1. Accueil
  2. > Conditions d’emploi
  3. > Egalité professionnelle
  4. > Taux d’emploi des femmes : cherchez la situation de couple !

Taux d’emploi des femmes : cherchez la situation de couple !

mercredi 5 octobre 2016

La Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du travail publie deux études qui portent sur le taux d’emploi des femmes et le lien avec leur situation de couple au fil des générations. L’originalité d’une de ces études est de reconstituer les carrières individuelles des femmes et des hommes nés entre 1935 et 1984, ce qui permet à la fois de décrire les évolutions au fil des générations et de caractériser des parcours types pour les femmes. Une attention particulière est accordée au temps partiel. La direction note la situation opposée des femmes et des hommes. Leurs comportements d’activité lient vie professionnelle et vie familiale, et affectent leur progression sur le marché du travail.

Le développement du temps partiel accompagne la progression du taux d’activité des femmes

Ce phénomène se constate depuis les années 1960. Si ces taux d’activité et d’emploi se rapprochent de ceux des hommes, de génération en génération, les différences en matière de temps partiel persistent et restent importantes selon les auteurs.

L’emploi à temps partiel s’est beaucoup développé ces 30 dernières années, passant d’un dixième des emplois au milieu des années 1980 à près d’un cinquième en 2014. Les travailleurs les plus concernés sont les femmes. En 1975, 8 % des emplois étaient à temps partiel. Cette part a augmenté pour dépasser 10 % au milieu des années 1980 et atteindre environ 20 % en 2014. Cette année-là, 31 % des femmes avaient un emploi à temps partiel, contre 8 % des hommes.

Le lien avec la situation de couple
Mais, la Dares souligne que « les taux de temps partiels des femmes en couple sont supérieurs à ceux de l’ensemble des femmes, quasiment à tous les âges et pour toutes les générations », ajoutant que « pour les femmes, plus longue est la durée passée en couple, plus grande est la distance à l’emploi à temps complet ».

Les femmes ayant des enfants et étant peu diplômées sont plus touchées par le temps partiel

Parmi les femmes, les plus concernées sont les mères d’au moins trois enfants, même si la part du temps partiel dans l’emploi des mères de deux enfants croît nettement à partir des générations nées dans les années 1940 et s’approche de celle des mères de trois enfants pour celles nées au tournant des années 1960.

Par rapport aux autres femmes, celles à temps partiel sont aussi plutôt moins diplômées que les autres, travaillent davantage en contrat court et plus souvent dans le secteur tertiaire.

L’étude révèle également que les taux de temps partiel des femmes augmentent avec l’âge à partir de 25 ans alors que pour les hommes, les taux de temps partiel restent relativement faibles quels que soient l’âge et la génération étudiée, hormis pour les générations les plus récentes pour lesquelles l’emploi à temps partiel est plus fréquent à 20 ans.

À 45 ans, les femmes vivent plus souvent en milieu rural et ont plus souvent connu un déménagement pour raison professionnelle. Qu’elles aient occupé ou non un emploi à temps partiel, les femmes aux parcours relativement instables ont aussi plus souvent vécu des déménagements pour des raisons non professionnelles, comme suivre leur conjoint.

Temps partiel subi ou temps partiel choisi ?

Les études soulignent « le rôle ambigu du temps partiel dans le rapport à l’emploi ». Certes, il peut constituer une alternative à l’inactivité ou au chômage. Il peut aussi classiquement représenter un moyen de mieux concilier la vie professionnelle et la vie familiale. Néanmoins, dans ce dernier cas, il n’est pas forcément choisi quand ce sont les conditions particulières d’emploi qui ne permettent pas une conciliation facile de la vie professionnelle et de la vie familiale.

Les études soulignent également le lien entre le temps partiel contraint et la précarité de la situation d’emploi. Ce sont les personnes en situation d’emploi précaire qui sont les plus susceptibles d’être contraintes à occuper un emploi à temps partiel et, en même temps, une faible quotité de travail à temps partiel peut réduire les perspectives d’accès à un emploi stable à temps complet.

Des recommandations en matière de politique publique

Pour les auteurs de ces études, les politiques publiques sont interrogées. Au regard de l’acquisition de droits sociaux, notamment en matière de retraite, les droits accordés aux travailleurs à temps partiel restent inférieurs à ceux acquis en cas d’emploi à temps complet. Soulignant le lien entre la dimension familiale et l’offre de travail des femmes, les politiques publiques devraient viser à une meilleure articulation des vies professionnelle et familiale, « en facilitant l’accès à des modes de garde en milieu rural par exemple ».

De plus, en cas de mise en place de mesures d’incitation des employeurs à recourir au temps partiel, ces mesures devraient être « calibrées de façon à concerner des emplois stables et des travailleurs suffisamment qualifiés pour qu’ils puissent rester libres de leur choix d’activité ». Sinon, le risque serait l’« enfermement des salariés les moins qualifiés dans le sous-emploi ».


Sources