômés et 20 % d’immigrés : à l’opposé, près d’un cinquième des salariés du nettoyage ont le baccalauréat ou un niveau de diplôme supérieur ; les agents de service des établissements d’enseignement sont les plus diplômés. Enfin, les emplois du nettoyage, qui recrutent plus facilement, sont depuis longtemps ouverts aux personnes immigrées.
Des conditions de travail difficiles. Neuf salariés sur dix sont exposés aux risques physiques. 71 % des salariés du nettoyage sont exposés au travail répétitif, 61 % au risque chimique et 52 % aux postures pénibles. Au total, neuf salariés du nettoyage sur dix, comme pour l’ensemble des non-qualifiés, sont exposés à au moins un risque physique.
Les salariés du nettoyage sont davantage confrontés aux mauvaises odeurs, à la saleté et aux risques infectieux que l’ensemble des non-qualifiés. Les salariés du nettoyage en entreprise sont les plus exposés. Certains métiers sont exposés à des risques plus spécifiques : les agents de service (hors hospitaliers) et les salariés en entreprise sont plus exposés aux bruits ou aux vibrations, tandis que les agents de service hospitaliers sont davantage concernés par la manutention manuelle de charges lourdes, les mauvaises odeurs et les risques infectieux. Après les infirmiers ou sages-femmes et aides-soignants, les aides à domicile et aides ménagers sont les premiers métiers exposés aux agents biologiques en 2010.
L’exposition globale à ces risques n’a pas significativement évolué depuis une dizaine d’années, mais les salariés du nettoyage, comme les autres salariés non qualifiés, sont davantage exposés au travail répétitif en 2016 qu’en 2005. Leur exposition aux mauvaises odeurs, à la saleté et aux risques infectieux s’est également accrue. En revanche, les métiers de la propreté se caractérisent par des expositions désormais plus importantes aux risques chimiques et un peu moindres à la manutention de charges lourdes. Ces risques physiques se concrétisent par l’expression plus fréquente de douleurs chez les salariés du nettoyage que chez l’ensemble des salariés, y compris à âge comparable : un peu plus de trois quarts des salariés du nettoyage ont ressenti des douleurs au cours des 12 derniers mois, contre un peu moins de deux tiers pour l’ensemble des salariés. Le mal de dos est la douleur la plus fréquemment citée (presque trois fois sur quatre), en particulier parmi les aides à domicile.
Un sentiment d’ignorance des autres salariés : le manque de reconnaissance est aussi caractéristique des métiers du nettoyage. La tâche des agents de la propreté peut être dévalorisée, considérée comme secondaire par les autres salariés. Cela peut s’exprimer par un sentiment d’invisibilité : 29 % des salariés du nettoyage en entreprise se sentent ignorés au cours de leur activité professionnelle, soit deux fois plus que l’ensemble des personnes qui ont un emploi non qualifié.
Les salariés du nettoyage bénéficient toutefois d’une relative autonomie, comparativement aux autres salariés non qualifiés.72 % des salariés du nettoyage déclarent toujours ou souvent travailler seuls, contre 59 % des non-qualifiés et 55 % de l’ensemble des salariés ; les employés de maison sont les salariés du nettoyage qui bénéficient le plus de cette autonomie dans le travail. Cet avantage comparatif tend toutefois à se réduire un peu en dix ans, notamment pour les aides à domicile.
Une certaine satisfaction dans les métiers d’« aide » : la fierté du travail bien fait (78 %). La dimension d’« aide » attachée à ces métiers ainsi que la relation de confiance instaurée avec l’usager pourraient expliquer une plus grande satisfaction de leur travail.
Un emploi professionnel fragmenté et des temps de repos réduits, alliant temps partiel, morcellement de l’activité professionnelle, horaires atypiques et pluriactivité. Plus de la moitié des postes principaux sont occupés à temps partiel avec un morcellement du temps de travail.
Les employés d’étage et les concierges travaillent davantage le week-end. Les agents de service hospitaliers et les ouvriers non qualifiés de l’assainissement et du traitement des déchets sont environ 1,8 fois plus nombreux à travailler le soir et/ou la nuit que l’ensemble des salariés du nettoyage. Les employés d’étage et les concierges travaillent 1,6 fois plus souvent le samedi et/ou le dimanche.
Peu de perspectives d’évolution professionnelle : la fragmentation des temps de travail dans les métiers du nettoyage s’accompagne de faibles perspectives d’avenir : la part des emplois les plus stables diminue, l’accès à des formations qualifiantes est peu répandu. Toujours peu d’intérimaires mais des emplois stables en baisse.
Pendant le Covid-19, certains professionnels sur « le front », dont ceux du nettoyage, sont apparus essentiels dans la vie au quotidien. Reconnus par le gouvernement, certains professionnels comme les soignants, les étudiants en médecine, le personnel des EHPAD qui se sont mobilisés face à l’épidémie toucheront une prime défiscalisée. À aucun moment, il n’a été évoqué le personnel d’« aide » : aides-soignants, aides-ménagères, aides à domicile ; ni même les salariés du nettoyage.
Références